Atsumu n'avait pas répondu.
Mahiru avait attendu pendant des heures, le cœur battant d'angoisse, que son téléphone s'illumine à l'arrivée d'un nouveau message mais rien ne lui était revenu. Ni un petit mot pour accepter la proposition, ni un simple emoji qui en accusait réception – seul le silence étourdissant d'une conversation que l'on tient avec soi-même quand nul autre ne veut bien le faire. Elle avait quand même préparé un second bento pour le volleyeur, tant pour s'occuper les pensées à force d'attendre, que dans l'espoir un peu naïf de trouver une réponse positive sur son téléphone le lendemain matin. Or lorsqu'elle alluma son téléphone au réveil et n'y trouva aucun message de la part de son trouble-cœur, la reporter comprit sans illusion qu'Atsumu ne lui répondrait probablement pas.
Aussi la surprise ne fut que plus grande à son arrivée au lycée, où la première chose qui attira son regard dans l'océan de têtes brunes et d'ébène du vestibule, fut la silhouette élancée de ce dernier postée pile à côté de son casier. Il était inratable avec sa tignasse dorée qui concurrençait le soleil, sa haute stature de volleyeur surpassant tout le reste, et sa posture nonchalante au regard de l'ordre typiquement japonais. Même s'il n'avait pas été au cœur de ses pensées tout au long de la soirée précédente, même si le repas qui lui était destiné n'avait pas pesé aussi lourd entre ses bras que sa culpabilité à son égard, même si ça n'avait pas été aussi évident que c'était elle qu'Atsumu attendait, il aurait été impossible pour Mahiru de ne pas le remarquer. Cette dernière se trouva d'ailleurs un court instant tétanisée en l'apercevant, le cœur déjà en chamade à l'idée de ce qu'ils pourraient bien se dire après les événements de la veille, avant de se décider à avancer à pas comptés dans sa direction.
— Salut, lâcha-t-elle d'une voix qui se voulait détachée en arrivant à son niveau.
Atsumu leva brutalement le nez de son smartphone au son de sa voix et, en la reconnaissant, se redressa de la colonne de casiers sur laquelle il était adossé jusqu'alors pour se tourner entièrement vers elle. Si quelques flammèches lui picotèrent les joues à l'idée de savoir son attention centrée sur sa personne, la brunette se ressaisit bien vite en se rappelant son message de la veille resté sans réponse. Ça ne l'intéressait pas le moins du monde, ni lui ni les autres n'en avaient quelque chose à faire. Tout à coup, elle regrettait de l'avoir salué, de ne pas l'avoir ignoré ainsi qu'il l'avait fait la veille au soir – et elle s'apprêta à corriger cette erreur en faisant fi de lui et de son regard insoutenable sur elle, quand le blond prit la parole.
— Qu'est-ce que t'as mis dans le bento ?
Sa main s'immobilisa au-dessus des livres qu'elle s'apprêtait à sortir de son casier, et Mahiru dut se mordre l'intérieur de la joue comme un éclat de colère lui fouettait déjà les nerfs à cette question. Tiens, tout à coup sa proposition l'intéressait ? Il se payait sa tête, n'est-ce pas ? Tout en cherchant après son manuel de japonais moderne, elle articula d'une voix prudente :
— Je pensais que tu n'en voulais pas.
— Bah un peu quand même, rétorqua-t-il dans un gloussement non retenu qui lui électrifia la peau. Personne crache sur de la bouffe gratuite.
Elle soupira, comme en plus d'attiser son agacement, ses mots en appelaient d'autres dans son esprit – des mots guère faciles à prononcer. Car en l'absence de réponse de sa part, comprenant que ça ne l'intéressait pas, la reporter avait décidé à la dernière minute de transférer un maximum de nourriture dans son propre bento pour éviter le gaspillage, et de laisser le second à la maison afin de ne pas s'encombrer. Sans nul doute un jugement hâtif, mais qui se devait d'être fait. Or comment le lui annoncer sans trop faire d'étincelles ?
Les pensées focalisées autour de cette question, la brunette referma lentement son casier pour faire face à Atsumu, qui s'appuyait nonchalamment contre une colonne d'autre compartiments pour la contempler avec arrogance – sans une seconde se soucier du fait qu'il gênait l'accès aux casiers pour d'autres élèves. Et qu'importe combien son cœur s'affolait à cette vue, il fallait bien admettre que son comportement ne jouait pas en sa faveur.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanfictionMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...