Kinako n'avait pas répondu tout de suite au message de Mahiru, la laissant l'espace d'une longue soirée seule face à ses émois qu'il devenait de plus en plus difficile d'ignorer, de réprimer. La reporter savait sa meilleure amie occupée, entre ses devoirs, son poste de responsable du club journal et ses cours du soir ; aussi elle n'avait pas insisté. À la place, elle s'était contenté d'attendre, de prendre son mal patience alors que ça n'était certainement pas sa plus grande qualité – et une part d'elle soupçonnait la peur du diagnostique de l'aider à mieux supporter l'attente – jusqu'à ce que la lumière de son téléphone portable finisse par déchirer la pénombre de sa chambre. Et les yeux rouges et plissés de fatigue, la brunette n'avait eu que le temps de lire sa réponse tapée à la va-vite, sa proposition d'en parler plus en profondeur au club le lendemain, avant de s'abandonner aux bras de Morphée sans plus attendre.
Pour autant, ça ne chassa nullement l'angoisse qui lui ravageait les pensées, et ce depuis qu'elle avait envoyé son message, aussi discrètement que possible lors du cours de Hiraoka-sensei. À vrai dire, ça la hanta un peu plus au fil des heures, comme un boulet qu'il lui fallait supporter à chaque instant et qui donnait l'impression de grossir à force d'être contenu, à force d'être au centre de son attention. Et la vue constante du volleyeur ne l'aida pas à prendre du recul le jour suivant, qu'importe combien il la laissa tranquille. L'auréole de ses cheveux blonds fit miroiter dans ses éclats dorés de troublants souvenirs – le taiyaki au coin d'un pupitre, la maladresse de ses attentions pourtant spontanées et puis cette vue sur un océan d'étoiles depuis le sommet du monde – pour mieux la noyer dans un énième maelström de frissons.
Aussi Mahiru se trouva un brin soulagée, non sans raison, que les cours de l'après-midi ne soient pas mixtes – cuisine pour les filles, ateliers manuels pour les garçons. Si d'ordinaire une part d'elle s'offusquait de cette séparation traditionaliste dans son curriculum, quand bien même elle était bien meilleure cuisinière que bricoleuse, l'adolescente devait bien reconnaître que ça l'arrangeait un peu de ne plus voir le minois d'Atsumu constamment dans son champ de vision. Et c'est un peu plus sereine qu'elle s'était attelée à la réalisation de ses yakitori, de sorte à finir la journée sur une note positive au possible.
Ce fut sans compter le magicien du destin, qui avait plus d'un tour dans son sac. Car au moment même où la lycéenne se débarrassait de son tablier de cuisine, quelques minutes après la sonnerie de fin de cours, son téléphone vibra dans la poche de sa jupe. Non sans un geste de la main à l'intention de ses camarades de classe sur le départ, et pensant que c'était un message de Kinako qui lui annonçait être déjà dans le local du club, Mahiru prit le temps de rassembler toutes ses affaires et de ranger son matériel, avant d'enfin déverrouiller son smartphone pour consulter ledit message :
« Ramène-toi au gymnase n°3, j'ai un truc à te donner »
Et son cœur de s'affoler un peu. En dépit du numéro inconnu et de l'absence de signature, il était impossible de ne pas en deviner l'expéditeur. Pas avec ce ton arrogant et autoritaire qui ne pouvait appartenir qu'à une seule personne de son entourage. Elle fronça les sourcils sans pour autant se détourner de son écran, quand bien même ses pas la menaient aux escaliers. Le semblant de sérénité qu'elle avait réussi à accumuler dans l'après-midi s'évapora aussitôt dans l'air, tandis qu'un curieux mélange d'agacement, de lassitude et de nervosité lui assaillait soudain les nerfs – en même temps que quelques questions.
Que lui voulait donc Atsumu ? Où avait-il bien pu obtenir son numéro de téléphone ? Et pensait-il vraiment que son message la ferait accourir vers lui dès qu'elle le recevrait, au lieu de lui mettre le vent de sa vie ? À croire que le volleyeur lisait dans son esprit, au moment même où cette dernière pensée subsistait dans son esprit, délicieusement tentante, il envoya un deuxième message :
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanfictionMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...