— Oh, j'y crois pas, mais quel couillon !
L'insulte rebondit sur les murs de la petite cuisine des Nomura avec une fluidité presque insolente. Même les volutes de fumées qui s'échappaient par intermittence de la bouilloire tremblotèrent à l'exclamation de Kinako. Mahiru grimaça une seconde, pas tout à fait sûre de savoir si c'était la force de sa voix ou bien l'insulte qui l'avaient dérangée, avant de ne pas s'en formaliser outre mesure. De toute façon, le sujet de leur conversation ne s'embêtait pas avec elle, donc la reporter n'avait aucune raison de s'embêter pour lui – au-delà de cette conversation avec sa meilleure amie, tout du moins.
Car comme convenu le midi même, les deux adolescentes s'étaient retrouvées à la fin des cours pour rentrer ensemble. Bien sûr, avant qu'elle ne sorte de la classe pour se précipiter vers le hall où elles s'étaient donné rendez-vous, Mahiru avait dû affronter le visage d'un Atsumu plus que contrarié par son comportement. Il avait encore insisté, tenté avec une taquinerie à l'humour douteux d'attirer son attention et de la pousser à lui parler, réussissant dans ce simple geste à faire trembler son cœur. Cependant, fidèle à sa décision de l'ignorer pour mieux gérer sa douleur, elle s'était bien vite ressaisie dans un soupir pour mieux s'enfuir sans un seul mot pour le volleyeur.
Par conséquent ça n'avait été que plus facile, après ce très bref échange, de se confier à Kinako. Elle ne s'était pas fait prier pour sécher le club – de toute façon, avec le dernier numéro du journal sorti la veille, elles étaient libres de vaquer à leurs propres occupations – et heureusement, d'ailleurs. Car c'est sur le chemin du retour que la reporter avait tout déballé à sa sœur de cœur, incapable de tout garder pour elle une minute de plus. Et les vannes ayant été ouvertes, tout avait bien vite suivi : la une de l'Inarizaki Today qui avait fait le tour du lycée, ses inquiétudes quant à Atsumu, la discussion que le volleyeur avait eue avec ses amis, et surtout les mots dévastateurs qu'il avait eus à son propos.
— Il l'a vraiment dit devant tout le monde en plus, ce chien, continua de maugréer sa meilleure amie.
— Pas vraiment devant tout le monde, s'empressa-t-elle de corriger pour un peu plus de justesse. Juste devant ses potes...
— Et le reste de la classe. Y'avait peut-être pas tout le monde mais quand même, ça fait déjà un beau groupe.
— C'est ça... Putain, j'le déteste.
Ce disant, les coudes appuyés sur la table de sorte à garder un semblant d'appui quelque part, l'adolescente se passa une main nerveuse sur le visage, comme si par ce geste elle pouvait effacer la honte qui naissait à la surface de ses joues à la simple idée que le reste de la classe l'ait entendu. Elle imaginait déjà les regards empathiques de Kisara et Ugaki demain en cours de cuisine – quoique la déléguée de classe serait capable d'aller mettre une dérouillée au volleyeur pour le simple fait d'avoir mal parlé à une fille.
Le sifflement de la bouilloire l'empêcha de réfléchir davantage à la potentielle raclée qu'Atsumu pouvait se prendre. Mahiru secoua la tête dans une tentative de se ressaisir, puis sauta sur ses pieds afin de s'approcher de la gazinière. Elle n'eut cependant que le temps de tendre la main au-dessus de la poignée, prête à s'en saisir sans penser aux conséquences déjà vécues de son inconscience, avant qu'une voix masculine ne l'arrête net dans son élan :
— Pas si vite, jeune fille !
— Ah ! couina-t-elle de surprise, et elle fit volte-face dans un sursaut pour fusiller du regard le nouvel arrivant qu'elle avait sans mal reconnu pour le côtoyer au quotidien depuis des années. Bon sang, papa, tu m'as fait peur...
Nomura Naoki ne retint pas un sourire fier à l'idée d'avoir réussi à surprendre sa fille, et l'air blasé de cette dernière ne fit qu'accroître son amusement. Pour autant, l'adulte ne poussa pas le bouchon trop loin, abandonnant plutôt l'encadrement de la porte contre lequel il était appuyé pour rejoindre Mahiru en deux rapides enjambées.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanficMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...