Chapitre 46 ⋅ Géants

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La descente du Mont Maya en funiculaire ainsi que le chemin jusqu'à la pâtisserie ne s'avérèrent pas très longs. Plutôt courts, même, aux yeux d'une Mahiru confuse qui apprenait tout juste à apprécier la compagnie d'Atsumu. Enfin, pas tout à fait. Cela faisait un moment qu'elle l'aimait bien, au fond – trop longtemps même, au goût de sa fierté – mais ses sentiments pour lui avaient pris une toute autre couleur depuis qu'il lui avait envoyé un message pour se rejoindre au parc Kikuseidai, un couleur définitivement plus rougeoyante.

Comme le sang qui affluait encore dans ses joues au fil des secondes passées en sa compagnie.

Comme le soleil couchant qu'ils avaient raté dans leur moment d'écart.

Comme la pâte de haricots rouges qui garnissait les taiyakis qu'il lui avait promis.

Comme leurs lèvres avides, hésitantes, qui s'étaient trouvées aux confins du jour.

La reporter prit une inspiration tremblotante à cette flopée de souvenirs qui revenaient la hanter subitement, alors même qu'ils remontaient la rue d'un pas flâneur. Atsumu avançait au-devant d'elle, en direction d'elle ne savait pas trop où et pour faire quelque chose dont elle était tout autant au courant. À vrai dire, tout ce que Mahiru savait pour l'heure, c'est qu'ils s'éloignaient du magasin où ils avaient dégusté leurs poissons-gaufres, et ce dans l'unique but de faire durer la soirée après leur premier baiser.

— J'te rembourserai pour le taiyaki, annonça-t-elle alors à l'intention du volleyeur.

Sa voix traversa la rue jusqu'à détourner ce dernier de son objectif, et il pivota pour lui adresser un sourire amusé. Si un instant, la brunette crut qu'il allait la taquiner sur l'oubli de son porte-monnaie, Atsumu sut la cueillir à froid avec une habileté à laquelle elle n'était pas sûre de se faire un jour.

— En argent ou en nature ? railla-t-il alors, et son interlocutrice arqua un sourcil sceptique en dépit de ses rougeurs naissantes.

— Qu'est-ce que... En nature, ça me paraît évident, répliqua-t-elle, non sans se maudire pour le tremblement de sa voix.

— Vraiment ?!

— Ouais, je vais venir tondre la pelouse et tailler les rosiers. Je suis sûre que ta mère sera contente.

Le sourire du volleyeur tout juste élargi retomba aussitôt, au plus grand plaisir de Mahiru qui le nargua du regard et le dépassa d'un pas un peu plus confiant au milieu de tout son trouble. Lui ne répondit pas mais la regarda passer avec amusement, nullement vexé par la boutade, avant de la rattraper en quelques rapides enjambées.

— Vu tes allergies, vaut mieux éviter, tu crois pas ? la taquina-t-il aussitôt d'une voix traînante, ce qui lui valut une œillade surprise.

— Pourquoi, t'as peur de rater un de tes services encore une fois ?

— Déjà. Et puis si tu viens éternuer chez moi, j'ai peur que les voisins appellent la police pour séquestration de putois.

— Haha, très drôle.

Atsumu gloussa à son ironie, qui ne parvint même pas à le vexer, puisque l'instant d'après, il venait entourer un bras autour de ses épaules. Elle grogna par réflexe, incommodée par le poids de son buste sur le sien, mais ne parvint pas à le repousser. Pas quand sa chaleur corporelle l'enveloppait suffisamment pour braver la fraîche brise du soir. Pas quand il murmura tout contre son oreille d'une voix très, très moqueuse :

— Très drôle, seulement ? Enfin, madame la reporter, je sais que tu me trouves hilarant.

— Ah bon ? J'étais pas au courant de ça, répliqua-t-elle en lui décochant une œillade incrédule.

Salade de Fruits |HQ!!|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant