Tout était parfait.
Mahiru examina avec prudence son reflet dans le miroir des toilettes pour filles, et esquissa un fin sourire en sentant la confiance voleter dans son cœur. C'était inhabituel, mais pas désagréable. Une pointe de rose rehaussait la pulpe de ses lèvres, ses yeux olive gagnaient en profondeur grâce à la touche de mascara qu'elle avait appliqué un peu plus tôt, et le gommage de la veille avait annihilé une grande partie des impuretés de son visage – à la revoyure, acné de malheur. Ne restait plus qu'un joli visage de poupée, qui lui ressemblait autant qu'il lui était étranger. À deux doigts de tout regretter.
Le reste du week-end avait filé comme le vent. Sa mère avait su, à sa manière, apporter une accalmie dans la tempête de ses émotions. Comme dans l'œil du cyclone, tout avait disparu l'espace d'une pause dans le temps : Miya Atsumu, Murao Ryouhei, les dates des premiers examens, ou encore ses articles à rédiger pour le club de journalisme. Ne restait plus qu'une espèce de béatitude inespérée, qui n'avait cessé de croître au fil des heures, pour se charger d'espoir en vue de ce midi-là.
L'heure d'interviewer Murao était arrivée.
Un sourire lui chatouilla les lèvres, puis elle lissa le tissu sombre de sa jupe dans un mouvement fébrile de la main. Et, attrapant son calepin au passage, la demoiselle quitta les toilettes du lycée d'un pas décidé.
Les couloirs fourmillaient d'étudiants, en cette pause méridienne où chacun cherchait un petit coin où manger, si bien que la circulation y était difficile. Toutefois, s'il y avait bien une chose que l'adolescente avait retenue de ses trois années de lycée, c'est qu'à midi, tous les chemins menaient à la cafétéria. Aussi, il ne lui suffisait que d'embrasser la foule et de s'y mêler pour espérer sortir enfin du bâtiment sans encombre – et surtout, arriver à l'heure pour son interview avec Murao. C'était sans compter les jeux du sort.
— Ah, Nomura !
Mahiru se figea en entendant son nom de famille à travers le couloir, dans un timbre de voix qu'elle identifia un peu trop vite à son goût. Non sans rouler des yeux, un soupir sur le bout des lèvres, elle fit volte-face pour adresser un regard las à Miya Atsumu.
— Qu'est-ce que tu me veux, Miya ? soupira-t-elle sans cacher son agacement, mais lui ignora sa mauvaise humeur pour aller droit au but.
— T'as deux minutes devant toi, là ?
— Pas du tout.
— Super, moi aussi, j'ai un peu de temps !
— Nan mais tu te moques de...
— Mercredi soir, on est de corvée ensemble, annonça-t-il à brûle-pourpoint.
Elle cligna des yeux à ces mots, ravalant dans son hébétude la remarque cinglante qu'elle comptait lui envoyer dans les dents. Difficile de déterminer ce qui l'énervait plus entre le fait qu'il lui ait volontairement coupé la parole – toujours cet insupportable sourire suffisant planté sur les lèvres – et l'annonce qui lui tombait soudain dessus. La présence du volleyeur n'aidait pas, d'autant que les souvenirs de leur altercation du vendredi précédent pétillaient dans son esprit comme des bulles dans un verre d'eau gazeuse.
— Tu déconnes, j'espère ?
— Absolument pas, et ça me fait pas plus plaisir qu'à toi, d'ailleurs.
Piquée au vif, la reporter le gratifia d'une œillade assassine avant de faire la moue.
— Et tu peux pas demander à un de tes potes d'échanger avec toi ?
— Tu crois que j'ai pas déjà essayé ? Ils ont refusé, Suna est même prêt à soudoyer le reste de la classe pour que je me retrouve coincé avec toi !
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanfictionMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...