Chapitre 42 ⋅ Colère froide

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Mahiru peina à se remettre des mots d'Atsumu. Ils résonnèrent dans son esprit, s'immiscèrent dans les fêlures de son cœur et se repercutèrent au plus profond de ses insécurités – à faire perler quelques larmes au coin de ses yeux. Aucune d'entre elles ne coula cependant, retenues par le peu de fierté qu'il lui restait après ce que le volleyeur avait dit à ses amis et par extension au lycée tout entier, quand la une de l'Inarizaki Today de la semaine la présentait en train de l'embrasser. Et ce reste d'amour-propre, qui avait étouffé les larmes et colmatait autant que possible les innombrables brisures de son palpitant, lui insuffla toute la colère nécessaire pour se ressaisir dignement, pour enfouir toute la douleur sous un masque indéchiffrable et pour entrer d'un pas décidé dans la salle à la suite des quelques retardataires qui comme elle arrivaient après la sonnerie.

Bien sûr, ça la démangea un peu de voir si lui la regardait dans sa traversée de la pièce, comme il l'avait fait le matin même dans le hall. Néanmoins le chagrin l'emporta sur le reste, la poussa à regarder droit devant elle et à passer devant son pupitre sans lui accorder la moindre attention. Une satisfaction presque malsaine la dévora lorsqu'elle parvint à garder les lèvres scellées sitôt qu'il l'apostropha dans une énième taquinerie sur sa taille. Pour autant ça n'empêcha pas l'agacement de revenir l'assaillir quand elle se laissa tomber sur sa chaise et se retrouva face à la tignasse dorée d'Atsumu qui l'éblouissait tant.

Oui, la reporter se détestait d'être tombée amoureuse de lui.

— Bonjour à tous, les salua Namikawa-sensei avec son sourire enthousiaste de jeune professeur passionné par son métier. Installez-vous, je vous en prie, et ouvrez vos manuels à la page cent-vingt-cinq. Nous allons travailler sur le mouvement Shirakabaha...

La voix du professeur se perdit dans les froissements de papier qui suivirent sa demande, comme ses élèves s'exécutaient sans broncher pour se plonger dans les méandres de l'histoire littéraire. Mahiru suivait également, quoique son esprit était à d'autes sujets plus personnels. C'était pire, même, qu'en tant que voisin de devant, Atsumu était impossible à ignorer entièrement, surtout quand il profita d'un moment de flottement où Namikawa-sensei expliquait un détail précis de la leçon à un élève, pour se retourner à demi vers elle.

— Hé tu m'as pas répondu tout à l'heure. T'es tellement petite que les ondes sonores te sont passées au-dessus ?

Pas de réponse. La reporter se mordit l'intérieur de la joue afin d'étouffer la peine qui revenait lui enserrer le cœur au souvenir des mots qu'il avait prononcés avant le début du cours – peine qui se trouvait ravivée par la sensation de son regard sur elle. Ça n'aidait pas non plus qu'il lui adresse la parole comme si de rien n'était après avoir dit, littéralement, qu'ils n'avaient rien à faire ensemble.

— Tu tires la tronche encore une fois ?

Mahiru sentit ses doigts se resserrer imperceptiblement autour de son stylo à cette insistance. Elle déglutit, se focalisant sur la courbe de ce kanji qui avait avait l'air tout à coup très problématique – assez pour que la brunette se sente obligée de la corriger. Atsumu suivit son geste du regard, à en croire le mouvement de son cou qu'elle interceptait du coin de l'œil, et il dut faire la moue puisque ses muscles se contractèrent. Pour autant il n'eut guère le temps d'ajouter quelque chose, puisque la voix de Namikawa-sensei le devança.

— Miya, je sais que Nomura est captivante, mais concentre-toi un peu sur le cours je te prie, lui intima l'adulte dans une taquinerie qui se ponctua sur les rires de ses camarades de classe.

— Mais non, c'est pas ça... tenta de protester le volleyeur, tandis que ladite Nomura fronçait les sourcils.

— Peu importe ce que c'est, concentre-toi. Un volontaire pour lire le texte numéro trois ? Ou je demande à Miya de s'en occuper ?

Salade de Fruits |HQ!!|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant