Les portes du funiculaire s'ouvrirent dans un bruissement qui secoua le silence du soir. Mahiru hésita une seconde sur le quai, se dandinant de gauche à droite au rythme des vacillements de sa volonté, plus tout à fait sûre de savoir si c'était une bonne chose ou non d'être là. La réflexion était idiote, au fond, puisqu'après avoir marché pendant près d'une demi-heure pour rejoindre cet endroit si particulier, ce serait dommage de faire demi-tour à quelques pas du sommet. Pourtant ce fut plus fort qu'elle d'y repenser un peu, de remettre en cause les messages d'Atsumu et sa demande de la voir, de questionner la façon dont son père et Kinako l'avaient poussée à accepter le rendez-vous. Et tous ces points d'interrogation se démultiplièrent aussitôt que son regard olive accrocha la silhouette élancée du volleyeur au bout du quai.
— T'es arrivée vite.
Comme il n'y avait qu'eux deux dans la station de funiculaire, sa voix traversa l'écho jusqu'à vibrer contre ses tympans – et la reporter mentirait en disant que c'était désagréable, à faire pétiller ses joues de rose. Et si elle détesta encore une fois l'effet qu'il avait sur elle, au moins autant qu'elle l'apprécia, Mahiru se décida à le rejoindre à pas comptés.
— J'peux te retourner la remarque, répliqua-t-elle, non sans maudire le tremblement de sa voix. T'es là depuis combien de temps ?
Un sourire amusé frémit au coin de ses lèvres, à rendre ses jambes encore plus cotoneuses qu'elles ne l'étaient déjà, mais il ne répondit pas. À la place, l'aîné des Miya désigna la porte du funiculaire pour l'inviter à y entrer avant que les portes ne se referment sous leur nez, et elle s'exécuta en silence tandis que lui fermait la marche. Ce fut presque naturel, même, pour les deux adolescents de prendre place côte à côte sur deux sièges vides qui n'attendaient que d'être occupés.
Ils ne se dirent rien pendant un long instant, enveloppés dans le silence de l'autre et dévorés par des pensées qui se bousculaient sur leurs lèvres comme des détenus contre la herse d'une prison. Même le départ du funiculaire, cahoteux sur ses rails en dépit du nombre limité de voyageurs à son bord, n'eut pas raison de leur mutisme. Quelque part, c'était peut-être mieux pour la brunette, qui criait intérieurement à chaque secousse où le bras brûlant d'Atsumu s'écrasait contre le sien. Cependant, elle ne savait pas trop comment aborder la discussion avec lui, et un peu fièrement sans doute, elle se disait que comme c'était lui qui l'avait contacté, c'était à lui de faire le premier pas. Ce qu'il finit par faire, bien sûr, à mi-chemin vers le sommet, non sans s'être éclairci la gorge avec embarras auparavant :
— J'imagine que c'est là que je dois te présenter mes excuses.
Mahiru leva les yeux de ses genoux pour contempler son camarade de classe avec hébétude. Il avait déjà l'attention centrée sur sa personne, dans l'attente – peut-être un peu appréhensive – de sa réaction, à faire trembler ses nerfs de nervosité. Or là où elle s'attendait à une suite, le cœur déjà en chamade à l'idée qu'il cherche à se faire pardonner, lui n'alla pas plus loin. Et un soupir mi agacé, mi troublé dépassa ses lèvres :
— Je sais pas ce qui m'énerve le plus entre ta façon pourrie de t'excuser et le fait que tu sois déjà pardonné.
Il gloussa, de ce rire idiot qui n'appartenait qu'à lui et donnait à chaque fois le tourni à la reporter. Pas autant, cependant, que cet aveu criant de vérité :
— Je savais que j'étais pardonné au moment où t'as accepté l'invitation, tu sais.
— Humpf, rêve pas non plus, nia-t-elle aussitôt, et son sourire s'aggrandit à cette remarque.
— Menteuse.
— La ferme.
Le noisette de ses yeux se densifia en se posant sur la moue boudeuse qui naissait sur le bout de ses lèvres, si bien que Mahiru tourna la tête de l'autre côté pour ne pas se laisser troubler davantage. Il eut un rire silencieux, définitivement amusé par sa réaction, mais s'empressa de rattraper au vol son attention tout juste détournée de lui.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanficMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...