Ils avaient gagné.
Inarizaki était allé au tournoi national interlycée et ils avait gagné.
Les renards avaient terrassé leurs différents adversaires les uns après les autres, gravissant les branches de l'arbre de rencontre avec une habileté inouïe, pour enfin se hisser sur la première place du podium où le président de la fédération japonaise de volley-ball lui-même leur avait remis leur médaille. Diable, il leur avait même touché quelques mots entre deux félicitations, pour proposer à ceux qui le souhaitaient de passer des tests avec des équipes professionnelles en vue de les rejoindre. Ils avaient littéralement tout gagné.
Et pourtant sous sa nouvelle couronne de champion junior du Japon, Miya Atsumu tirait une tête de cent pieds de long.
Il s'en passerait bien volontiers, hélas. Le capitaine d'Inarizaki avait vraiment envie de célébrer sa victoire avec ses coéquipiers, avec la fanfare, avec tous ceux que les coachs avaient invités dans la cafétéria de l'auberge reconvertie en salle de réception pour l'occasion. Il voulait se gaver de petits gâteaux jusqu'à se faire exploser le ventre et enchaîner les photobombs dans les stories de Suna, bombarder Hiroto de messages pour le narguer de sa victoire et annoncer la grande nouvelle aux anciens comme Aran ou Kita, embrasser sa Mahiru encore et encore jusqu'à ce que le souffle leur manque – et rien de tout ça n'était pas possible pour l'heure. Pas dans cet état d'esprit, tout du moins.
C'était plus fort que lui, cette frustration qui lui tendait les muscles. Atsumu ne la contrôlait pas et souhaitait à chaque seconde de ne pas se laisser autant atteindre, mais c'était plus fort que lui. Il ne savait pas si c'était la façon dont ce gars collait aux basques de Mahiru depuis la fin du match, l'étincelle qui brillait dans ses yeux à chaque fois qu'elle lui accordait ne serait-ce qu'une seconde d'attention, ou simplement le fait qu'il la draguait au nez et à la barbe du blond sans qu'elle ne remarque quoi que ce soit, mais ça le faisait bouillonner de colère.
— Alors 'Tsumu, ta soirée se passe bien ?
La voix de 'Samu lui parvint avec beaucoup trop de légereté pour que ce ne soit sincère, et les nerfs déjà à rude épreuve du capitaine se raidirent un peu plus – si tant est que ce fut possible. Il ne répondit pas à son jumeau pour autant, se contentant de désigner d'un geste du menton le guignol d'un peu plus loin, qui s'était dit que toucher les épaules de sa reporter, même pour l'écarter du chemin, était une bonne idée.
— Tu le connais ?
— C'est un deuxième année, j'crois, répondit Osamu sans même prétendre qu'il ne savait pas ce qui agaçait son frère, avant d'engloutir une boulette de riz prise sur le buffet. T'as un problème avec lui ?
Le blondin ne répondit pas d'emblée, la mâchoire serrée comme lui parvenait le son cristallin du rire de Mahiru suite à une de ses blagues qui – il en était sûr – n'était même pas drôle, avant de répondre dans un grommèlement incompréhensible :
— S'il pouvait reculer un peu, de genre dix mètres, ça serait bien.
'Samu eut le culot de laisser échapper un ricanement entre deux mastications gourmandes, à faire monter d'un cran l'agacement de son frère dont les bras croisés se contractaient par intermittence, mais il attendit d'avoir avalé son riz pour reprendre d'une voix moqueuse.
— T'es conscient que Nomura peut parler à qui elle veut, et que les mecs peuvent lui parler aussi ?
— Lui parler, oui, grogna Atsumu sans quitter son rival du regard. Pas la draguer juste sous mon nez.
— Oh t'abuses, il la drague pas.
Juste à ce moment-là, à croire que le sort cherchait à contester les mots d'Osamu, l'autre aggrava son cas en se penchant vers Mahiru afin de la regarder de plus près, avant de tendre la main et d'ôter du bout des doigts un petit quelque chose insignifiant sur sa joue rosie par l'embarras. Les narines d'Atsumu se dilatèrent, et il prit une grande inspiration dans une vaine tentative de se calmer, tandis que la reporter papillonnait des yeux sous l'hébétude.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanfictionMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...