Mahiru détestait un certain nombre de choses dans la vie, comme beaucoup d'autres adolescents. Elle détestait l'avocat, dont le goût amer lui rappelait celui d'un médicament que sa mère la forçait à prendre dans son enfance. Elle détestait ses allergies, qui lui donnaient l'air d'un clown dès l'arrivée du printemps. Elle détestait aussi les cours de science auxquels elle ne pigeait rien à rien, ceux qui n'avançaient pas dans les couloirs quand elle était pressée, et toutes les connaissances que sa mère croisait au supermarché et la condamnaient à attendre debout, un filet d'oignons à la main, que l'adulte ait fini de parler de la pluie et du beau temps. Pour autant, toutes ces petites choses demeuraient futiles par rapport à ce que la reporter détestait par-dessus tout : se retrouver seule à seul avec Miya Atsumu.
La raison de ce rejet demeurait floue. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient isolés du reste du monde – elle se rappelait parfaitement l'heure de corvée ensemble ou encore l'interview pour l'Inarizaki Today – et à chacune de ces fois les piques avaient bien plus volé que les gentillesses, si tant est qu'il y en ait eu un jour. Pour autant, une partie d'elle-même ne parvenait pas à faire abstraction de quelques détails troublants, des accalmies qui avaient constellé les orages que constituaient le plus gros de leurs interactions sociales. Et malgré toute l'animosité que la reporter éprouvait à l'égard d'Atsumu, c'était davantage l'idée de se retrouver seule avec lui qu'elle détestait plutôt que le volleyeur lui-même.
— Je peux savoir ce qui te prend autant de temps ?
La voix du concerné traversa la rue pour aller chatouiller ses tympans d'une bien trop déroutante manière pour que ça ne la dérange pas. Mahiru gonfla les joues, agacée tant par sa remarque que par ses propres ressentis, puis adressa un regard peu amène à celui qui hantait ses pensées jusqu'alors.
— J'ai mal aux pieds, grogna-t-elle avant de grimacer lorsque son talon effleura une grosse pierre qui traînait non loin. Et tu marches trop vite pour moi.
— Bah aies moins mal.
Un silence stupéfait accueillit la suggestion pour le moins inattendue. Oubliant un peu la douleur qui lui ravageait les pieds, elle s'arrêta un instant de marcher pour contempler Atsumu avec incrédulité.
— Tu te fous de moi ? siffla-t-elle, et il haussa les épaules avec sa désinvolture habituelle.
— La douleur est une information. Tu n'as qu'à la traiter avec...
Le volleyeur n'eut jamais le temps de finir sa phrase, puisque Mahiru l'en empêcha tout bonnement. Poussée par l'irritation grandissante, elle franchit en quatre rapides enjambées la distance qui les séparait pour lui pincer les bras. Il bondit sur le côté en gémissant un « aïeuh ! » des plus satisfaisants pour les nerfs en pelote de la brunette.
— Mais pourquoi t'as fait ça ? se plaignit-il aussi sec, en tournant un regard furibond sur la demoiselle.
— Je voulais voir comment toi, tu traitais l'information de la douleur, pour m'en inspirer.
— Et est-ce que c'était réellement nécessaire de me pincer pour ça ?
Elle ouvrit la bouche, prête à répliquer, mais le blond leva son index devant son nez.
— Nan, ne réponds pas, finalement, la devança-t-il, avant d'ajouter un poil plus calmement. Surtout que vu comment t'as chargé sur moi comme un sanglier, tu la gères très bien, ta douleur...
— J'ai été motivée par autre chose, répondit-elle dans un sourire faussement ingénu, et il haussa un sourcil, guère impressionné pour un sou.
— Ouais bah compte pas sur moi pour te ramasser si tu tombes.
Sur ce grognement, Atsumu enfouit les mains dans la poche kangourou de son hoodie, avant de continuer son chemin. Si elle laissa échapper un petit rire triomphal, la reporter le suivit dans son ascension – certes un brin claudicante en raison de ses douleurs. La distance à parcourir demeurait cependant réduite, puisque le funiculaire les avait déjà déposés très près du sommet. Aussi, accompagnés par le silence de la nuit, les deux adolescents finirent bien vite par atteindre leur destination.
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Salade de Fruits |HQ!!|
FanficMahiru ne s'est jamais intéressée à Miya Atsumu. Elle ne le déteste pas, elle ne l'admire pas non plus, rien d'extrême. Il ne lui inspire que les sentiments qu'on a habituellement à l'égard d'un camarade de lycée un peu mignon et populaire : un ou d...