Chapitre 14 - Madame Greenwich

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          « Tout a commencé il y a très longtemps, bien avant que le christianisme fasse son apparition sur Terre. Certains ont oublié, d'autres non. De cette époque à maintenant, certains pensaient qu'il existait plusieurs dieux et déesses. D'autres croyaient en l'existence d'un seul Dieu, bien qu'il soit représenté différemment selon les religions. 

          Ceux qui étaient monothéistes prônaient que Dieu était la représentation du bien et que le Diable était celle du mal incarné. La réalité est que chaque chose, chaque personne n'est ni entièrement bonne ou mauvaise. On définit les personnes, les objets, les lieux et autres comme bons ou mauvais selon notre éducation et notre vécu. 

          Cependant, il y a toujours un équilibre. Pour que le bien existe, le mal doit perpétrer comme chez l'être humain. Il a ses défauts comme ses qualités et il en revient de même pour la religion. C'est l'une des plus grandes règles de l'Univers.

          Donc laissez-moi vous demander. Et si tout ce que vous aviez appris au cours de votre vie était erroné... Et si tout ce qu'on vous a raconté depuis votre enfance n'était que mensonges et dissimulations... Pourriez-vous y croire ? Si vous voulez sauver Élisabeth, vous allez y être contraints. »

— Votre intro était géniale Madame Greenwich mais elle et moi ne sommes plus amies. Je n'ai pas à aider cette meurtrière, commence Serena en se levant.

— Mademoiselle Woodville. Élisabeth n'a pas tué votre père. L'inspecteur Stroke l'a fait.

— Quoi ? C'est insensé ! C'est un policier, réfute Serena.

          Malgré son incrédulité, les yeux de la jeune femme, que j'ai vue grandir lors de ses passages à la bibliothèque, semblent ne plus percevoir ce qui l'entoure. Son monde s'est écroulé il y a plus d'une semaine et elle n'en est devenue que plus fragile qu'elle ne l'était. Sa douceur et sa timidité enfantine était ce pourquoi je me tenais éloignée le plus possible des enfants, sauf lorsqu'ils m'étaient utiles... J'avais besoin d'eux pour atteindre Beth. 

          Passer du temps avec cette petite avait changé mon point de vue sur eux. Malgré leur souffrance, les enfants sont capables d'un courage impensable aux yeux des adultes mais ils ne cessent de se relever. Ils affrontent la vie et réussissent tout de même à garder cette étincelle d'espoir. Tout comme Beth... sa souffrance l'a menée à avoir une belle carrière qui expose sa bonté aux yeux de tous.

          Pour ce qui est de Serena, je ne sais si elle arrivera à surmonter cette épreuve, ces circonstances si inhabituelles. Son père ne serait pas mort si le Diable ne s'en était pas mêlé. C'est une évidence.

— Quoi qu'il en soit ça ne change rien, affirme Serena. Si Beth n'avait pas forcé mon père...

— Ton père a fait son choix. Concernant l'inspecteur Stroke, il n'était pas réellement inspecteur. C'était une couverture pour se rapprocher d'Élisabeth. Il est l'un des sbires de celui qui l'a kidnappée.

          Serena expire un « kidnappée ? ». Elle n'était pas au courant de cette information. Elle retourne s'enfoncer lentement dans sa chaise, dans l'incompréhension la plus totale.

— Alors maintenant, on ne peut plus faire confiance à la police ? Pourquoi ne l'avez-vous pas prévenue ?!

          Malgré la dureté présente dans la voix de Jordan, il ne fait aucun doute que cette histoire l'atteint plus qu'il ne le laisse paraître. Toutes ses convictions sur sa relation avec Élisabeth, sur la réalité qu'il pensait connaître, tout a été compromis. Lui comme Beth étaient heureux avant qu'elle ne soit dans l'obligation de revenir à Kingston Springs et d'y rester. 

Moïra - Tome 1 : La Malédiction des DunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant