Chapitre 7 - Partie 1

45 6 50
                                    




          Je suis dans une forêt, une forêt si verte et dense. Les pins semblent toucher le ciel, d'un bleu lisse et parfait. La rosée du matin laisse échapper des arbres une odeur particulièrement agréable, d'herbe fraîchement coupée et de pin. Elle me remémore le temps passé dans les bois lorsque j'étais enfant.

           Mes parents et moi allions camper le premier week-end de printemps. Mon père m'organisait toujours une chasse au trésor. C'était devenu une sorte de rituel. Le trésor, quant à lui, ne changeait jamais. Il était question de marshmallows que nous faisions griller le soir, autour d'un feu. Ce dernier était réconfortant lorsque la fraîcheur était encore présente. Mon père prenait sa guitare et nous chantions des ballades tout en dégustant le prix tant mérité.

          Avec les années, les indices, que me laissait mon père, s'avéraient de plus en plus compliqués à comprendre. Cependant, plus je grandissais, moins les marshmallows étaient importants. Ce qui l'était, c'étaient les chansons et le temps passé en famille.

          Me retrouver dans cette forêt fait remonter un des meilleurs souvenirs de mon enfance. Je souris. Je suis heureuse de me rappeler ces moments passés avec mes parents. Tout se passait bien. Ils étaient en vie. On formait une famille aimante sans qu'il soit question de meurtres et de sacrifices au nom de Satan. Maintenant, tout a changé. J'ai grandi et la vie a évolué sans qu'elle ne m'empêche de vivre des atrocités.

          Mon regard se dirige vers un arbre que je connais bien. Il y a une inscription sur le tronc. E, un cœur, P et M. Élisabeth aime papa et maman. Je l'avais inscrite lorsque j'avais sept ans. Ma mère m'avait disputée. J'avais abîmé un arbre. Cependant, cela ne l'avait pas empêchée de me prendre dans ses bras et de me chuchoter à quel point elle m'aimait et qu'une inscription sur un arbre n'en était pas digne.

          Si seulement je pouvais retourner à cette période de ma vie. Alors que je regarde une dernière fois l'inscription, celle-ci s'efface laissant place à une flamme.

           Je tente de l'éteindre avec mon manteau mais rien n'y fait. La flamme s'agrandit et commence à incendier l'arbre entier. Je me recule et cherche mon téléphone pour appeler les pompiers. Je ne l'ai pas sur moi. Je me retourne et commence à appeler à l'aide, même si je sais qu'il n'y a personne dans ces bois.

          Je fais de nouveau face à l'arbre qui n'est maintenant plus le seul à être touché par le feu. Le ciel a perdu sa couleur originelle et est maintenant d'un orange intense. Lorsque je baisse le regard, toute la forêt est en feu. Il n'y a plus aucun moyen pour moi de sortir de cette forêt enflammée.

           Je distingue une forme. Elle semble traverser les flammes sans être atteinte. Plus elle s'approche, plus je m'aperçois qu'il s'agit une figure humaine. C'est un homme, dont le sourire est le plus malveillant que j'aie pu voir.

— Élisabeth. Nous nous rencontrons enfin, dit l'apparition.

— Qui êtes-vous ? Et comment connaissez-vous mon nom ? lui demandé-je, effrayée.

— On m'attribue plusieurs noms. Le Diable, Satan, Lucifer, Belzébuth. Une chose est sûre cependant, je suis le Dieu qui règne sur les morts.

— Rien que ça. Je dois être en train de rêver, expiré-je, chassant les gouttes de sueurs de mon front.

— Oh tu l'es. Enfin, pas totalement. Vois-tu, lorsque vous, les êtres humains, dormez, votre esprit n'est pas protégé. Il est vulnérable. Votre partie consciente, qui vous sert de bouclier, est en veille. Votre esprit se retrouve dans un endroit qui s'appelle L'Erèbe. Cette région est la plus proche aussi bien de la Terre que des Enfers. C'est ce qui me permet de communiquer avec toi, ma promise.

Moïra - Tome 1 : La Malédiction des DunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant