Moïra - Tome 1 : La Malédiction des Dunn

Chapitre 4 - Partie 1

          Assassiné. Je me repasse les mots de l'inspecteur Stroke en tête. Mon père a été assassiné. Pourquoi ? Par qui ? Qui voudrait tuer mon père ? J'étais la seule à l'accuser du meurtre de ma mère. Personne ne m'a prise au sérieux. Ils l'ont tous protégé. 

          Les seuls qui pourraient vouloir mon paternel mort sont les Davenport, mais je ne les vois pas commettre un meurtre dans le seul but de devenir la seule famille fondatrice présente à Kingston Springs. Surtout qu'il reste ma tante... et moi. Qu'est-ce que les Davenport auraient à y gagner de plus ? 

          Un membre de leur famille est maire de la ville. Enfin, il l'est devenu parce qu'il n'y avait aucune compétition. Mon père n'a jamais été intéressé par la politique. Il tenait le journal de la ville et avait une place au Conseil. Certes, le reste du Conseil suivait ses opinions quand elles divergeaient de celles du maire mais à en venir au meurtre... cela semble fou. 

          Qu'est-ce que je raconte ? La nature humaine peut être parfois folle. D'ailleurs, la famille Davenport a toujours donné vie aux sept péchés capitaux.

           Je me souviens de mes années lycée et de la présence d'Ethan Davenport, fils du maire. Il est au summum de ces péchés. 

          L'envie... dès qu'un de ses amis avait une petite amie, Ethan ne pouvait pas s'empêcher de se l'approprier. Il devait obtenir tout ce qu'il convoitait. 

          La paresse... caractérisée par son manque de volonté, le jeune Davenport n'a jamais pris la peine d'étudier ou de travailler. Le seul effort qu'il faisait était de soulever la tête vers les copies de ses camarades de classe. Lors de travaux de groupe, sa phrase favorite était "J'ai bien mieux à faire que de travailler." Le pire est qu'il avait été élu une année en tant que représentant des étudiants. La négligence dont il avait fait preuve envers les étudiants, mais également envers les professeurs, avait ouvert les yeux aux votants, laissant la place à Dean Perry, un élève discret mais parfait pour ce rôle.

          L'avarice... Je crois ne l'avoir jamais vu offrir quoi que ce soit à n'importe qui. Cependant, je l'ai aperçu jurer et crier sur une serveuse qui ne lui avait pas rendu deux malheureux cents. Je me rappelle qu'elle était mortifiée. Après avoir discuté avec elle, j'ai appris que c'était son premier jour et qu'on lui avait dit que les gens ne demandait pas la monnaie pour moins de deux dollars. Après tout, il était coutume de laisser un pourboire en plus de celui déjà octroyé automatiquement. Elle n'y était pour rien. Ethan était juste... avare.

          La colère... Il y a tellement d'exemples que je passerais ma vie à les passer en revue. Je dirais simplement : manque de contrôle, impulsif, rageur, esprit de vengeance, têtu et j'en passe. Au lycée, je l'appelais le taureau... complètement animé par l'instinct animal.

          L'orgueil... disons que le fait que son père soit maire et qu'il fasse partie d'une famille fondatrice l'a bien encouragé dans cette voie-là. Il est important au sein de la ville et il le sait. Il prône sa gloire et, avoir une statue à son effigie ne le dérangerait absolument pas. Lorsque son équipe et lui avaient gagné le championnat de football, il avait d'ailleurs demandé à ce qu'une immense affiche le représente et qu'elle soit placardée dans le grand hall d'entrée.

          La luxure... Ethan ne s'est jamais arrêté en vertu de la morale. Il couchait avec toutes les filles du lycée mais aussi avec des adultes.

           Comme il le disait si bien, il voulait profiter de sa jeunesse avant d'être emprisonné par le mariage. Sauf que ça ne l'arrêtera pas, comme son père, qui trompe sa femme avec qui il veut. Tout le monde le sait mais personne n'en parle pour ne pas se mettre en porte-à-faux aux yeux du Maire.