Chapitre 2 - Partie 2

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          Pendant que Serena s'installe sur une chaise, j'engage la conversation pour essayer d'atténuer la gêne qui commençait à s'installer.

— Ça y est, enfin en pause ?

— Oui. C'est toujours la folie ici, réplique Serena, mal à l'aise, lâchant des œillades à Jamie.

— Je suis contente que ça n'ait pas changé. Ton père est le pro du café. Il mérite son succès. D'ailleurs, son élixir me manque à Baltimore.

— Tu es à Baltimore ?

— Oui je suis interne en chirurgie à l'hôpital John Hopkins.

— Il ne fait pas partie des meilleurs hôpitaux des États-Unis ? semble-t-elle halluciner.

— Si, c'est pourquoi j'étais si excitée d'y obtenir mon internship. Ma meilleure amie est avec moi là-bas. D'ailleurs, j'ai reçu un message d'elle. Elle arrive vendredi soir. Vous pourrez la rencontrer.

          Je n'ai pas pu m'empêcher de leur proposer. Je me sens tellement gênée de les avoir ghostés durant toutes ces années. Nous étions tellement proches. Sur ce coup-là, j'ai été simplement égoïste et puérile. Ils ont été présents dans les moments difficiles et j'ai balayé notre relation d'un revers de la main.

          Malgré son rapide froissement à l'évocation d'Ashley, Serena se retourne vers Jamie, toute contente, puis son regard rencontre le mien et elle me prend les mains, les agitant dans tous les sens. 

          J'avais oublié à quel point elle était tactile et démonstrative. Je me tends inconsciemment à son contact mais elle ne semble pas l'avoir remarqué contrairement à Jamie. Alors que je récupère mes mains, l'une d'entre elles se réfugie à nouveau sur mon collier si apaisant. Je dois faire des efforts.

— C'est une super idée. On pourra jouer au poker, ici, comme au bon vieux temps, propose mon ancienne meilleure amie, excitée à cette idée.

— Oui c'est une bonne idée. Il faudra juste apprendre à Ashley les règles et je suis un peu rouillée donc ça ne me fera pas de mal non plus.

— Toi, rouillée ? Tu n'oublies jamais rien et vu comment tu étais douée à l'époque, tu vas nous dépouiller.

          Serena regarde Jamie s'extasier sur mes prouesses au poker, avec un sourire triste. Je change rapidement de sujet pour me concentrer sur Serena. Apparemment, elle est bien allée à Los Angeles faire ses études de commerce mais se sentait tellement seule, loin de sa famille, qu'elle a décidé de revenir. L'ambiance familiale de notre ville d'origine lui manquait terriblement. L.A était bien trop grande pour elle qui, du coup, se sentait minuscule.

          Après avoir partagé un petit moment ensemble, elle est retournée travailler. J'allais en profiter pour prendre congé lorsque Jamie m'a retenue par le bras.

— Est-ce que ça va ? Je veux dire réellement ? s'inquiète Jamie.

Très sincèrement ? La seule chose dont j'ai envie est de m'enfuir le plus loin d'ici possible. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je suis revenue.

— Clark était ton père. Malgré tout ce que tu peux penser sur lui ou comment tu le hais, il reste ton père et il est mort.

— Une grande partie de moi n'arrive pas à lui pardonner mais une autre, bien plus enfouie, ne peut s'empêcher de le pleurer.

— Je sais et je sais que tu fais tout pour l'occulter. La force de ton mental sur tes sentiments. Ça me faisait peur à l'époque et ça m'a mis en colère mais maintenant, je comprends et je le respecte. Je te donne quand même un conseil : inhiber ses sentiments n'est pas toujours le meilleur moyen d'avancer. Parfois, il faut juste foncer dans le tas. Et... sache que la tristesse que tu ressens pour ton père n'est pas le signe que tu trahis ta mère.

Moïra - Tome 1 : La Malédiction des DunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant