Chapitre 13 - Partie 2 (Jordan)

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          Les gros yeux d'Ashley me confirme qu'elle est toute aussi tétanisée par l'apparition de Madame Greenwich. Faith, quant à elle, lève les yeux au ciel. Elle n'a pas l'air de l'apprécier. Le visage de Charles reste impassible. Il n'est là que pour Beth.

           Après qu'on ait tous pris place autour d'une table et après nous avoir servi du thé, Madame Greenwich s'assoit. Faith lui jette un regard noir auquel Madame Greenwich ne répond pas. Je confirme, Faith a une dent contre elle.

— Je sais pourquoi vous êtes venus ici mais deux autres personnes peuvent également aider. Je leur ai laissé un message. Ils ne devraient pas tarder, explique Madame Greenwich.

— Jamie et Serena ? Pour Jamie, je suis d'accord mais Serena ? Elle blâme Beth pour la mort de son père, avertit Ashley, d'un ton cinglant.

— À juste titre mais cela n'est pas la question Mademoiselle Dunlop. Ce qui se passe va bien au-delà de la mort de Ben, insinue la bibliothécaire.

          Je choisis ce moment-là pour intervenir dans la conversation. Mon ton est dur. Je ne souhaite pas perdre de temps. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir des réponses.

— J'aimerais bien que vous nous l'expliquiez d'ailleurs. Et s'il vous plait, évitez de nous dire ce que vous avez servi à Beth. On n'a pas envie d'aller en Enfer pour ne plus en ressortir et surtout pour ne pas réussir à aider Beth.

— Vous saurez tout quand tout le monde sera là, répète-t-elle.

— Arrête avec tes conneries Juliette ! Tu sais tout ce qu'il se passe ! Tu as ce précieux don de communication avec Dieu ! Maintenant, tu l'utilises et tu nous dis comment on peut la sortir de l'Enfer ! C'est ta faute après tout ! Tu l'as tannée pour qu'elle pose des questions et qu'elle trouve des réponses ! Avec ses parents, on a tout fait pour qu'elle n'y soit pas mêlée et tu as tout fichu en l'air ! Tu aurais dû la laisser tranquille ! Elle aurait vécu sa vie sans se préoccuper de ça ! invective la tante de Beth.

          Madame Greenwich reste calme malgré le discours explosif de Faith. Elle la laisse évacuer sa colère. Après tout, Faith a perdu tellement de personnes et Beth était comme sa fille. Je n'imagine pas ce que c'est de perdre son enfant, mais je sais ce que c'est de perdre la personne qu'on aime. Je ne veux plus perdre de temps.

— Serena et Jamie ou non, je veux savoir. Dites-nous comment récupérer Beth, la sommé-je.

— Monsieur Rothermere, je sais que vous aimez Élisabeth mais nous devons attendre, décrète l'instigatrice de mon cauchemar.

— Non ! Vous leur raconterez quand ils arriveront. Racontez-nous exactement ce qui se passe et comment on arrange ça ! m'époumoné-je.

         La cloche de la porte d'entrée de la bibliothèque s'est enclenchée. Jamie et Serena passent le pas de la porte. Jamie semble résolu comme s'il savait sur quoi cette réunion allait porter tandis que Serena a le visage rempli de colère, mélangée à de la tristesse.

— Qu'est-ce que je fais ici Madame Greenwich ? Je ne veux rien avoir à faire avec Élisabeth Dunn, c'est clair ?! la rabroue-t-elle.

— Mademoiselle Woodville, je vous prie de vous asseoir. Écoutez au moins ce que j'ai à vous dire et après vous déciderez de partir ou non, demande-t-elle, calmement.

         A contrecœur, Serena s'assoit mais pas autour de la table. Elle s'installe sur le meuble à côté. Elle ne fait pas partie de l'équipe, enfin pas pour l'instant. Jamie, quant à lui, prend volontiers place à la table ronde. Il aime toujours Beth, même s'il essaie de le cacher. Comment puis-je lui en vouloir ? Si j'étais à sa place, mes sentiments n'auraient pas changé non plus.

         Je regarde Madame Greenwich. Mon regard doit tout signifier car elle souffle discrètement. Elle commence par l'histoire qu'elle racontait aux enfants, celle que nous avait conté Jamie. Ce que Serena ne tarde pas à lui faire remarquer.

— Tu es trop impatiente Serena. Si tu continuais d'écouter, tu comprendrais que je n'ai pas tout dit lorsque vous étiez enfant et que des éléments ont été changés, la réprimande-t-elle.

— Comme par hasard ! Vous ne pouvez jamais raconter quelque chose sans omettre des détails, grince l'outsider.

— Serena ! Tais-toi et laisse-la continuer ! beuglé-je.

          Contre toute attente, Serena me regarde, choquée, se calme et ne répond pas. Elle se contente seulement de prendre une des chaises antiques disposées autour de la table ronde. L'amour peut faire de grandes choses, on ne peut pas le nier.

          Tout le monde semble s'impatienter. Madame Greenwich n'a toujours pas repris son récit. Elle semble attendre que tout le monde soit disposé à l'écouter. Son regard est fixé sur celui de Serena, qui roule ses yeux et finit par dire que ses oreilles sont grandes ouvertes. Madame Greenwich lui sourit et nous regarde tous. Elle est enfin prête à parler.

 Elle est enfin prête à parler

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Moïra - Tome 1 : La Malédiction des DunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant