Moïra - Tome 1 : La Malédiction des Dunn

Chapitre 4 - Partie 2

— Beth Dunn ? Wow ! Toujours aussi canon après 10 ans, m'apostrophe une grande perche musclée.

— Ethan. Quel déplaisir de te revoir.

          Sans un regard de plus pour lui, je me dirige vers la sortie du poste de police. Malheureusement pour moi, Ethan me suit et m'attrape par le bras pour me retourner vers lui. Sa carrure de footballer américain est d'autant plus impressionnante qu'à l'époque. Il doit continuer les stéroïdes, ça c'est sûr. La blondeur de ses cheveux et le bleu de ses yeux m'ont toujours fait penser aux stéréotypes des nazis et à leur stupidité dans leur manière de penser.

— Même après dix ans, tu me fuis encore, se plaint-il.

— Même après dix ans, tu me cours toujours après. Si je te fuis, c'est mon instinct de survie qui agit pour moi, revendiqué-je.

— Tu es la seule à m'avoir toujours résisté. Ça me plaisait et ça me plaît toujours. J'aime la chasse. Et tu sais ce que j'aime le plus ? Attraper le gibier.

— Le toi, me comparant à un gibier, aura toujours zéro chance de m'avoir. Rien n'a changé, Ethan, et rien ne changera. Donc, va te trouver une jolie petite femme qui, elle, accepte d'être traitée comme un morceau de viande, conclus-je, d'un air écœuré.

          Sur ces dernières paroles, je le laisse, ébahi mais tout de même souriant, devant les portes du commissariat. D'ailleurs, je me demande ce qu'il faisait ici. Malheureusement pour la ville, il doit certainement suivre les pas de son père et a dû rejoindre les forces de l'ordre pour instaurer la confiance des citoyens de Kingston Springs en lui. Tout ce que j'espère c'est que les gens ne se laissent pas berner par cette couverture ridicule.

          Je me dirige vers la maison, qui était auparavant la mienne, mais alors que j'approche du portail, j'aperçois Jamie, mon ancien petit-ami.

— Jamie ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je... En réalité, je ne sais pas trop. Depuis qu'on s'est croisés, je n'ai pas arrêté de penser à toi. Ça a fait remonter plein de souvenirs.

— Oui, j'ai l'impression qu'un tsunami a ravagé ma vie et d'être revenue au point de départ. Je suis submergée par tous les moments que j'ai vécus dans cette ville, lui avoué-je.

— Je t'ai vu à l'église. Je voulais venir te voir mais tu étais bien entourée, dit-il avec une once de regret dans sa voix.

— Tu sais, je reviens du poste de police et ça m'a rappelé du jour où tu m'as aidé à récupérer le rapport sur la mort de ma mère. Je ne t'ai jamais remercié pour ça. Donc, merci.

— Il fallait bien que mon stage avec le légiste serve à quelque chose, plaisante Jamie.

— Oui, ça n'a jamais été ton truc, hein ?

— Oh non, je suis bien plus heureux avec mes dessins et mes vieux bâtiments. Tu te souviens qu'on s'était fait prendre ?

— Oh oui ! Et je me souviens surtout de la gentillesse de Monsieur Braun. Il nous a empêché d'être en état d'arrestation.

— Et il t'a dit "la prochaine fois que tu as besoin d'un rapport, tu m'appelles", imite Jamie. Tu l'as appelé, n'est-ce pas ? me demande-t-il sérieusement.

          Je souris légèrement. Jamie me connait vraiment bien. Malgré les années, j'imagine que je n'ai pas changé tant que ça. Ma soif de réponses ne s'épuise jamais. Du moins, pas tant que j'ai le fin mot de l'histoire.

— Qu'est-ce que tu as appris ? 

— Tout laisse supposer à un suicide mais l'inspecteur Stroke pense qu'il a été assassiné, dis-je en m'asseyant sur l'un des bancs de la rue.