Je me réveille doucement avec le sentiment que ma tête est prête à exploser. J'ouvre les yeux et regarde autour de moi. Je suis étendue sur un lit à baldaquin aux draps en soie noire et aux drapés rouges. Les murs qui m'entourent sont en pierres brutes foncées. Les bougies sont les seules sources de lumière présentes dans la pièce. Il n'y a aucune fenêtre, ni de moyen de s'enfuir. La meilleure prison qui soit au monde.
Sans que je ne m'en aperçoive, les larmes coulent le long mes joues. Ça y est. C'est fait. Je suis devenue l'esclave du Diable... jusqu'à la fin de mes jours, pour l'éternité. Je libère de plus en plus mes larmes qui se transforment en sanglots. Retour avant ma naissance ; la position fœtale me semble la plus réconfortante.
Je sens une main se poser sur mon épaule, comme pour me réconforter. Je sursaute et me lève rapidement du lit. La peur a bloqué mes pleurs.
— Bonsoir ma chère, me susurre le Diable.
— Donc c'est ce que vous attendiez de moi ? D'être enfermée et que vous puissiez me voir quand cela vous chante ?
Le Prince des Enfers pousse un long soupir. Il se lève avec élégance et légèreté. Il est très bien habillé. Il a un smoking et une cravate dignes d'une marque de grand couturier.
À quoi je m'attendais ? À ce qu'il porte une cape noire et des cornes de Diable ? Totalement ! Il a l'air un peu trop humain à mon goût. Un peu trop ordinaire.
Les seules choses qui le démarquent des humains sont sa démarche et sa beauté surnaturelles. Non mais qu'est-ce que je suis en train de dire ? C'est le Diable en personne, nom de dieu !
— Je veux que tu te sentes comme chez toi Élisabeth. On t'a amenée ici pour que tu puisses te reposer. Tu es libre de sortir et visiter notre monde quand tu le désires.
— Premièrement, ce n'est pas mon monde ! Deuxièmement, comment puis-je sortir s'il n'y a ni fenêtre, ni porte ? Et troisièmement, je ne me sentirai jamais comme chez moi ! m'emporté-je. Parce que chez moi, c'est Baltimore où je suis médecin, où j'ai une famille, des amis et...
Un petit ami... enfin, j'avais. J'avais un petit ami avant que tout ça n'arrive. En venant ici, j'ai tout abandonné. Je n'ai dit au revoir à personne. Je n'en avais pas la force et maintenant, je regrette.
J'aurais aimé voir Jordan une dernière fois au moins. Je sais que j'ai fait ce qui était le mieux pour lui mais ça ne veut pas dire que ça l'était pour moi.
— Oublie donc cet humain. Il n'était pas assez bien pour toi. Tu es destinée à de grandes choses. Ces humains te ralentissaient, réplique-t-il, d'un air hautain.
— Je faisais de grandes choses ! Ces humains, comme vous les appelez, faisaient de grandes choses ! On sauvait des gens, on les aidait à aller mieux ! C'était ma vocation ! Et vous avez tout détruit parce que ça vous arrangeait ! Dîtes moi à quoi ça sert de faire sacrifier les premiers nés de chaque génération ? Qu'est-ce que vous y gagnez ? tempêté-je.
— Des disciples, expose-t-il simplement.
— Des disciples ?
— Quand mon père a créé cet enfer pour moi, il ne m'a pas envoyé de compagnons ! Non ! Pourquoi l'aurait-il fait ? Ça n'aurait pas été une punition assez forte. Je t'ai peut-être arrachée à tes proches Élisabeth mais mon père a fait la même chose avec moi, se dédouane-t-il. Tu sais, votre parfait Dieu qui prêche la bonté, l'amour de son prochain et surtout le pardon. Laisse-moi te dire une chose Élisabeth, Dieu est le plus grand hypocrite de tous les temps, révèle le grand seigneur. Ceux qui demandent son pardon ne l'ont jamais mais ça, vous ne le savez que quand vous mourrez ! Ça ne sert à rien d'être bon parce que la moindre petite erreur vous envoie en Enfers. Le degré d'horreur qui vous est réservé dépend des erreurs que vous avez commises. Ah ça tu ne le savais pas ! Et bien non, contrairement à ce qu'on vous dit le Paradis n'existe pas en tant que tel. Quoi qu'il en soit, vous finissez toujours au Royaume des Enfers, affirme-t-il. Votre place n'est pas auprès de votre Dieu. Le côté jugement à votre mort, ça c'est réel. Il faut bien qu'on sache à quelle partie de l'Enfer vous appartenez. Ce serait naïf de croire qu'après une vie bien remplie, vous n'ayez pas commis d'erreurs. Donc peut-être que les sacrifices que j'ai demandés étaient cruels à tes yeux, mais aux miens j'ai sauvé les premiers nés de ta famille. Crois-moi, la partie paradisiaque des Enfers n'est pas très peuplée, avance mon tortionnaire avec certitude. Réfléchis à ça et quand tu auras décidé de te balader et de découvrir ce monde que tu penses détester, tire sur la Bible qui est dans la bibliothèque, elle t'ouvrira le passage, conclut-il, las.
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Moïra - Tome 1 : La Malédiction des Dunn
FantasiaKingston Springs, petite ville tranquille du Tennessee, est mon pire cauchemar. Malheureusement pour moi, elle est ma prochaine destination. Je pensais n'y faire qu'un aller-retour mais me voilà embarquée dans l'histoire rocambolesque de la ville. E...