Moïra - Tome 1 : La Malédiction des Dunn

Chapitre 5 - Partie 1

          Je ne sais pas où cette soirée va nous mener, ni si elle va aboutir sur des pistes à explorer. Tout ce que je sais c'est que cette chasse aux réponses, comme me l'avait dit Madame Greenwich, m'empêche de repartir à Baltimore. Malgré tout, je n'ai qu'une envie : avoir des résultats et rapidement. Quoi de mieux qu'une chasse autour d'une table de poker ?

          Jordan m'enlace alors que je m'examine dans le miroir, rentrant mon chemisier dans mon pantalon. Sa couleur intensifie mon regard émeraude et apporte du contraste à ma chevelure châtain, dont les boucles adoucissent mon visage carré.

          Mon jean slim, quant à lui, rend hommage à mes jambes musclées. Je n'ai aucun mérite. La salle de sport est bannie de mon emploi du temps depuis le début de mon internat. Je ne les dois qu'à mes années de volley et à mes gardes assez sportives.

          L'air préoccupé, je ne porte que peu d'attention à mon petit-ami qui ne cesse de fixer mon visage soucieux.

— Tu finiras par avoir tes réponses. Je sais bien que tu veux rester le moins longtemps possible ici et, crois-moi, je le souhaite aussi mais tu pourras mettre tout ça derrière toi seulement lorsque tu les auras. Prends le temps dont tu as besoin, m'intime Jordan.

— Tu n'arrêtes pas de me le répéter mais je veux juste retrouver une vie normale, notre vie. J'étais heureuse et cet événement est arrivé, et tout s'est bousculé dans ma tête. Cette partie de ma vie, qui est pleine de douleur, est revenue au triple galop, anéantissant tout ce que j'avais construit, me plaigné-je. Tout est remis en question et maintenant, je n'ai qu'un seul but : connaître la vérité sur cette ville et sur mes parents.

— C'est un mauvais moment à passer Beth. Rien n'a été anéanti. Lorsque tout ça sera fini, on pourra reprendre notre vie et passer un autre cap de notre relation.

          Je le regarde, pleine d'espoirs. Je sais que ça ne fait pas longtemps que nous sommes ensemble, un an, trois mois et douze jours, pour être exact. Et oui, je compte. Je l'aime après tout. Je souris timidement, attrapant légèrement mon collier. Il pense peut-être à autre chose.

— Un autre cap ? demandé-je, pleine d'espoir.

— Ne me le fais pas dire, je veux faire ça dans les règles de l'art. Aujourd'hui n'est pas le bon moment et on devrait y aller si on ne veut pas être en retard, affirme Jordan d'un ton sans équivoque.

          Je regarde Jordan en souriant, mais cette fois-ci avec un grand sourire, puis accepte la main qu'il me tend, me conduisant vers la sortie de la chambre. Ce possible futur entre nous illumine ma soirée et me rend plus souriante lorsque nous rejoignons Ashley.

          Elle a beau m'interroger du regard, je ne fais que sourire encore plus. Ma cocotte, tu vas devoir attendre avant d'avoir des détails. Je l'attrape par les hanches et lui fait rapide câlin avant de sortir de la maison.

          Ma meilleure amie, mon petit ami et moi-même nous tenons, à présent, devant le Wood's Coffee. L'éternel lieu de rencontre où toutes nos parties de poker se sont tenues. Ashley reste dubitative face à la vitrine.

— Rappelle-moi, en quoi une soirée avec tes anciens amis va nous permettre d'avoir des réponses, demande Ashley, toujours perplexe.

— Ash ! Le poker, c'est génial. En fac de médecine, mes colocataires et moi nous avons fait du Poker Sunday une institution, s'enthousiasme Jordan.

— Poker Sunday ? demande Ash, les sourcils haussés.

— Quoi ? C'était pour nous détendre avant la reprise des cours. Le vendredi, c'était soirée. Le samedi matin, on dormait. Tout le reste du week-end, on bossait nos cours et le dimanche soir, poker. Ça nous permettait d'être de bonne humeur et de ne pas nous coucher trop tard, se justifie mon petit-ami.