Kingston Springs, petite ville tranquille du Tennessee, est mon pire cauchemar.
Malheureusement pour moi, elle est ma prochaine destination. Je pensais n'y faire qu'un aller-retour mais me voilà embarquée dans l'histoire rocambolesque de la ville.
E...
— C'est impossible ! C'est un job à plein temps ! s'époumone Zeus.
— À plein temps ? C'est pour ça qu'Hadès avait le temps de conclure des marchés et de kidnapper des jeunes femmes ?!
Zeus jette un coup d'œil rapide vers la déesse qui m'avait souri tout à l'heure. À présent, son visage est tourné vers le sol et des larmes semblent couler de ses joues.
Déméter, la mère de Perséphone. Je m'approche et m'excuse auprès d'elle. Elle me sourit.
— Ce n'est pas nécessaire. Élisabeth a raison. Hadès n'était pas focalisé sur le travail qu'il était censé faire. Il avait affecté un de ses disciples au triage. Il y participait seulement lorsqu'il avait des comptes à régler. Perséphone, elle-même, me l'avait confié. Élisabeth pourrait très bien confier la tâche à quelqu'un en qui elle a confiance pour les moments où elle sera absente.
— Hadès faisait ce qu'il voulait, certes, mais le problème actuel est qu'une révolution est en train de se préparer aux Enfers. Notre frère avait assez de poigne pour les empêcher dans avoir même l'idée. Si la présence de cette humaine va déjà assez les faire rire, imagine si elle prend du bon temps sur Terre.
— Alors, disons que je reste aux Enfers le temps de calmer leurs ardeurs et, qu'une fois l'accalmie retrouvée, je retrouve ma vie sur Terre, tout en retournant aux Enfers une fois par jour. Cela me semble être un bon compromis, vous ne pensez pas ?
Le regard perçant de Zeus m'intime à comprendre qu'il n'est pas du tout d'accord mais son coup d'œil vers Déméter l'amène à soupirer. Il va flancher mais jusqu'à quel point ? Il n'est déjà pas très heureux que les Enfers soient dirigés par une humaine mais va-t-il m'autoriser à partager mon temps entre ces derniers et la Terre ?
— Récupère le contrôle sur les Enfers et nous verrons pour tes petits voyages. Tu peux disposer.
J'acquiesce à sa proposition et me tourne pour partir mais je réalise que je ne sais absolument pas comment quitter cet endroit. Alors que je m'apprête à poser la question, Hermès me rejoint. Tant mieux.
Maintenant, il ne reste plus qu'à savoir comment je vais récupérer la main dans le Monde Souterrain. Rien de plus facile, n'est-ce pas ? Alors que je vais pour passer les portes de la salle de réunion, Zeus m'interpelle.
— Est-il vrai que ton corps a été intégralement plongé dans Styx ?
— Oui. Pourquoi ? Vous désiriez trouver un moyen de me faire disparaître ?
— Ne sois pas si présomptueuse. J'étais juste curieux. Finalement, tu vas peut-être réussir à réduire à néant ces anarchistes.
— Je suppose que nous allons le découvrir, lui réponds-je sans me laisser déconcertée par sa visible puissance.
Son sourire ne monte pas jusqu'à ses yeux. Il se méfie de moi.
— Une dernière chose. Hadès et toi, avez-vous consommé votre mariage ?
— Étant donné qu'il m'a violée, oui, rétorqué-je d'un ton glacial.
— Tu étais sa femme.
— Non par choix.
— Une fois que tu sauras si un heureux évènement va avoir lieu, préviens-moi, dit-il d'un ton léger, sans se soucier de la rancune que j'éprouve toujours pour Hadès.
— Bien sûr.
Je sors enfin de cette maudite salle, Hermès en tête. Alors que je descends les très, très longs escaliers, une déesse m'interpelle, Déméter. J'en suis heureuse. Je n'ai pas osé transmettre le message de Perséphone devant tout le monde. Cela me semblait si personnel. Déméter arrive, sans que sa course ne l'ait décoiffée ou même essoufflée.
— Élisabeth.
— Je suis tellement désolée de vous avoir fait remonter de mauvais souvenirs.
— Ce n'est rien. Je souhaitais te remercier. Je sais que tu l'as fait pour toi mais te venger d'Hadès a permis de venger ma fille et ça compte énormément pour moi. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.
— Faites votre deuil. Votre soif de vengeance est apaisée. Recommencez à vivre et j'espère que ce que je vais vous dire va vous y aider.
Déméter me regarde sans comprendre. Je lui souris et l'invite à s'assoir sur l'une des marches. Puis, je lui raconte ce qu'il s'est passé, comment Hadès est mort et par qui j'ai été aidée. Je lui transmets le message de Perséphone, le dernier message d'une fille à sa mère.
À l'évocation de sa fille, des larmes dorées coulent sur le visage de Déméter. Est-ce que tout doit être doré pour les dieux ? J'hallucine !
— Merci Élisabeth. Perséphone était ma fille, mon plus précieux trésor. Savoir qu'elle va bien me soulage d'un énorme poids, bien qu'elle me manque. À présent, je voulais également te faire part de mon opinion.
— Sur ?
— Sur Zeus. Ne lui fais pas confiance. Si tu es enceinte, ne lui dis rien.
—Ne vous inquiétez pas. Ce n'était pas mon intention, lui avoué-je d'un ton entendu.
Zeus peut rêver pour que je lui dise. Ce type est aussi mégalomane que son frère. Je suppose que l'Histoire se répète toujours. Zeus n'est peut-être pas si différent de son père et, si je suis réellement enceinte, je ferai tout pour l'empêcher d'approcher de mon enfant.
J'avais peur d'avoir la progéniture d'Hadès en moi mais l'idée que Zeus puisse s'en prendre à lui me terrifie. Que je sois ou non enceinte, une chose est sure, Zeus est mon ennemi. Il n'avait qu'à me laisser retourner à ma vie. Je ne lui fais pas confiance et l'avis de Déméter me conforte dans le mien.
Au départ de la déesse, je me tourne vers Hermès, qui était resté silencieux tout au long de notre échange.
— Est-ce vraiment de l'or qui sort de vos glandes lacrymales ? me renseigné-je.
— Jalouse ?
— Oh que oui ! Le monde pourrait être débarrassé de la pauvreté et de la famine grâce à vos larmes.
— Pas vraiment. Il est très rare que nous pleurons. Vous êtes prête ?
— Direction les Enfers !
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