Moïra - Tome 1 : La Malédiction des Dunn

Chapitre 21 - Partie 2 (Elisabeth)

          Je commence à désespérer lorsqu'une petite tête blonde fait une apparition dans mon champ de vision. Sarah. Elle est toujours aussi mignonne, le sourire aux lèvres. Elle est habillée d'une jolie petite robe jaune et de ballerines blanches. Elle incarne la totale insouciance.

— Tu étais magnifique au mariage Beth.

— Tu m'as vue au mariage ? Pourquoi n'es-tu pas venue me voir ?

— Tu étais très occupée et ensuite tu t'es évanouie, explique-t-elle.

— Oui c'est ce qu'on m'a dit.

— Tu sais, mes parents m'ont toujours dit que pour être en forme, je devais bien manger. Je ne t'ai pas vu manger au mariage.

— Qui étaient tes parents ?

— John et Priscilla Alden.

          Pourquoi ces noms me rappellent-ils quelque chose ?

— Tu sais, ils ont fait partie des premiers voyageurs du May Flower.

— Bien sûr ! Ça me revient maintenant ! Le Président John Adams était l'un de leur descendant. C'est bien ça ?

— Oui, tout comme John Quincy Adams et le poète Henry Longfellow. Mon père était charpentier. Il nous a construit une très belle maison. Il était important mon père.

          Je regarde cette petite fille au visage ovale. Elle est décédée lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Beaucoup trop jeune. Elle n'a pas eu le temps de profiter de la vie, de l'expérimenter. Je ne sais pas de quoi elle est morte mais c'est arrivé bien trop tôt.

— Sarah... Que t'est-il arrivé ?

          Elle me regarde, son doux visage souriant se transformant avec un sourire triste et des yeux s'embuant de larmes. Elle s'assoit auprès de moi, en recherchant mes bras. Je la serre fort contre moi, ressentant sa détresse.

— Je n'ai pas écouté mon père. Il m'avait pourtant dit de ne pas m'approcher. C'était un jour d'orage et de tempête. Pénélope, mon poney, était effrayée par le tonnerre et le bruissement violent des branches. Je voulais aller la calmer. Mon père me l'a interdit. Il m'a dit de rester à l'abri. Je ne l'ai pas écouté. Tout ce qui comptait c'était Pénélope. Je voulais être là pour elle, la rassurer. Alors, je suis sortie par la porte de derrière et je suis partie la rejoindre. J'ai réussi à la calmer mais le tonnerre a éclaté encore plus fort et elle a pris peur. Elle a cabré et m'a donné un coup de sabot sur la tête. Après ça, je me suis réveillée dans une des chambres, ici. Perséphone était à mon chevet. Elle était très gentille et très belle, comme toi. Elle m'a dit qu'elle voulait un enfant et qu'elle souhaitait être ma mère dans la mort. Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait au début. Puis, plus les jours passaient et plus les souvenirs me revenaient. J'ai mis quelques semaines à accepter ma nouvelle vie. Perséphone et Hadès m'ont beaucoup aidé.

— Tu as connu Perséphone ?

— Oui. Elle venait de redescendre aux Enfers lorsqu'elle s'est tuée. J'ai été très triste. Si j'avais été plus gentille, elle serait restée.

          Je serre Sarah dans mes bras d'autant plus fort. La culpabilité d'un orphelin, il n'y a rien de pire. Perséphone n'avait beau être qu'une seconde maman pour Sarah, elle comptait tout autant que la première. Elle s'est occupée de cette magnifique petite comme si elle était la sienne. Je n'ose imaginer ce que Perséphone a dû ressentir pour franchir le pas, en abandonnant Sarah derrière elle.

— Ce n'est pas ta faute Sarah. Tu n'as rien fait de mal. Elle t'aimait.

— Alors pourquoi m'a-t-elle abandonnée ?