Chapitre 19 - Partie 1 (Elisabeth)

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          La fête bat son plein autour de moi. Le vin, cadeau du dieu Dyonisos, coule à flots parmi les invités. Certains se rassemblent autour d'une conversation près du buffet, où des chandeliers en or trônent au milieu de nombreux plats à base de viande et de fruits. D'autres se meuvent au rythme de la musique, perpétrée par une lyre enchantée. Visiblement, Apollon s'est joint aux festivités à sa façon.

          Je me retourne vers Hadès, qui est fier de lui. Le torse bombé, il papillonne de sujet en sujet, me traînant avec une main de fer. Ses invités rient aux éclats, profitant de chaque instant. Ils me posent tous les mêmes questions sur ma vie, sur ma rencontre avec Hadès. Ils apprécient tous cet évènement et se délectent de la situation. Tous, sauf une. 

          Nina. Elle me fusille du regard. Je lui ai volé Hadès, son fantasme. Je me suis mariée avec lui et je ne lui en suis pas reconnaissante. D'un autre côté, même si j'en avais été folle de joie et que je le considérais comme l'amour de ma vie, elle m'aurait tout de même assassiné en un seul regard. On dit que la jalousie est un vilain défaut. Je la considère plutôt comme un risque mortel.

          Malgré les divertissements, je ne cesse de penser à ma mère. J'ai besoin d'elle. J'ai besoin de la voir, qu'elle m'aide à me sortir de là. Hadès me propose de l'ambroisie toutes les deux minutes. J'ai assez de connaissances pour savoir qu'il ne faut absolument pas que je me nourrisse ici autrement je ne pourrai jamais partir. Merci Madame Greenwich !

          Je me contrôle pour refuser calmement mais ma patience s'effrite peu à peu. Je veux voir ma mère ! Détourner mon attention n'y changera rien. Mes regards noirs ne le découragent pourtant pas. Il continue de garder son sourire charmeur plaqué sur son visage, tout en me baladant d'un bout à l'autre de la salle de réception.

— Ma patience a ses limites Hadès. Tu m'as promis de m'amener à ma mère. Maintenant, respecte ta promesse ! m'insurgé-je.

— Très bien ma Reine. Après tout, tu as respecté ta part du marché. Je te préviens tout de même : n'espère pas que ta mère te montre la sortie. Elle n'est au courant de rien. Et puis, si tu t'enfuis, disons que Kingston Springs ne verra plus jamais de jours heureux.

          Hadès me regarde avec un sourire narquois. Il a le pouvoir et il le sait. Il parle dans l'oreille d'un de ses disciples, qui s'éclipse pour enfin revenir avec ma mère enchaînée. Je me précipite vers elle et me tourne vers Hadès, furieuse.

— Pourquoi est-elle enchaînée ? Libère-la tout de suite !

— Quel tempérament ! J'adore ça. Enlève-lui ces chaînes. Elle ne tentera rien, n'est-ce pas ma chère ? s'adresse-t-il à la femme qui m'a mise au monde.

— Tant que vous ne ferez pas de mal à ma fille je resterai tranquille.

— Sage décision.

          Une fois libérée, ma mère me prend tendrement dans ses bras. Elle m'a tant manquée. Son parfum reste le même. Elle m'apaise. Entourée de sa bienveillance, j'ai l'impression que tout ira pour le mieux. J'en oublie presque la situation actuelle mais Hadès semble vouloir me ramener à l'ordre du jour. Il me détache de ma mère et positionne sa main sur ma hanche pour prouver que je suis en sa possession et qu'il a gagné.

— Votre bataille a été vaine belle-maman. Élisabeth est ma femme à présent et tous vos efforts ont été réduits en poussière, fanfaronne le dieu des enfers.

— Comment avez-vous pu ? Vous avez manqué à votre parole !

— Non ! Vous avez manqué à votre parole ! Vous étiez censée me donner votre première née. Vous avez voulu changer les termes du pacte mais on ne change jamais les termes conclus.

Moïra - Tome 1 : La Malédiction des DunnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant