Chapitre 16

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Francis était parti après nous avoir expliqué son plan brillant, peu convaincant, mais c'était le seul qu'on avait. Il me laissa en tête-à-tête avec Greg, le temps que Zooey rentre ; Francis lui devait aller travailler et elle, rentrer du sien, de travail. La journée s'était écoulée sans se faire remarquer, et j'étais là, chez elle, avec son frère, à attendre. Une certaine excitation mêlée de stress commençait à poindre dans mon ventre, et je voyais, du coin de l'œil, que Greg voulait me parler, me parler d'un sujet important ; je le voyais, surtout, dans ses lèvres qui s'étiraient par moment. Alors, sans transition, coupant le silence ambiant :

— C'en est où avec Zooey ? demanda-t-il l'air de rien.

— Pardon ?

Quelque chose s'était bloqué dans ma gorge. Lui, sans ménagement toujours :

— Bah vos retrouvailles, la petite soirée que vous avez passée ensemble chez toi, l'autre soir ?

Je déglutis.

— Et bien... euh... ça s'est passé ?

Puis, j'eu un rire nerveux, et après une pause, pleine de panique, sous son regard interrogateur :

— Qu'est-ce que tu veux savoir, précisément ?

— Rien, je te taquine, souffla-t-il par complaisance, les yeux doucement plissés par un sourire, voyant mon malaise croître. Je voulais juste savoir si ça se passait toujours bien, entre vous deux, je veux dire.

— Ça va, finis-je par lâcher en levant les épaules, après avoir retenu ma respiration.

Et comme les choses s'enchaînent, parfois, bien pendant les moments de panique, Zooey, comme le gong, était venue me sauver. On l'entendit entrer, claquer la porte et s'annoncer. Alors, Greg, en se rapprochant de moi, avec un sourire moqueur :

— Quand on parle de la louve...

— Je te rappelle que tu dois m'aider à la convaincre ! et c'est pas comme ça que tu vas y arriver, notai-je à voix basse également, faussement fâchée.

Et, quand elle arriva dans la pièce, la surprise l'avait saisie et lui rosa les joues ; c'était assez inattendu comme réaction, et la voir comme ça, dans cet état, réveilla les papillons dans mon ventre.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle, perplexe, flairant le mauvais coup.

— Il faut que tu viennes avec nous ! répondit Greg. Genre, absolument.

— Et où ça ? reprit-elle.

— Chez Francis, dis-je à mi-voix. Pour une soirée.

— Quel genre de soirée ? continua-t-elle avec méfiance.

— C'est pour ça, ajouta Greg en lui tendant le prospectus.

Elle le lut, attentivement, après l'avoir pris dans ses mains, pareille à un animal craintif, mais non moins sur ses gardes. Zooey fronça des sourcils à plusieurs reprises, nous regarda même, sans réellement comprendre le cheminement de notre pensée. Après tout, c'était surtout celui de Francis, et il faut avouer que sa manière de réfléchir, parfois, est capillotractée.

— Je ne vois pas le rapport, finit-elle par dire sans trop d'émotions, en rendant à son frère le prospectus.

— Écoute, lui dis-je en lui prenant les mains. Tu sais très bien prendre les gens en photo, tu as cette sensibilité, ce coup d'œil, qui met en valeur les personnes que tu photographies. Ça, tu ne peux pas le nier !

— Merci du compliment, dit-elle sans lâcher mes mains. Mais je ne vois toujours pas le rapport.

— Le rapport, ajouta Greg, c'est que là, le cadre sera différent, et l'ambiance aussi, et je suis sûr que tu pourras faire des photos qui sortent de l'ordinaire, chez Francis. Je ne sais pas moi, montrer les jeunes en soirée sous un autre angle, sous le tien !

Toi, Moi, La fin des temps. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant