Chapitre 24

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Je déposais sur ses lèvres, toutes humides encore, un baiser fugace. Et, d'un bon, prise de cette excitation frénétique qui papillonnait dans mon ventre, je descendais du lit ; je devais encore fouiller dans les tréfonds de ma valise, à peine défaite, pour la simple et bonne raison qu'il ne m'était pas venu à l'idée de sortir ces affaires-là. Non, malgré la faible probabilité qu'une personne – autre que moi – ne tombât dessus, je refusais de vivre ce moment gênant. Et tandis que j'étais accroupie en face de ma valise, je sentais le regard de Zooey me caresser la peau.

Victorieuse, j'avais brandi l'objet de nos désirs, vigoureusement empoigné dans mon poing fermé. C'était un modèle entre deux, l'avantage de ce genre de chose, c'est que l'on peut – au grand plaisir de tout le monde – choisir la taille, la forme et, pour les plus fantaisistes d'entre nous, la couleur ! Je le présentai à Zooey, comme l'on présente une bouteille de vin, lui demandai sans prononcer un mot, par notre simple jeu de regard, dans ce mutisme partagé, cette connivence naturelle qui s'était nouée entre nous deux, si ça lui convenait ; et elle, appuyée sur ses coudes, les yeux pétillants de malice et de fantasme, fit oui de la tête.

Il y avait sur son visage tout un panel de sentiments et d'émotions, allant de la curiosité la plus naïve et absolue aux pensées les plus perverses et sulfureuses ; je le savais, puisque j'étais dans le même état qu'elle. Et, sortant, de ma valise toujours, le harnais qui allait avec, Zooey m'arrêta, me demanda :

— Tu veux le porter ? Ou tu veux que je le porte ?

La question, je me l'étais aussi posée ; la réponse, je ne l'avais pas, contrairement aux envies qui, de toute part, me prenaient. À la fois, je voulais le porter, à la fois, je voulais qu'elle le porte, qu'elle me pénètre et qu'elle me prenne, dans cette envie d'abandon de soi et de lâcher prise. Alors, Zooey, voyant mon hésitation, me dit d'une voix suave, en tournant ses doigts sur les draps de mon lit, formant des petits ronds :

— Après... on a tout le temps devant nous, on peut le faire, chacune notre tour...

— C'est vrai ! rétorquai-je, trop étonnée par cette banalité évidente.

— Tu n'as qu'à commencer, continua-t-elle, tout excitée, en se mettant en place.

Elle passa sa main dans ses cheveux, me sourit simplement, et le temps de cet instant, si court mais si long, je contemplais, avec un émerveillement candide, soustrait de tout désir sexuel, son corps nu, allongé là, sur ce lit défait et encore tiède de nos ébats. C'était un moment à part, hors de la réalité, je me sentais légère et privilégiée, frappée encore et toujours par Cupidon, parce que mon cœur, visiblement, avait encore de la place pour quelques flèches de sa part. Elle était si belle, ineffable – si je voulais être pompeuse dans mes propos. Elle provoquait en moi tout un tas de choses qui me troublaient, il y avait chez elle ce sentiment de tendresse et de sûreté, que tout allait au mieux, et je me sentais bien.

— Allez ! Viens ! me dit-elle. J'attends moi, depuis tout à l'heure !

— Oui, oui ! répondis-je, désolée. J'arrive !

Alors j'enfilais le harnais, un peu maladroite, une jambe après l'autre, calant le jouet du mieux que je pouvais, dans l'emplacement prévu à cet effet, ayant perdu toute habitude de ces mouvements, puis que d'ordinaire, c'était Ju qui les faisait pour moi.

Et fin prête, je revins sur le lit, au-dessus d'elle, non moins excitée par ce qui allait suivre ; Zooey m'avait attrapé le visage, m'embrassa sans transition. Mais, une chose m'avait interrompue, et je ne pouvais pas encore clairement l'identifier. Pendant qu'elle me livrait l'un de ses baisers passionnés, caressant mon corps avec ardeur et affection, je restais indifférente à tout ça ; une étrange sensation m'avait prise, et me préoccupait bizarrement, comme si au plus profond de moi, je savais qu'il se passait un événement plus que dérangeant.

Toi, Moi, La fin des temps. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant