Chapitre 9

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Dans un premier temps, je ne disais rien. Quel étrange coup du destin, encore ; après tout, cette ville était petite, et la probabilité de croiser quelqu'un que, potentiellement, je connaissais était non nulle. Il me regardait, attendait une réponse de ma part. Moi, prise par trop d'informations, j'essayais de rationaliser ce qui m'arrivait. La réponse évidente était oui. J'étais prête à le faire avant qu'il me le proposât, pourquoi ne le serais-je plus, une fois l'invitation faite ? Mais, et comme à chaque fois qu'une chose importante est sur le point de m'arriver, j'hésitais ; pour quelles raisons ? je ne savais pas.

— Ça va être sympa ! insista-t-il avec un grand sourire.

Alors je fis oui de la tête, un peu rougissante. Un flot de sang m'était monté aux épaules et aux joues. Et Greg, s'adossant sur la banquette, très heureux :

— Je ne dirais rien à personne, ça sera notre petite surprise, d'accord ?

— Ok, murmurai-je, un peu hésitante. Tu crois que ça va bien se passer ?

— Mais, bien sûr que ça va bien se passer ! pourquoi ça ne se passerait pas bien ?

— Je ne sais pas... dis-je dans un souffle.

Greg se leva, me fit un clin d'œil, avant de me dire :

— Bon, je te laisse manger, ça va être froid !

Et, après une pause :

— À ce soir !

— À ce soir, répétai-je à voix basse, sûrement à moi-même.

Mais il revint, une minute après :

— Question conne, mais tu connais toujours notre adresse ?

Je fis oui de la tête machinalement, avant de lui donner, histoire de confirmer que c'était bien encore celle-là ; bien sûr que je connaissais toujours son adresse. C'était une information que je ne pouvais pas oublier, certainement. Après tout... c'était tout comme ma deuxième maison...

Une surprise, quelle drôle d'idée quand même ; je me voyais déjà, arriver comme une fleur, devant ces gens que je ne connais plus. Et je me demandais alors comment ses parents allaient réagir face à moi, et encore fallait il qu'ils me reconnaissent. Le plus embarrassant et gênant était qu'ils n'acceptent pas venue surprise. Tout ça, toutes ces questions qui commençaient à poindre dans ma tête, entraînaient avec elles un certain stress ; j'avais mangé seulement la moitié de mon plat, très bon au demeurant, mais mon estomac s'était un peu noué à l'idée de ces retrouvailles forcées.

J'avais payé l'addition, quelques minutes plus tard – merci, maman –, après avoir longuement ruminer dans mon coin, à parfaire mes idées, et à établir des plans savants pour éviter la gêne ; je me demandais surtout quels habits je devais mettre pour avoir la meilleure premières impressions, même si, il est vrai, que techniquement, ce n'était pas la première fois que je les voyais. J'en voulais leur en mettre plein la vue, et le plus fou dans tout ça, c'était que j'en ignorais la raison, sûrement une question d'ego et de dignité ; ou peut-être, simplement, je voulais faire bonne impression face à Zooey, que j'avais lâchement abandonnée, plus tôt dans la journée...

Alors, enfourchant mon fidèle vélo, je remontais vers chez moi ; j'avais mes écouteurs dans les oreilles, et je voulais les conseils de Judy. Pour les situations farfelues, c'était une experte. Je me souviens encore de cette fois, où, lors d'une soirée un peu trop alcoolisée, elle avait fini dans une sorte de mariage de milliardaires, comme dame d'honneur ; et ça, le lendemain seulement, totalement sobre et consciente de la situation. Et après trois tonalités, sa voix chantante me caressait les tympans :

Toi, Moi, La fin des temps. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant