Chapitre 25

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Ju, d'une voix enrouée, celle d'un lendemain de soirée un peu trop arrosée :

— Oui, qu'est-ce qu'il y a loulou ?

— Je te réveille ?

Après un silence et un long bâillement, elle racla sa gorge, enfin :

— C'est possible.

— Désolée... je te rappelle plus tard alors...

— Non, marmonna-t-elle, étouffée sans doute par ses draps.

— Non ?

— Tu ne vas pas me rappeler plus tard, dis moi ce qu'il y a...

— Rien, enfin, je t'en parlerai plus tard, quand... tu seras dans un meilleur état, ok ?

— Mais tu forces aussi loulou, s'indigna-t-elle faussement. Tu as vu à quelle heure tu m'appelles ?

— Il est dix-sept heures passé, Ju...

Elle laissa un silence, le temps de regarder l'heure sur son téléphone, probablement, puis entre le rire et l'étonnement, elle continua :

— Merde...

— Oui.

— Bon, dis moi ce qu'il y a, maintenant que tu m'as réveillée !

— Non, non, rien, je...

— Ok, me coupa-t-elle. C'est une fille ?

Je soufflai, longuement. Parfois, il m'arrivait de la trouver insupportable, quand elle voyait si clair en moi, peut-être que c'était le prix à payer d'une longue amitié. Et comme je ne répondais pas à sa question, elle ajouta :

— C'est une fille, donc. Coup d'un soir ?

Et sans même que je puisse répondre, elle enchaîna :

— Non, c'est pas vraiment ton genre... Allez, dis moi tout, ma p'tite Leah !

— C'est juste que... je suis un peu perdue. J'ai pas envie de la blesser, je n'ai pas non plus envie de faire n'importe quoi, et... je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que c'est déjà trop tard.

— Comment ça ? Elle est importante pour toi ?

— Je crois. Oui.

— Et pourquoi tu l'aurais déjà blessée ?

— Elle a changé de comportement...

— De comportement ? répéta Ju.

— Oui, et ça depuis... quelques jours déjà et...

— Mais c'est quoi ? tu... tu comptes te mettre avec elle ?

Un grand vide m'avait envahie. C'était une question que je ne m'étais pas réellement posée jusqu'à ce moment-là. Qu'est-ce que je voulais faire, concrètement, avec Zooey. C'est vrai. Cette question était tout à fait légitime ; mon séjour ici, n'était que d'une courte durée après tout ; oui, c'étaient des instants très agréables que je passais avec elle ; oui, les sentiments que j'éprouvais pour Zooey étaient vrais, profonds et sans condition ; mais, en fin de compte, est-ce que ce n'était simplement qu'une idylle estivale ? nos deux mondes étaient séparés par un gouffre immense, sans compter l'éloignement géographique à la rentrée.

Je l'aimais, Zooey, vraiment, d'un amour pur, d'une nature, du reste, que je n'arrivais pas encore à définir, mais tout au fond de moi, d'une évidence absolue, je savais que je l'aimais. Alors, perdue dans mes réflexions, je lui répondis, dans un murmure, pas totalement convaincue :

— Je ne crois pas.

— Alors, continua Ju, je ne vois pas le problème. Tant que tu es franche et claire avec elle, que tu es honnête avec ce que tu ressens, que tu ne te forces pas, surtout, tout devrait aller comme sur des roulettes. Quoi qu'il se passe entre vous deux, la clef est la communication, ok ?

Toi, Moi, La fin des temps. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant