Chapitre 30

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Je m'étais réveillée en douceur, aux bruissements des draps. Zooey, quant à elle, dormait sur mon sein, paisible, candide, plongée encore dans un sommeil calme et profond. Elle souriait, ou semblait sourire, s'était accrochée à moi comme on tient un doudou, sans l'intention de me lâcher, ne serait-ce qu'une seule seconde. La fenêtre ouverte, un vent frais – premier signe des derniers jours d'été – s'invita dans la chambre, caressait nos corps nus, à peine couverts par l'unique couverture qu'on avait. Et les souvenirs de la veille, de cette nuit torride et passionnée, me virent en mémoire, provoquèrent en moi, quelques frissons épars.

Mais aussi, surtout en réalité, une sensation étrange ; elle et moi avions fait comme si de rien n'était, comme si je n'avais pas prononcé ces fameux trois mots. Et dans un silence partagé, un secret de polichinelle, rien ne m'avait échappé.

Enfin, alors que je caressais machinalement, sans vraiment m'en rendre compte, son dos, du bout de mes doigts, Zooey leva la tête vers moi. Elle s'était, elle aussi, réveillée en douceur. Elle me salua par un franc sourire, puis un petit baiser sur le coin de mes lèvres, avant de me serrer davantage dans ses bras.

— C'était bien hier soir, me chuchotta-t-elle.

J'avais répondu oui de la tête, puis :

— Et... hum, je voulais te dire...

— Me dire quoi ?

— Non, rien, enfin, je sais plus.

Elle se redressa, un peu intriguée, me regarda dans les yeux, remit une de ses mèches que l'oreiller avait coiffée derrière son oreille, et me dit :

— Tu ne voulais rien me dire, ou tu ne sais plus ?

— Je ne sais plus, dis-je lâchement.

Puis, après un silence, pas vraiment convaincue par ma non-réponse, elle me rétorqua simplement un « d'accord » qui sous-entendait en réalité « mais encore ? » Et comme j'étais aussi muette qu'une tombe, pas assez courageuse pour déballer ce que j'avais enfouie, loin, très loin, Zooey n'insista pas, vit clairement en moi, comme dans un livre ouvert, que j'étais en difficulté, pas encore prête aussi à parler de « ça ».

Elle se leva d'un bond, d'un coup d'un seul, comme pour passer à un autre sujet, très réveillée et prête à toutes les folies. Elle s'étira, sans pudeur, m'offrait encore la vue absolue de sa personne, toute entière et sans demi-mesure ; elle faisait des sortes d'étirements, entre mouvement de yoga douteux, hasardeux et positions subjectives ; et tout chez elle me plaisait, ses courbes fines, bien dessinées, son petit ventre plat – avec ses discrètes et petites poignées d'amour –, et chaque détail qui ne correspondaient pas aux canons de beauté, sublimaient encore plus tout ce qui était déjà très beau chez elle.

— Tu me suis sous la douche ? me demanda-t-elle d'un air taquin.

— Bien sûr ! répondis-je sur le même ton.

Et elle fila, à toute allure, courant nue à travers la chambre, empoignant sur le passage, le jouet et son harnais, que l'on n'avait pas utilisés l'autre soir. Toute sa frivolité, et ses tocades spontanées vinrent une fois encore provoquer un raz-de-papillons dans mon bas-ventre. Je l'avais suivie, toute aussi excitée, laissant derrière nous toutes ces questions bien trop sérieuses et angoissantes ; après tout, on avait qu'une jeunesse et je voulais profiter de chaque moment que je pouvais avoir avec elle ; et elle aussi semblait-il.

Zooey était en train de régler la température de l'eau, à moitié sous le jet, quand j'arrivais dans la salle de bain, sur ses pas. Elle me regarda, les yeux pétillants de désir, tenant le jouet d'une main, et me dit :

Toi, Moi, La fin des temps. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant