Chapitre 14

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Zooey barbotait tranquillement dans l'eau en attendant que je la rejoignisse ; elle n'avait pas perdu une seule seconde, et me regardait maintenant, impatiente. Elle avait les bras écartés, s'était adossée contre l'un des parois du jacuzzi. Le sourire aux lèvres, d'une oreille à l'autre, les pommettes rosées d'une certaine excitation, trépignant peut-être sous cette eau trouble de bulles, elle m'invitait de son regard à la rejoindre sans attendre ; moi, quelque peu bousculée par cette soudaine euphorie, ne m'attendant pas du tout à une ouverture si facile des chakras, je me déshabillais, un peu gauche... le haut, d'abord, j'évitais de croiser ses yeux – qui me mangeaient sûrement – puis, le bas.

On était, au début, l'une en face de l'autre, dans un silence qui ne voulait rien dire ; celui-là même qui suit des salutations un peu maladroit, on ne sait pas trop où se mettre, ni quoi dire, la gêne en moins, et du reste, cette crainte absurde de commencer une phrase en même temps que l'autre. En somme, c'était cette politesse exagérée où l'on attendait bêtement que l'autre prononce le premier mot, et l'on se regardait, l'on se souriait, béatement comme deux adolescentes au balbutiement des choses qui font la joie des sens. C'était ce genre de moment mignon où l'on se mord les lèvres en plissant des sourcils, et l'on se demande sans le dire « et maintenant, on fait quoi ? »

On ne pouvait plus faire marche arrière. Nos pieds nus se touchaient par moment, c'était par là, dans ce jeu faussement innocent de caresses tout aussi coupables, qu'on avait décidé de briser cette glace qui s'était formée durant ces années l'une loin de l'autre. Et Zooey, se lançant la première :

— Et si on mettait un peu de musique, non ? T'en penses quoi ?

— C'est une bonne idée, oui !

Puis, après une courte pause :

— Tu as quelque chose en tête ? demandai-je avec mon téléphone à la main que j'avais posé sur le rebord du jacuzzi. Un artiste, un genre particulier... une playlist peut-être ?

Elle fit mine de réfléchir, tout comme moi, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait écouter ; puis, après une très courte réflexion, elle rit en soufflant du nez :

— Je ne sais pas du tout...

Alors on a décidé d'un commun accord de mettre une playlist générique, qui passe partout ; on l'avait cherché ensemble, et, une chose entrainant une autre, Zooey s'était vite retrouvée près de moi, à regarder sur mon téléphone la liste presque infinie de musique qui était en notre disposition. J'étais agréablement surprise que nos goûts musicaux, malgré les années, n'aient pas pris de chemin trop divergent, mis à part deux ou trop exceptions, elle et moi écoutions le même genre de musique ; c'était donc tout naturellement qu'on avait fini par trouver la playlist idéal pour un moment à deux : un mélange de pop datée, des années où l'on en avait à peine seize, idéal pour raviver la nostalgie tout en chantant faussement en chœur, par-dessus le haut-parleur de poche !

Tout se passait à merveille, les caresses de pieds s'étaient vite transformées en des rapprochements plus osés, parfois même des papouilles, sans aller plus loin, cependant. Et alors qu'on était rentrée, sans trop de sérieux, dans un grand débat pour savoir lesquelles de totally spies étaient objectivement la meilleure, la musique se coupa pour faire place à ma sonnerie de téléphone ; Zooey, étant plus proche de ce dernier que moi, le regarda en premier, sans gêne aucune, encore toute hilare de notre discussion endiablée de bêtises et de faux arguments, se basant uniquement sur le charme et la beauté des protagonistes ; son rire se transforma petit à petit en un silence intrigué, et, les sourcils levés, elle ne dit rien.

Moi, totalement inconsciente :

— C'est qui ?

— Bah, c'est marqué "Ju" avec un coeur jaune... dit-elle simplement.

Toi, Moi, La fin des temps. (GxG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant