Lyra

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- Et, à ce moment-là, la Numéro 3 a lancé une rumeur et...

- C'est bon, Lyra. Je connais cette scène par cœur. Tu me le racontes tous les soirs ! Va te coucher. Il est tard. 

- D'accord... 

Elle m'embrasse sur la joue et file jusqu'à sa chambre, Pantalaimon sur ses talons. Je soupire de fatigue. Qui peut autant parler en vingt minutes ? Lyra bat tous les records, en tout cas. J'enfile mon pyjama et me glisse sous mes couvertures. 

- A-Abby... 

Je rouvre les yeux. Lyra se tient devant moi, larmoyante. 

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu te rends compte de l'heure qu'il est, Lyra ?

- Je... j'ai fait un cauchemar... 

Elle sanglote contre moi. J'allume la lumière. Mon réveil indique plus de minuit. Et je sais que, quand Lyra fait un cauchemar, elle est inconsolable. Elle pleut pleurer des heures. 

- Bon... viens. 

Je me lève et sors discrètement dans les couloirs froids. Lyra me suit à pas de loup. 

Je ne suis pas censée me promener dans le bâtiment après 20 heures. La dernière fois, la directrice en personne m'a dit que, si ça arrivait encore, ça allait "très mal tourner". Que du bluff... mais quand même. 

On entre dans la grande cuisine de l'orphelinat. Les casseroles étincellent sous les rayons de lune qui traversent la lucarne. 

Je lui fais chauffer du lait. Lyra renifle, assise sur une chaise. 

Une fois le lait prêt, je le verse dans une tasse ébréchée et lui tend. Elle souffle dessus et en boit à petites gorgées. Je m'assois en face d'elle, les bras croisés sur la table, mon menton posé sur eux. 

- Raconte-moi ton cauchemar, maint... 

La lumière s'allume et Lyra pousse un cri de surprise. Madame Cecilia se tient devant nous, menaçante, accompagnée du concierge Santagrow. Il attrape Lyra par le bras. La tasse se fracasse sur le carrelage.

- Je vous aviez dit ne de plus sortir la nuit, Abigail... alors POURQUOI êtes-vous ici ? siffle la directrice. 

- Vous me faites mal... gémit Lyra à l'intention du concierge. 

- Lâchez Lyra... elle n'a rien fait ! je m'écrie en me levant. 

La claque raisonne partout dans mon corps et ma tête tourne sur le côté. Mes cheveux entraînés dans l'élan me cachent la vue. Je relève la tête en effleurant ma joue meurtrie. 

- Vous n'avez pas le droit. 

- Grandissez un peu, et vous saurez que les adultes ont du pouvoir sur tout. 

Elle se tourne vers Santagrow et Lyra, dont les joues mouillées brillent comme un miroir. 

- Punissez Belacqua. Qu'Abigail prenne conscience que ses actes ont des impacts sur son entourage. 

- Non ! je m'écrie, impuissante. 

Mais ils sont déjà partis. Mes yeux se baissent vers les débris de la tasse à mes pieds.

Ne jamais penser que les menaces qu'on vous lance sont du bluff. 

Ne pas croire cette affirmation fut une erreur.

Erlar || TUA 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant