Chapitre 5 : Abby tout court

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PDV VIKTOR

Il y a un silence de mort dans l'appartement, excepté le bruit de la douche.

Cinq, certainement privé de descendance jusqu'à la fin de ses jours, souffre en silence, Klaus termine le paquet de céréales, les yeux dans le vide, Diego rumine, le visage enfoui dans ses mains, et Lila le regarde, tout aussi consternée.

PDV CINQ

Je me lève en soupirant.

- Tu fais quoi ? demande Lila.

- Je vais vérifier si cette fille cheloue n'est pas là juste pour nous tuer dans notre sommeil.

Je ramasse le gros sac à dos noir et en verse le contenu par terre. Il y a un nombre innombrable de choses.

- Un lecteur Mp3

- Le casque qui va avec

- Un paquet de chewing-gum à la cerise

- Un tee-shirt rouge

- Un grand tee-shirt avec le logo d'une équipe de basket dessus

- Une jupe

- Un autre jean noir

- Un grand pull en laine blanc

- Quelques dollars

- Une pochette pour les filles... on va pas ouvrir ça.

- Des dizaines d'élastiques pour les cheveux (comment elle peut réussir à s'attacher les cheveux avec sa coiffure ?)

- Un exemplaire corné de Nos étoiles contraires en français

- Et plein de marqueurs à alcool de toutes les couleurs.

Alors que je m'apprête à tout remettre dedans, des gouttes d'eau tombent sur mon épaule. Je sursaute et me retourne. La fille (je ne sais même plus son prénom), les cheveux mouillés, enveloppée dans une grande serviette, est accroupie derrière moi et regarde par-dessus mon épaule d'un air amusé.

- Tu sais que c'est mal de fouiller dans le sac des gens ? Qu'est-ce que tu faisais, exactement ?

- Je regardais si tu n'étais pas une terroriste.

- J'ai une tête à en être une ? rétorque-t-elle en haussant les sourcils.

Elle attrape le pull blanc et le jean puis repart dans la salle de bains.

- Alors ? lance Lila. Verdict ?

- Elle ne va pas nous tuer mais elle est cinglée.

PDV LILA

En tout cas, moi, j'aime bien cette meuf. Elle a l'air sympa, même si elle est quand même assez bizarre. Mais bon, moi, j'ai passé des années dans un asile, je ne peux pas parler.

En parlant du loup, elle revient de la salle de bains habillée du pull et du jean. Je la détaille en silence. C'est une vieille habitude de la Commission, observer les gens pour apprendre le plus de choses sur eux.

Elle est assez grande, dans les 1m 70, avec de longues jambes effilées. Elle n'est pas jolie, enfin pas tellement. Ça dépend des angles. Elle a de beaux yeux marron et des cheveux blonds dorés. Par contre, sa coiffure, je ne vois pas trop à quoi ça ressemble. Une sorte de coupe au carré, au niveau du menton, en dégradé. Certaines mèches ondulent et on dirait un peu qu'elle s'est coiffée avec un pétard. Cette idée me fait rire.

PDV ABBY

Après avoir récupéré mes affaires auprès de ce petit con de Cinq et m'être habillée, je reviens dans le salon et m'assois dans le second canapé entre Viktor et Klaus. Je pioche dans le paquet de céréales. Luther prend la parole.

- Si tu dis vrai... ce dont je ne suis pas sûr... j'ai plusieurs questions.

- A tes risques et périls, je réponds.

- Déjà, comment tu t'appelles ?

- Je vous l'ai dit. Abby.

- C'est le diminutif d'Abigail ? interroge Cinq.

- Oh, mon dieu, tu es tellement perspicace ! Woaw.

- Et ton nom de famille ? Où sont tes parents ?

- Je n'ai pas de nom de famille. C'est Abby-tout-court. Et mes parents sont au cimetière.

- Ca nous avance bien...

J'hausse les épaules en mangeant les corn-flakes.

- Comment tu es arrivée ici ? demande Viktor.

C'est un interrogatoire ou quoi ?

- J'ai créé un portail, tout simplement.

Cinq fronce les sourcils.

- Attends... quoi ? Tu as des pouvoirs ?

- Non, imbécile. Je suis juste intelligente et, si tu veux une estimation, bien plus que toi.

- Personne n'est plus intelligent que moi.

En toute modestie...

- Tu me fais déjà chier, je soupire. Tu affirmes que tu es un surdoué et les gens croient ça car ils ne voient qu'un mec de 14-15 ans. Ils ne savent pas que tu as dans les 60 ans en réalité. Mais donc, tu n'es pas spécialement intelligent. Tu as une intelligence tout à fait banale pour un mec de 60 ballets. Sauf que ton corps de gamin donne l'impression que tu es précoce, alors que pas du tout. Tu es un mec de 60 ans normal avec un QI normal. Par contre, moi, j'ai vraiment 15 ans et je suis vraiment précoce.

Je soutiens longuement le regard noir de Cinq dont le cerveau doit être en PLS à présent. Soudain, Lila se tord de rire sur les genoux de Diego.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? siffle Cinq.

- Tu... tu t'es fait recaler par une gamine, souffle-t-elle entre deux hoquets. Incroyable. Oh, mon dieu. Je n'y crois pas.

- Elle raconte absolument n'importe quoi !!

Mais je sais qu'il sait que je sais que je dis la vérité.

- Et on s'éloigne du sujet, là... ajoute-t-il. Donc, d'après toi, ton cerveau incroyablement puissant a réussi à créer un portail vers cet univers ?

Il a dit ça avec un sourire sarcastique qui me donne clairement envie de le baffer.

- Exactement, je réponds posément. Il suffisait de faire quelques calculs compliqués... et de ne pas faire d'erreur de virgule.

Cinq se lève d'un bond, fulminant, mais Luther le rassoit brutalement :

- Sois gentil avec les dames.

Erlar || TUA 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant