Klaus était en train de se doucher, et moi en train de regarder la télé sans humeur, quand j'ai entendu Abby renifler sur le balcon. Je l'ai rejointe dans le froid. Nos souffles dessinaient de petits nuages gris qui se distinguaient du ciel noir.
- Ça va ?
- Non, a-t-elle soupiré.
- Pourquoi ?
Elle a pris une inspiration, les doigts crispés autour de la barre en métal du balcon.
- Peu à peu, a-t-elle commencé d'une voix lente, je commence à perdre l'espoir que l'on puisse arrêter cette dictature à la con. Je réalise qu'il est capable de tout. Il a tué Lyra, Robby et le reste de mes seuls amis. C'est certainement lui qui a causé le meurtre dont Klaus parlait, peut-être sur l'entourage de Viktor. Ça me semble tellement impossible que l'on sorte de ce merdier en vie que j'ai arrêté de penser à mon avenir et à toutes ces conneries.
- Et tu voulais faire quoi ?
- Je ne sais pas. J'avais pensé à professeure des écoles ou médecin pour les centres de désintoxication. Je sais que c'est bizarre, mais bon...
Elle parlait doucement, d'un air pénétré, et je ne sais pas pourquoi mais je me suis penché légèrement vers elle, envahi par la certitude que nous devions nous embrasser là tout de suite maintenant. Mais alors qu'elle-même se penchait vers moi, elle a rompu la magie en un clin d'œil.
Elle s'est détournée et, doucement, pour elle-même peut-être, a ajouté :
- Bon, je ne veux pas commencer à faire partie de ces gens qui passent leur temps à raconter ce qu'ils ont l'intention de faire plus tard. Imaginer l'avenir est une forme de nostalgie.
- Hein ? j'ai fait, un peu hébété et encore sonné par ce qui aurait pû se passer juste avant, mais soulagé aussi.
- On passe sa vie coincé dans le labyrinthe à essayer d'en sortir, en se régalant à l'avance de cette perspective. Et rêver de l'avenir permet de continuer, sauf qu'on ne passe jamais à sa réalisation. On se sert de l'avenir pour échapper au présent.
Ca tenait debout. En fait, j'avais résonné comme ça les premières années de mon arrivée dans l'apocalypse. Mais pourquoi elle me parlait de ça, maintenant ?
- Parfois, j'ai du mal à te cerner.
Abby a eu un petit rire.
- Tu ne me cerneras jamais.
Plus tard, une fois couchés, moi et Abby sur le lit et Klaus qui avait tenu, je ne sais pas pourquoi, à dormir par terre, je l'ai sentie se coller à moi si proche que j'ai pu sentir pleinement l'odeur de ses cheveux. Et dans les promesses du moment, je tenais tout juste assez à elle. Je n'étais vraiment pas sûr de l'aimer tellement elle changeait vite de personnalité et à cause de ça je doutais qu'elle fut vraiment d'une grande confiance, mais je me sentais bien à ses côtés.
Puis soudain, j'ai pris du recul, et j'ai abouti à une terrible conclusion. En fréquentant Abby, j'étais en train de faire renaître chez moi des sentiments enfouis en moi depuis très longtemps, et que ce soit pour quelqu'un d'autre que Dolorès, ça ne me plaisait pas du tout.
Le moment inachevé sur le balcon avec Abby me hante toute la nuit. Et malheureusement, je crois qu'elle est le genre de fille lunatique et folle pour laquelle il est possible que j'aie éventuellement un faible.
To be continued...
J'écris ce chapitre à l'arrache sur l'ordi d'une médiathèque donc ce n'est pas relu :')
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Erlar || TUA 4
FanficIls ont perdu leurs pouvoirs mais essayé de commencer une nouvelle vie... normale. Difficile quand on vit dans un univers sous la dictature d'un milliardaire égocentrique. Surtout qu'une menace approche. Et c'est une fille bizarre débarquée de nulle...