Chapitre 27 : Raconte-moi

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- C'est charmant, ici, tu ne trouves pas ? fait la voix lointaine de Cinq. 

Je cligne des yeux. J'ai un goût métallique dans la bouche et j'ai l'impression qu'elle est remplie de sable. J'ai mal la tête. J'essaie de bouger mais je n'y arrive pas, je suis bloquée. 

- Ça ne sert à rien d'essayer de bouger princesse. Tu es attachée, si tu savais pas. 

- Qu'est-ce que... que... qu'il s'est passé ? j'articule, la voix pâteuse. 

- D'après mes souvenirs, répond la voix de Cinq de plus en plus nette -bien que je ne le voie pas-, on nous a endormis avec un chiffon imbibé d'un produit ou d'un truc du genre et laissé ici. 

Les derniers évènements me remontent en tête. Ah... ah, putain ! 

- Et... tu es où, là ? 

- Juste derrière toi. 

J'essaie de tourner la tête mais je n'y arrive pas assez pour le voir. Je sens juste sa présence contre moi. Apparemment, on est attachés dos à dos sur un tabouret. La salle dans laquelle nous sommes est sombre et vide. Il fait froid. Vraiment très, très froid. L'expiration de ma bouche crée un petit nuage et mes bras sont couverts de chair de poule. 

PDV CINQ 

On a échoué, on est foutus.

Ce sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit quand je me suis réveillé dans cette salle glacée. En même temps, ça se voit qu'on est pas ici pour prendre le thé. 

Ca fait quoi, cinq minutes que j'ai repris mes esprits, et depuis, mon cerveau ne cesse de répéter cette phrase. 

- Je suis désolée. 

Je redresse la tête en fronçant les sourcils. 

- De quoi ? 

- C'est à cause de moi qu'on en est là. 

- Mais non... 

- Tu sais que c'est vrai, Cinq. 

Oui, je sais. 

Abby s'agite sur le siège. Ça me fait grimacer car les sangles me serrent un peu plus et ça fait mal. 

- Où est le sac ? 

- Ils nous l'ont pris. Ils ont tout pris, je pense. 

- Ah. 

Il y a un grand silence. Aucun bruit. Puis, Abby renverse sa tête en arrière contre ma nuque et éclate de rire. Oui. Elle rigole. Son rire remplit et résonne dans toute la salle. 

- Pourquoi tu te marres ? 

- C'est juste que...-elle reprend son souffle- Moi, Abigail-tout-court, venant d'un orphelinat paumé de cassos, je vais mourir dans la base secrète d'un dictateur qui a la folie des grandeurs, avec LE Cinq Hargreeves dont tout le monde parle ! 

Je souris. Notre situation est complètement désespérée et invraisemblable, elle a raison.   

- Raconte-moi comment c'était. 

- Comment c'était quoi ?                                                                            

- L'apocalypse. 

- Quand j'étais coincé dedans ? 

- Ouais. 

- Pourquoi tu veux savoir ça ? 

- Je m'ennuie. Alors raconte-moi.

Je soupire et baisse la tête car ses cheveux me chatouillent la nuque. 

Erlar || TUA 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant