Erlar || TUA 4

Chapitre 14 : Une demi-douzaine d'œufs

Je sors de la baignoire dix minutes plus tard. Je me sèche et enfile les vêtements que Cinq m'a passé. C'est un sweat à capuche bleu foncé et un jean Levis. On fait la même taille Cinq et moi, donc ils me vont même si le sweat est légèrement trop grand. Je remets de l'ordre dans mes cheveux et reviens dans le salon en espérant que mes yeux ne sont pas trop rouges. Je m'étais promis de ne plus pleurer depuis l'épisode du lait chaud. Et j'avais réussi à ne pas verser une larme jusqu'à aujourd'hui... 

Je sais que Cinq a tout dit à Klaus, je les ai entendus depuis la salle de bains. Ce mec n'est pas trop le genre de personne qui garde sa langue. Espérons que Klaus sache garder les secrets, lui. Ce n'est pas par honte. C'est juste que ça ne sert à rien que la terre entière soit au courant de ce qu'il s'est passé. Plus le moins de gens possibles le savent, mieux c'est.

En parlant de Klaus, il est assis dans le canapé en train de parler avec Cinq. 

- Tu vas mieux ? me demande l'auto-proclamé psy. 

Pourquoi tout le monde me demande ça, bordel ? 

Klaus bondit du canapé et prend mon visage entre ses mains. Il me regarde avec intensité puis lâche : 

- OK. T'es pas complètement vidée. Tu as encore de la colère en toi. Viens. 

* * *

- Rappelle-moi ce qu'on fait là ? je soupire. 

- Tu vas te défouler, répond Klaus en ouvrant la boîte d'œufs qu'il avait pris. Il m'en tend un. 

Nous sommes, lui, Cinq et moi, dans la rue, l'odeur de la pluie flottant encore dans l'air. Devant nous sont garées des voitures rutilantes en bas d'un immeuble tout aussi luxueux, toujours à Pebble Lane. 

- Lance-le sur une bagnole de toutes tes forces, ajoute-t-il. 

- Hein ?

- Comme ça ! 

Il prend un œuf et le balance sur la voiture blanche avec un cri de guerre. 

- Oh, bordel... fait Cinq. 

Mais ça se voit qu'il se marre de l'intérieur. 

Je lance à mon tour mon œuf qui s'écrase sur une vitre de la même voiture.

- OUI ! CONTINUE COMME CA ! C'EST CA QU'ON VEUT, ABBY ! hurle Klaus. 

Au bout du quatrième œuf -j'y mets toute mon âme-, une fenêtre de l'immeuble s'ouvre et une dame en bigoudis se penche, furieuse. 

- Qu'est-ce que vous foutez, petits cons ?! 

- C'est vous la propriétaire de cette voiture ? lance Cinq.

- Oui ! 

- Eh bien, on est venus pour se venger en quelque sorte. Peut-être qu'on ne paye pas de mine comme ça, mais cet individu -il désigne Klaus- est un dirigeant d'une secte qui pourrait bientôt dépasser les Illuminati, je suis un tueur à gages psychopathe, et cette demoiselle, eh bien... c'est une folle échappée d'un asile, qui pourrait très bien vous tuer. Mais, surtout, nous disposons également d'une bonne demi-douzaine d'œufs. C'est une arme fatale, vous savez. Alors je vous conseille vivement de refermer vos fenêtres, de ne pas appeler la police et de vous enfermer à double-tour avant que nous arrivions chez vous.