Je dois presser le pas derrière Stanley qui, malgré ses jambes courtes, marche assez vite. Il prend une pomme dans un chariot et un bibelot doré sur une commode en passant dans les couloirs.
- Alors c'est toi la meuf que le roi attendait depuis des jours ? Avec ton pote le chiffre ?
Je sens que je vais devoir me faire à ce titre de roi pour ce vieux bibelot qu'est Reginald Hargreeves.
- Ouais. Apparemment. Dis, t'es sûr que tu peux prendre des trucs comme ça ? C'est pas censé être hyper strict, ici ?
- Normalement. Mais là, il y a tellement d'agitation que tout le monde s'en branle, répond-il avec assurance en grimpant quatre à quatre un escalier couvert de velours rouge. Mais il parait que les punitions sont horribles quand la reine Abigail apprend ou voit des conneries. Un des gardes a éternué lors d'une cérémonie, et il aurait d'après des gens, pleuré du sang quand la reine l'a vu. Ou un truc comme ça.
- Cool, je fais sans ironie. Donc, toi, tu es un rebelle de la société, c'est ça ?
- Ouaip. Je vais partout, je vole partout, j'écoute des conversations partout, comme un ninja.
- Tu vas bientôt finir comme le petit Grégory si tu continues à faire le thug comme ça.
Stan marmonne un énième "ouais", ne sachant sans doute pas qui c'est, et s'engouffre dans un autre couloir.
*skip parce que j'ai une apocalypse à arrêter*
Une dizaine d'interminables minutes à grimper cinq escaliers, traverser onze couloirs, franchir quatre portes dérobées plus tard, l'inépuisable Stanley déclare simplement après avoir cérémonieusement ouvert une porte :
- Voilà.
J'entre dans la pièce que je contemple avec émerveillement. Tout le château, enfin, le "peu" que j'ai vu, est aussi luxueux que celui de Versailles ou même plus encore, mais j'en ai toujours le souffle coupé à chaque nouveau décor. Les quatre coins de la pièce sont décorés de moulures dorées, tout comme sur les angles du plafond sur lequel une magnifique image d'Epinal d'anges et de paradis (des conneries comme ça) y est peinte. Il y a des fauteuils en velours pourpre, des tentures et une bibliothèque, mais le lieu semble se prolonger derrière une petite porte simple, en bois.
- Bonjour, s'incline poliment Stanley devant les deux personnes assises dans les fauteuils.
Il y a une belle dame avec de longs cheveux blonds châtains et bouclés, qui porte une robe de soie bleu ciel scintillante. L'autre femme assise près d'elle lui ressemble, mais ses cheveux sont blonds dorés comme les miens, presque plus, coiffés en anglaises très raffinées. Elle a des yeux d'un bleu très clair, et sa peau est très pâle et lisse. Elle porte la même robe, mais en rose pâle. Elle dégage une beauté comme je n'en ai jamais vu. L'autre femme est très élégante et assez canon, mais rien comparé à elle. La première femme se lève, souriante.
- Merci, mon enfant. Tu peux y aller.
Stan me souffle un "bonne chance" et s'éclipse. Je me tortille, mal à l'aise.
- Bonjour, Abigail. Je m'appelle Sloane et voici Berenilde.
- Bonjour, je murmure en m'inclinant maladroitement.
La belle femme en rose glousse d'un rire cristallin qui emplit toute la pièce, bien que je n'ai rien dit de drôle. Ses boucles s'agitent.
- Ne sois pas si coincée, chérie. Assieds-toi donc. Thé ? Café ?
- Du thé. S'il vous plait.
- Parfait, puisque nous n'avons pas de café.
Je m'assois dans un des fauteuils plus raides que ce que j'aurais imaginé et essaie de me tenir le plus droite possible. Je me sens gauche devant ces princesses. Enfin, je ne connais pas leur rang, mais elles doivent en avoir un bon. Bref.
*skip parce que presque tous les prêtres ont des calvities*
Pendant trois heures, Dame (oui, il faut dire ça apparemment) Sloane et Dame Berenilde m'ont appris à me tenir droite, à sourire, à m'incliner, à marcher, à m'assoir, à me lever, à m'assoir, à me lever, à rire poliment, à serrer une main, à accepter une danse. J'en ai eu mal à la tête. Puis, des servantes ou je-ne-sais quelles dames de fonctions sont arrivées pour me couper les cheveux de quelques millimètres, me les boucler convenablement (enfin, remettre de l'ordre dans celles que j'avais déjà), me tailler les ongles, m'appliquer un vernis transparent, m'épiler les sourcils, me mettre pleins de produits chelous, et enfin, j'ai pu enfiler un peignoir tout doux et suivre les deux Dames derrière la petite porte dérobée.
- Wow, je souffle en regardant autour de moi.
- "Magnifique", rectifie Sloane derrière mon dos.
- Oui, je vous prie de m'excuser, ma chère. Magnifique.
J'ai l'impression que je vais vomir à force d'aligner des phrases pareilles, mais pour l'instant, je suis plus en train de contempler la pièce.
Sur les murs, je veux dire, TOUS les espaces de mur, des centaines de vêtements sont alignés. Tous des robes. Des blanches, des vertes, des bleues, des lilas, des roses, des rouges, en satin, en mousseline, en matière douteuse, en dentelle... C'est à la fois un rêve, de voir ça, mais aussi un cauchemar car je sais que je ne suis pas là par hasard, je vais devoir en porter une.
Une autre femme arrive avec un paquet, une grande boîte écarlate.
- Ouvrez-la donc, je vous en prie, dit Dame Berenilde en lissant les plis de sa robe.
Je défais le ruban et soulève le couvercle. Dès que je vois le tissu, j'ai la gorge nouée. Dame Sloane m'aide à la déployer.
C'est une magnifique robe rouge sang, à col bateau. Il y a une sorte de ceinture argentée pas très jolie, et en dessous se prolonge une jupe tellement spacieuse que l'on pourrait cacher mon avenir dedans. Je me retiens de compter, mais je suis sûre qu'il y a au moins cinq épaisseurs. J'ai l'impression de toucher un nuage en effleurant la mousseline écarlate.
- Je ne peux pas porter ça, je souffle.
- Sa Majesté la Reine en personne l'a choisie pour vous, déclare Dame Berenilde d'un air fier. Elle serait très déçue de vous voir au bal sans, et ce n'est pas comme si vous aviez le choix.
Ca me rassure beaucoup.
To be continued...
SLOANE IS BACK !!!!!!
Et oui, pour ceux qui se demandaient, Dame Berenilde, c'est bien la Dame Berenilde de la Passe-Miroir (omg c'est incroyable cette saga)
Pour la robe j'avais vraiment pas d'idées j'ai choisi la mieux 😂

VOUS LISEZ
Erlar || TUA 4
Fiksi PenggemarIls ont perdu leurs pouvoirs mais essayé de commencer une nouvelle vie... normale. Difficile quand on vit dans un univers sous la dictature d'un milliardaire égocentrique. Surtout qu'une menace approche. Et c'est une fille bizarre débarquée de nulle...