Chapitre 22 : Où Maisie Richards définit l'Amour Platonique

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PDV ABBY

Pour accéder aux conduits d'aérations, je veux dire, pour que le "chemin" soit le plus court possible, il faut aller à la bibliothèque à laquelle travaille Cinq. Le conduit le plus simple d'accès est au sous-sol, dans les archives. On se précipite vers les portes battantes car il a recommencé à pleuvoir. Je sens que je ne vais pas me faire à ces variations météos. On est dans Le jour d'après ou quoi ?

Le vent souffle tellement fort que je vacillais à chaque pas. Quand j'entre dans le hall chauffé, je pousse un soupire d'aise en marchant vers le comptoir avec Cinq. J'appuie sur la sonnette et personne ne vient. Je commence à essayer d'engager la conversation avec Cinq, car je m'emmerde en attendant le ou la bibliothécaire. Enfin, c'est plutôt moi qui débite des phrases à toute vitesse. Je l'entends soupirer d'exaspération. 

- Quoi ? Je parle trop, c'est ça ? 

- Comment dire... 

- Je sais. On me le rappelle souvent. En plus de dire des choses nulles à chier, je parle trop vite, je sais. Souvent mon cerveau va plus vite que ma bouche, ou ma bouche plus vite que mon cerveau, je ne sais plus, c'est ça où l'inverse ? Je crois que c'est la bouche qui va plus vite que le cerveau, non ? 

- Abby. Ta gueule. S'il te plaît. 

- Demandé si gentiment... 

Cinq appuie une dizaine de fois sur la sonnette. 

- C'est bon, c'est bon, j'arrive... 

Je m'attendais à voir une dame en chemisier très sévère, une employée chicos dans un lieu chicos, quoi, mais c'est un mec d'une vingtaine d'années, mal rasé, avec un sweat blanc, qui arrive. 

- Désolé, fait Cinq d'une voix pincée. On est pressés. 

- Oh, salut, mec. Je t'avais pas reconnu. Ça va ? Ah, t'as ramené une meuf. N'essayez pas de faire des trucs classés X ici, y'a des caméras partout. 

- Non, on est juste... commence Cinq. 

- Amis, je complète. Notre relation est platonique. Avec un grand P.

Cinq m'écrase le pied pour m'intimer de me taire puis dit : 

- Arnaud, je sais que je ne pourrai les avoir que dans, genre, deux-trois ans, mais il nous faudrait absolument les clés des archives. 

- Pourquoi faire ? 

Il est vraiment con. En même temps pour s'appeler Arnaud...

- Pour aller dans les archives, répond-il. 

- Logique. Mais nan, désolé. 

- Arnaud... 

- J'ai dit nan. 

Je me penche au-dessus du comptoir. 

- Si je te fais une pipe, tu accepteras ? 

Il écarquille les yeux. 

- Hein ? Euh, dans ma voiture ou... 

Je ricane.

-  Tu y as vraiment cru ? J'ai à peine 16 piges, connard. 

Je prends les clés qu'il avait dans la main et les agite sous le nez de mon ami platonique. 

- On y va ? 


Après avoir laissé un Arnaud assez choqué derrière le comptoir, je descends les escaliers métalliques quatre à quatre. Cinq est furieux évidemment, car d'après lui, j'ai fait foiré notre discrétion -enfin, SA discrétion, la discrétion et moi, ça fait 2-. Mais il n'a pas le temps d'ouvrir la bouche qu'on croise une meuf dans le couloir. Elle a une tonne de dossiers dans les bras. C'est écrit Olivia sur son badge, ça va bien avec ses longs cheveux noirs et sa robe jaune. Elle est un peu plus petite que nous mais ça se voit physiquement qu'elle doit avoir une vingtaine d'années... vous avez capté pourquoi. 

- Oh, bonjour Morgan ! s'exclame-t-elle en souriant. 

Je regarde autour de nous comme une conne, puis je réalise qu'elle parle de Cinq. Attendez... Morgan ? Erreur 404. Elle l'embrasse sur les deux joues et il tressaille. Aucune matière d'affection, ce mec. Mais il lui sourit quand même. Moi, jalouse ? Pas du toooouuuuut 🤨 . 

- Salut, Olive. 

- Tu vas aux archives ? Qui t'a donné les clés ? 

Ta mère. 

Pardon. 

- Euh... Arnaud. 

- Ah bon ? 

Bon, Cinq tape la discute avec "Olive" ou on y va ?? Je lui attrape le bras.

- N'oublie pas que nous sommes pressés, Morgan.

- Excuse-moi, intervient Olivia, qui es-tu ? 

- Je... 

- Une stagiaire, bafouille Cinq.

- Une stagiaire ? 

- Euh... oui, je réponds. Je m'appelle... Maisie. Maisie Richards. 

- Ah, d'accord. Enchantée, Maisie. 

- C'est ça. 

Elle me dévisage et je pousse Cinq vers la porte. Il fait un pauvre sourire à Olivia et on entre dans la pièce des archives.

Erlar || TUA 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant