Chapitre 9 : Bell Row

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PDV ABBY

Marrant. Je m'appelle comme la femme de Reggie. Mais ce n'est pas forcément un truc cool, en fait.

- Eh bien, quoi ? fait Lila. 

- Qu'est-ce que l'on fait ? On y va ? répond Cinq.

- Pourquoi on n'irait pas ? je réplique. 

- Réfléchis deux secondes à ce que tu as dit, peut-être ? Que Reginald voulait nous tuer ? On ne va pas s'exposer comme ça. 

Je reste silencieuse deux secondes pour réfléchir, comme il me l'a conseillé, puis je lâche : 

- Ce sera une façon de voir si il est sérieux ou non. Avec un peu de chance, on obtiendra des infos importantes sur ses projets. Si on essaie de vous tuer, vous êtes des grands, vous êtes l'Umbrella Academy, donc ça ne risque pas, et dans tous les cas, on va faire la fête. Ce sera cool. 

* * *

Je lisse les plis de ma robe rose beige. Elle est à Lila, donc légèrement trop grande. Elle traîne par terre. Je n'ai pas l'habitude de porter des robes, donc je ne suis pas très à l'aise, surtout que celle-là est sans manches ni bretelles donc je me sens à poil. J'ai gardé mes Vans. Je porte une robe rose, mais faut pas abuser, non plus.

- Donc, je répète encore une fois, déclare Luther, habillé d'un costard bleu marine. Vous ne vous éloignez pas, vous ne vous soûlez pas, vous ne parlez pas aux inconnus et, par pitié, ne vous faites pas remarquer. 

Je me sens visée.

- On n'a pas 15 ans, Luther, rétorque Cinq. 

Luther me jette un regard appuyé. 

- Certains, si. Bon, on se retrouve à minuit dans la cour. 

Je regarde les grandes et élégantes portes du château de Bell Row. Des couples bien habillés et très sages, ennuyeux, y entrent. 

J'espère que la nourriture est bonne, ici. 

Je me rends compte qu'ils sont tous partis et que je suis toute seule. Je soupire et entre dans la foule. 

* * * 

PDV CINQ

Que dire de cette soirée ? C'est... très sobre. Il n'y a que des valses longues et ennuyeuses. J'ai perdu tout le monde de vue. Sir Reginald et sa femme valsent au milieu de la piste, l'air très romantique. C'est perturbant de voir dans chaque dimension la personne qui vous a élevé sous une autre forme. Ici, c'est un dictateur sévère et égocentrique. Pas super. 

Mes yeux glissent jusqu'à un espace vide dans la foule de danseurs et je manque d'avoir un arrêt cardiaque. Au milieu d'eux, Abby danse, son casque sur ses oreilles. Enfin, si l'on peut appeler ça danser. Là, elle sautille plus en esquissant des sortes de pas de danse, en agitant ses bras. On dirait plutôt une folle qu'autre chose. Mais elle est folle. Les couples autour d'elle lui jettent des regards gênés mais n'osent pas intervenir. 

Quand elle croise mon regard désespéré et en colère, elle me brandit son majeur, puis le colle à son index pour faire comme si elle me fusillait, me tire la langue, puis retourne à sa danse. 

Quand la valse se termine et que les couples s'éparpillent je me précipite vers elle et l'attrape par le bras. 

- Tu es sérieuse, là ? Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans "ne pas se faire remarquer" ? Qu'est-ce que tu fous, bordel ?!

J'avoue que j'y suis allée un peu fort mais Abby n'a pas l'air choqué.  Elle se contente de me fixer et de lâcher :

- Je m'amuse et profite de la fête. On se retrouve à minuit. Salut.

Puis elle se dégage et disparaît dans la foule.

* * *

PDV ABBY

Je sors dans la grande cour prendre l'air. Il est bientôt minuit et je suis crevée. J'ai chaud et... j'ai peut-être un peu trop bu de punch. C'est pas comme si Klaus m'avait influencée, aussi. Et qu'une femme m'avait proposé un joint. C'est dégueulasse, ce truc. 

Je lève la tête vers les étoiles. Woaw. C'est trop beau. Je tourne sur moi-même pour observer le ciel en toute sa splendeur. Puis, prise de nausées, je me plie en deux et vomis tout mon avenir (c'est à dire cinq verres de punch planteur, trois petits-fours, une coupe de champagne, une part de quiche)  sur les graviers blancs.

* * *

PDV LUTHER

Il est minuit passé. Nous marchons dans les rues sombres, fatigués et un peu groggy. Je porte Abby dans mes bras. Je ne sais pas comment ça se fait, mais elle est complètement défoncée. Si elle vomit sur mon costume, je promets de la jeter dans le caniveau. Ce gala était un échec total. 

Abby tend son bras et passe une main dans les cheveux de Cinq pour les décoiffer. Il se dégage en grognant mais elle lui pince la joue.

- J'en connais une qui t'aime bien, Cinq, rit Lila. 

- Oh, ta gueule. Elle est complètement bourrée. 

- Donc, dans son état normal. 

- J'ai l'impression... commence Abby. J'ai l'impression d'être dans... dans ce film, là... Comment...Comment ça... s'appelle, déjà... le film avec... Michael Fox... celui où... la mère veut se taper le fils ? Dans... le passé ? Sauf que... il vient du futur ? Enfin, du... présent ? Donc c'est...chelou ?

Elle glousse et Diego soupire de lassitude. 

Erlar || TUA 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant