V - Charles

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J'avais rejoint les autres après avoir passé quelques minutes toute seule. J'étais en train de parler avec les filles mais l'ambiance était assez pesante. Charlotte était avec Charles qui ne décolérait pas. Il m'en voulait terriblement et c'était normal. J'étais très mal à l'aise.

« Bon, faut faire quoi pour détendre l'atmosphère ? Demanda Lando.
- Faut qu'elle parte, répondit Charles.
- Charles, t'abuse! Dit Pierre.
- Mais t'es un ouf toi aussi. Tu veux qu'elle reste parce que t'es toujours amoureux. Mais vas y, vous défendez l'indéfendable.
- Mec!
- Quoi ? Tu lui as pas dit quand vous avez parlé tout à l'heure. Bah voilà Chiara, il est jamais passé à autre chose, il t'aime encore.
- Charles, putain!
- J'aurais peut-être pas du poser la question, chuchota Lando.
- T'es vraiment un idiot Charles. T'es énervé contre moi et tu t'en prends à lui, ça va pas dans ton cerveau! Qu'il m'aime ou pas est ce que c'est ton problème ? J'ai dit combien de fois que j'étais passée à autre chose. Vous voulez un dessin ? J'ai un copain que j'aime et qui me rend heureuse. Bref, je crois que t'as raison Charles, je vais m'en aller. C'était cool George, merci, mais plus jamais. Passes tes clés, tu rentreras avec Pierre.

Je récupérai les clés de la voiture de George et roulai jusqu'à l'hôtel. Je m'allongeai sur le lit et me laissai aller. Cela faisait des mois que j'avais tout canalisé, que je ne me permettais pas de penser à ma vie d'il y a 2 ans. Mais les voir, tous les deux, Charles à m'en vouloir et Pierre à être juste lui, c'en était trop. Je me mis à pleurer. Cela faisait aussi longtemps que je n'avais pas libéré mes émotions. Jack disait que pleurer c'était pour les faibles et que j'étais une femme forte. Mon téléphone sonna.

« Allô ?
- Tu réponds que maintenant ?
- Pas maintenant Jack, s'il te plait.
- Qu'est ce que tu as ?
- J'ai revu des gens que j'avais essayé d'oublier.
- Ton ex ?
- Par exemple.
- Tu me fais quoi là Chiara ? Tu me dis de ne pas m'inquiéter et tu le revois lui ? Après tout ce qu'il t'a fait ? T'as pas bien compris la leçon c'est ça ? Tu veux souffrir encore plus ?
- C'est vraiment pas le moment.
- Si c'est le moment. C'est ta première journée, j'aurai jamais du te laisser partir.
- Stop. S'il te plait, commençai-je à pleurer.
- Tu pleures ? Je veux pas être avec une fille qui pleure moi.
- Jack, putain, c'est pas le moment.
- Mais c'est quand le moment alors ?
- Tu veux me quitter parce que je pleure ?
- Je veux pas te quitter Chiara, mais tu sais ce que je pense de ça.
- En fait c'est trop là, je te rappelle demain. J'ai besoin de dormir.
- Je t'aime Chiara.
- Mmh, moi aussi.

Je raccrochai et pleurai.

J'avais rencontré Jack à une de nos virées hebdomadaires à Berlin. Avec Ana, on y allait souvent pour l'administration de son écurie. L'Allemagne avait plus de moyens que la Pologne dans le sport automobile. On était en juillet et il faisait une chaleur pesante dans la capitale allemande. On avait décidé de rester le soir pour profiter. Dans un bar, un homme était venu m'accoster. Et c'était la première fois que je ne disais pas non directement. J'avais pris du temps mais il fallait que j'aille de l'avant. Et de fil en aiguille, on avait parlé, on avait appris à se connaitre et quelques mois plus tard, on a commencé à sortir ensemble. Au début, je le comparais sans cesse à Pierre mais au fur et à mesure, on avait crée une vraie relation de confiance. Mais je n'avais jamais été prête à lui dire je t'aime. Il n'était pas l'homme de ma vie, je le savais.

On frappa à la porte et je sursautai. J'ouvris et vis Pierre.

- Je peux ?
- Je t'en prie. Fais comme chez toi. Au fait je voulais te rendre quelque chose, attends.

Je partis dans la salle de bain et récupérai le bracelet de sa mère.

- Chiara...
- Je peux pas l'avoir. Tu remercieras Pascale. Elle me manque beaucoup.
- Tu lui manques aussi. J'ai entendu un peu de ton appel, t'étais avec ton mec ?
- Mmh.
- Je savais pas.
- Personne ne le savait. Je lui ai même pas dit que j'étais avec vous ce soir.
- Sympa la relation de confiance.
- Commences pas.
- Ça va être compliqué avec Charles tu sais, tu l'as blessé.
- Au final on peut dire que c'est de ta faute. Charles a juste été un dommage collatéral.
- Chiara!
- Pourquoi t'es là Pierre ?
- Je sais pas.
- Si tu sais, dis moi.
- Ça m'a fait bizarre de te voir ce matin.
- J'ai vu ça.
- Mais t'avais l'air insensible, je voulais juste savoir ce qu'il se passait dans ta tête.
- Pierre... ça fait 2 ans qu'on s'est pas parlé.
- Je sais, je sais pas ce que je fais là.
- Pierre, je veux dire, on bosse ensemble là, c'est pas comme il y a 2 ans.
- Je sais bien. Je sais bien que je t'ai perdu pour toujours.
- Pierre...

Je baissais le regard sur ses mains qui tremblaient.

- Tu l'as gardé, dis-je en prenant son doigt où il y avait sa chevalière.

Au contact de ma peau sur la mienne, un frisson me parcourut le corps, comme avant.

- Je suis pas passé à autre chose Chiara, j'ai essayé, vraiment.
- Je... je sais pas quoi te dire.
- Dis rien. Je vais y aller. Bonne nuit, Chiara. J'étais heureux de te parler.

Il sortit et claqua la porte derrière lui. J'étais bouleversée. Et je savais aussi que c'était pour ça que j'avais quitté la F1. Pour ne pas revivre ce que je vivais avec lui. Pour ne plus ressentir cet amour destructeur. J'étais complètement perdue. Et dans ces moments là, je ne voulais parler qu'à une personne.

Je pris mon téléphone et appelai un numéro.

« Allô ?
- Cha', c'est Chiara. Charles est avec toi ?
- Il est parti prendre l'air.
- Tu sais où il est exactement ?
- Je lui envoie un message et te dis ça.
- Merci.

Je raccrochai, mis mes chaussures, un sweat et attendis le message de Charlotte qui arriva quelques secondes plus tard. Je sortis de l'hôtel et allai à la recherche de Charles. Je le vis au loin, sur un banc, avec ses écouteurs. Je m'assis à côté de lui, sans rien dire. Puis il enleva un écouteur.

- Chiara, qu'est ce que tu fais là ?
- J'ai besoin de toi. Charles je sais que tu m'as pas pardonné, qu'il faudra du temps et je sais même pas si t'arriveras à me reconsidérer comme ta soeur mais j'ai besoin de toi. Pierre est venu dans ma chambre tout à l'heure.
- T'es perdue c'est ça ?
- Il a toujours la chevalière.
- Je sais Chiara, je sais. Il l'a pas lâché une seconde depuis qu'il l'a. Tu l'aimes vraiment ton mec ?
- J'ai jamais réussi à lui dire je t'aime.
- Mais Chiara. Qu'est ce que t'attends là ?
- Je sais pas. Je crois que j'ai juste besoin d'être seule. Pas de copain, pas de Pierre, rien du tout.
- Mais tu sais que tu vas voir Pierre tous les jours.
- Je sais, je vais prendre sur moi.
- Et tu sais aussi que s'il se passe quelque chose entre vous, là tu devras choisir entre ton job et lui.
- C'est pour ça qu'il ne se passera rien.
- Me mens pas à moi.
- Merci Charles, d'être toujours là.
- Viens dans mes bras. C'est pas pardonné mais qu'est ce que tu m'as manqué.
- Je suis vraiment désolée.
- Je sais.

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Encore un chapitre intéressant (désolée du retard, j'étais au Mans toute la journée).

Maria.

Monde Cruel // Pierre Gasly - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant