Monde Cruel // Pierre Gasly - Tome 2

XLVI - la reflexion

POV Pierre

Je m'installai dans la voiture en essayant d'oublier ce qu'il venait de se passer. L'intervention de Chiara partait surement d'une bonne intention mais faire deux crises de jalousie en l'espace de quelques heures, avant une course, était trop. J'avais besoin qu'elle ait confiance en moi. J'en avais besoin pour être sur d'avancer dans la bonne direction et ensemble. Je ne voulais pas la perdre mais dans une année aussi importante, je ne pouvais pas laisser des ondes négatives me prendre la tête avant les courses. Je vérifiai que mon casque était bien attaché, on me mit ma ceinture et les personnes autour de ma voiture s'écartèrent.

« RADIO CHECK, RADIO CHECK.
CLEAR AND LOUD », répondis-je.

Et comme avant chaque départ, je fermai les yeux quelques instants et vidai mon esprit. Je mis de côté Chiara, mes problèmes d'argent, Katerina. Je ne pensai plus qu'à une chose : gagner cette course et ce championnat. A la fin du tour de formation, je me mis en 3e position et quand les feux s'éteignirent, je n'étais plus le même. Le pied à fond sur la pédale de droite, mon premier objectif était de ne pas me faire dépasser par Max derrière. Quand au bout de quelques tours, je commençai à prendre mes distances, je vis Charles se rapprocher de plus en plus de moi. C'était l'indication qu'il fallait que je sois intelligent et sérieux pour le dépasser sans accrochage. Mais Monaco n'était pas le circuit le plus propice aux dépassements et Charles était chez lui. Je n'aurais pas beaucoup de chances et il ne fallait pas que je patiente trop derrière lui. George s'éloignait petit à petit, et je voulais cette victoire. À la première occasion, sur la ligne de départ/arrivée, je dépassais mon ami et des frissons me parcoururent le corps. C'était toujours la même sensation d'être à des centaines de kilomètres à l'heure et de se sentir aussi libre. Je fis encore quelques tours et on m'appela aux stands. Quand le classement se figea après que chaque pilote ait changé de pneus, George devint ma cible.

« 15 LAPS TO GO TO. YOU CAN DO IT PIERRE. »

Je laissai mon esprit divaguer quelques secondes en imaginant Chiara, une main devant les yeux de peur que je ne fasse n'importe quoi et un casque sur les oreilles pour ne pas perdre une miette de toutes les conversations radio. Puis je me concentrai à nouveau. Il fallait que je gagne. J'appuyai encore un peu sur la pédale et compris rapidement que j'avais plus de rythme que George. Toto allait-il lui dire de me laisser passer ? En étions-nous rendus là ? Et ne serait-ce pas une victoire volée, pas entièrement méritée ?

« I DON'T WANT ANYONE TO SAY ANYTHING. LET US DRIVE PLEASE », dis-je finalement à la radio.

J'étais concentré. Le goût de la victoire me manquait. Il me fallait celle là. J'étais déterminé. Et à la première occasion, je dépassai mon coéquipier pour prendre la tête du Grand Prix. Je pris un peu d'avance avant de voir le drapeau à damiers s'agiter quand je passai la ligne d'arrivée. J'étais de nouveau dans la course au championnat.

« MONACO BABY!
- YOU DID IT PIERRE. CONGRATS. 1-2 FOR THE TEAM!
- THANK YOU GUYS FOR THE CAR AND CONGRATS TO THE TEAM! »

Le tour d'honneur se finit et je me garai dans la voie des stands avant de sortir de la voiture et de sauter dans les bras de mes mécaniciens. J'enlevai mon casque et la vis, un peu en retrait. Je lui fis un clin d'oeil et la vis partir. Il fallait que je gagne cette course. Et j'avais bien compris que Chiara n'avait pas la force de me voir sur la première marche du podium avec Katerina. En tout honnêteté, j'aurais voulu qu'elle soit là avec moi. Je croisai le regard de Toto, fier de nous deux. Je pris George dans les bras et on se sourit. Avant d'aller à la pesée et de monter sur le podium, je profitai d'avoir mon patron à côté de moi.

« Bravo Pierre, tu as très bien conduit.
- Merci Toto. Est-ce que je peux te demander quelque chose ?
- Dis moi mais dépêche toi.
- J'aimerais choisir la personne de l'équipe pour venir récupérer le trophée.
- Qui tu veux. C'est Monaco. Dis moi et je me charge de prévenir tout le monde.