Chapitre 7

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Liam

    Quand j'arrive chez moi, je me sens soulagé. Pour la première fois depuis longtemps, sans compter toutes celles que je passe avec Evan, j'ai pu profiter d'une après-midi des plus tranquilles en bonne compagnie. 

    Lorsque j'ai retrouvé Manon à quatorze heures, comme elle me l'avait précisé dans son petit papier glissé en histoire, elle m'attendait déjà, prête à partir. Je n'ai pas manqué de lui faire remarquer que seule des têtes de mules dans son genre préfèrent utiliser les  méthodes vieilles comme le monde alors que la technologie existe. La tête dans son sac, elle ne m'avait pas vu arriver mais dès que je me suis approché, elle a relevé sa queue de cheval blonde et m'a salué, surprise de m'apercevoir si tôt.

     Puis, après échange de banalités nous étions partis et avions pris une nouvelle fois le bus. Je commençais à connaître le trajet de la ligne neuf, mais j'étais sûr de ne jamais devenir aussi expert que Manon. Elle avait l'air d'avoir fait cet itinéraire des centaines de fois, tant elle était à l'aise de ne pas regarder à travers la fenêtre pour savoir à quel arrêt nous nous trouvions. 

     De deviner cette habitude chez elle m'avait serré le cœur.

     Lorsque Manon s'était arrêtée devant un des bancs de l'hôpital, j'étais resté debout, cherchant à l'embêter.

- Déjà fatiguée ? Tu as peu d'endurance, Manon.

    Elle m'avait jeté un regard si noir que je n'avais rien ajouté, puis une main appuyée sur son cœur, elle avait finit par répondre.

- Les...  visites ne sont qu'à quinze heures trente.

- Pourquoi partir si tôt ?

- J'avais un devoir surveillé mais je ne suis pas en état aujourd'hui... J'ai... Je suis fatiguée.

     En disant ça, j'avais observé son visage qui avait pâli et je m'étais approché pour lui prendre la main.

- Tout va bien ? Tu as l'air ailleurs...

- T'en fais pas, j'ai juste besoin de me poser. Tout va bien.

     Mais quand sa main avait serré plus fort la mienne, j'avais compris qu'elle ne me disait pas toute la vérité. Pourtant, je n'ai fait aucun commentaire et suis resté à côté d'elle une bonne partie de l'après-midi pendant que nous débattions de tout et rien.

     Au début, j'étais tendu à l'idée de voir apparaître mon père à n'importe quel moment. Je doute que l'idée d'apercevoir son fils sur le parking de son lieu de travail alors que j'avais cours jusqu'à dix-huit heures ne l'enchante. Mais au fil du temps qui s'est écoulé, je me suis moi aussi détendu, laissant Manon caler sa tête sur mon épaule le temps qu'elle arrête de lui tourner. 

     Elle a fouillé de nouveau son sac, et m'a tendu l'écouteur qu'elle m'avait subtilisé deux semaines avant. Nous étions restés quelques temps, assis l'un à côté de l'autre, et avec ce qu'elle venait de me rendre, nous avions écouté de la musique, tous les deux, alternant entre nos playlists respectives.

- Garde-le, avait-elle suggéré quand j'avais tendu la main pour récupérer l'écouteur. Même sans, tu continueras à venir m'embêter, non ?

     J'avais acquiescé, mordant mes joues pour ne pas rire.

     Quand elle s'est relevée, ses mains ne tremblaient presque plus, et bien que j'ai voulu l'accompagner jusqu'à la chambre de sa grand-mère, elle a refusé, prétextant que j'allais arriver en retard au cours de monsieur  Ornier. 

    Je crois qu'elle ne savait pas que non seulement, j'avais déjà raté bien plus de la  moitié du cours de monsieur Ornier en plus de mon début d'après-midi, mais qu'en plus je n'en avais strictement rien à faire tant que je réussissais à grappiller quelques minutes à côté d'elle.

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant