Chapitre 31

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Liam

     Après plus d'une heure passée à discuter tous les deux sur l'herbe, Manon se lève pour se dégourdir les jambes. Je l'observe, un sourire amusé sur les lèvres. 

     Ses yeux ont retrouvé un semblant d'éclat et le léger courant d'air laisse quelques mèches s'échapper de son chignon bas et virevolter autour de son visage. Ses mains sont occupées à pianoter sur son portable et quand elle remarque que je la détaille, elle me sourit elle aussi. Un sourire sincère qui me réchauffe le cœur. 

- Tu voudrais qu'on finisse l'après-midi chez moi ?

     Sa voix est douce. Et sa proposition me tente d'autant plus. 

- Ouais. Ouais, avec plaisir.

- Avec plaisir ? Carrément ?

     Je secoue la tête, amusé. 

- Tu vois ce que je veux dire.

- Je vois surtout que tu es impatient de découvrir le Manon Palace. Par contre, fait-elle en lorgnant mon skate, ce n'est pas tout près. Tu penses pouvoir gérer le tout avec ta planche ou on récupère un bus ?

- Avec ton vélo ? Non. Je suis un homme fort, ne t'en fais pas.

     Elle lève les yeux au ciel.

- Bien sûr. Évidemment. Ne te plains pas une seule fois, je t'aurai prévenu.

***

    Une fois arrivé devant chez Manon, je m'écroule dans l'herbe. J'avais oublié la chaleur ambiante qui régnait. On n'est qu'au printemps, mais le soleil n'en a pas décidé ainsi.

- Ah non, ne meurs pas dans mon jardin. Je n'ai pas assez de forces pour t'enterrer maintenant.

- Il va me falloir un baiser magique... 

- Tu oublies le fait qu'il y a besoin d'un baiser d'amour sincère, mon cher. Je ne te serai d'aucune utilité, glisse-t-elle en ouvrant la porte d'entrée avec sa clé.

- Tu viendras me ramasser quand même ?

- Je ne veux pas effrayer les gosses avec ton cadavre, ne t'en fais pas.

- OK, c'est bon, je suis rassuré. Je peux partir en paix...

    Quand j'ouvre les yeux, je vois une Manon qui me tend sa main, un air faussement exaspéré sur le visage. 

- Allez, debout. Trop de témoins pour te laisser gésir ici sans rien faire.

    J'attrape ses doigts et me laisse porter. Deux voitures passent dans la rue du lotissement pour lui donner raison.

- Je salue ton sens de l'honneur.

    Je rentre dans sa maison et laisse mes chaussures sur le paillasson. Le salon est une petite pièce chaleureuse où le canapé prend la plus grande place. Au mur, tout autour de la télévision, se trouvent des dizaines et des dizaines de livres, plus ou moins grands et je comprends d'où Manon tient son amour des bouquins. Un gros meuble dont les vitres laissent apercevoir de la vaisselle et des babioles est placé en face.

    Une porte en bois est à demie-ouverte et laisse deviner la cuisine plutôt moderne dans laquelle une table trône au centre. On aperçoit le frigo rempli de photos et de post-it accrochés par des aimants aux couleurs plus vives les unes que les autres. À gauche du salon, une autre porte en bois est fermée et Manon m'indique qu'il s'agit de la chambre de sa mère. Un peu plus loin dans le couloir se trouve la sienne, après la salle de bains. 

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant