Pétrichor

Chapitre 37

Liam

    Après notre virée dans les rues pour retrouver un peu de fraîcheur, nous nous installons de nouveau sur le bord de mer. Cette fois, c'est une plage surveillée, malgré le fait que nous ne sommes encore que mi-mai. 

    Manon bronze sur le ventre depuis une dizaine de minutes et je laisse mon regard dériver sur le décor qui nous entoure, accoudé à ma serviette. Mes cicatrices sont visibles, mais elles ne me dérangent pas, pour une fois. Parce que je me rappelle du regard de Manon quand je lui en ai fait le récit et que je me suis juste senti compris. Pas affreux, juste compris.

    Des enfants s'amusent à courir sur le sable brûlant, tandis que d'autres sont déjà dans l'eau froide. Je laisse mon regard parcourir la plage et trouve loisir à découvrir des lecteurs, des joueurs, des parents, des amis, tout un mélange hétéroclite qui me fait sourire.

    Je n'arrive pas à savoir de quoi j'ai l'air, avec Manon. Je me prends à espérer que les gens se trompent sur la nature de notre relation, qu'ils voient en nous plus que de simples amis. J'aime bien cette idée. Elle, la blonde intrépide, et moi, le brun transi. Voilà un indice qui doit me trahir. Le sourire que je n'arrête pas d'afficher. Il est fier, voyant, et bien présent. C'est un sourire béat plutôt dangereux.

    Ce matin encore, mon père m'a de nouveau interpellé. Il avait dans les yeux la lueur de celui qui s'inquiète, et je mentirai si je disais que j'y étais habitué. Il pense que je ne suis pas assez fort pour faire face à sa maladie.

    Il me suffit d'un seul coup d'oeil du côté de Manon pour savoir qu'elle en vaut le coup. Que tout ce qu'elle représente pour moi, en vaut le coup. C'est un rayon de soleil, et si un jour, je dois faire face à sa part d'ombre, elle en vaudra le coup, quitte à me brûler les ailes au passage.

- Tu m'accompagnes dans l'eau ?

- Parce que tu vas te baigner ?

- Me tremper les pieds, propose-t-elle à la place après un coup d'œil à la température de l'eau.

    J'accepte et me relève en premier. Manon prend la main que je lui tends et s'appuie dessus pour se lever. Pourtant, une fois debout, elle me lance un sourire fier avant de prendre la fuite, en courant jusqu'à l'eau. Je ris de son attitude enfantine et la poursuis sur le sable, tout en laissant une certaine distance entre nous. Elle se retourne plusieurs fois, pour vérifier où j'en suis, et c'est quand je la rejoins dans l'eau qu'une pensée me frappe.

    Ce soir, je lui dis.

***

    Le soleil commence sa course vers l'horizon, et nous décidons de nous diriger à nouveau du côté des rues animées pour trouver de quoi dîner et revenir d'ici le coucher de soleil. J'ai eu plusieurs messages d'Evan qui voulait savoir comment la journée avançait, mais je lui ai répondu à chaque fois avec un pouce levé, cherchant toujours à garder un œil sur Manon.

    Elle a un sourire qui me rassure, donnant l'impression qu'elle s'amuse. Je mentirai si je disais que la voir heureuse ne me fait rien. Je me rends compte qu'elle est devenue une constante dans ma vie, sur laquelle j'aime pouvoir me reposer. Elle a un petit quelque chose en plus, qui la rend unique, et qui par-dessus tout, me rend un peu fou.

    Elle a troqué ses lunettes de vue contre celles de soleil, qu'elle a placées sur le sommet de sa tête et m'entraîne vers une boutique qu'elle a repéré tout à l'heure. Ma main dans la sienne, je la laisse me guider même si son sens d'orientation commence à me faire douter.

- Mince, ce n'était pas non plus cette rue, peste-t-elle après un coup d'œil.

- Tu peux me rappeler ce qu'on cherche depuis tout à l'heure ?