Pétrichor

Chapitre 33

Liam

     Notre étreinte a pris fin depuis quelques temps, pourtant, j'ai encore le parfum fruité des cheveux de Manon dans le nez alors qu'elle a la tête dans un tiroir à la recherche de la balance.

- Je te promets que je l'avais rangé là, la dernière fois.

    Je me marre, parce que c'est la troisième fois qu'elle me dit ça pour un placard différent.

- Tu as essayé dans celui-là ?

     Elle se dirige vers l'étagère que je pointe du doigt.

- Je peux bien regarder, mais je suis sûre qu'elle n'est p... Oh ! Trouvée !

- Tu disais ?

     Elle secoue la tête, désabusée, et continue de sortir tout son matériel, un par un.

- Je suis désolée de t'imposer mon atelier cuisine mais j'ai proposé à ma mère de préparer de quoi manger ce soir et je ferai mieux de m'y mettre maintenant pour être sûre que les lasagnes soient prêtes à temps.

- Tu es une femme prête à marier, dis donc.

- Attention, commentaire misogyne en vue, réplique Manon en se servant d'une cuillère en bois comme gyrophare.

    Je laisse échapper un rire tandis qu'elle continue son tour de la cuisine. Elle finit par ouvrir le frigo et en sortir du beurre qu'elle pose devant moi. 

- En piste, monsieur. Montrez-moi vos talents.

- Pour faire fondre le beurre ? Sérieusement ?

- Je voulais vérifier si tu savais faire fondre le beurre autant que tu fais fondre mon cœur, glisse-t-elle dans un clin d'œil exagéré.

    Je la dévisage, pas certain de la réaction à adopter face à sa remarque digne d'un gros lourd arrosé un samedi soir.

- OK, j'avoue que j'aurai pu mieux faire. Laisse-moi une autre chance !

     Je secoue la tête, amusé. 

- Une autre !

- Tu as loupé ton moment de gloire, désolé, mais tu restes sur un gros bide.

- Je ne m'avoue pas vaincue pour autant, ce n'est que partie remise.

    Je la laisse à son désir de revanche et partage le beurre avant de le glisser dans un bol pour qu'il fonde. Elle s'occupe de sortir un oignon pour le couper avant de le frire.

- Manon ?

- Oui ?

     Quand elle se retourne vers moi, ses yeux rouges laissent couler des petites larmes sur ses joues et je secoue la tête.

- Tu sais qu'il existe des astuces pour éviter ça ?

- Je sais surtout que Hollywood doit les utiliser pour les scènes de tragédie, oui, fait-elle en pointant les oignons du bout de son couteau.

- Laisse-moi le faire.

- Pour que tu donnes raison à notre société patriarcale qui veut montrer que les hommes sont censés être des gros durs qui nous protègent, pauvres et frêles créatures que nous sommes ?

- Non, pour que tu arrêtes de renifler bruyamment.

    Elle me jette un torchon au visage, mais finit par céder sa place. Alors que je commence à reprendre sa tâche, elle m'arrête, les yeux fixés sur son téléphone.

- Liam ! Arrête tout !

- Hein ?

- Je viens de dégoter l'astuce du siècle. Attends-moi.