Chapitre 18

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Liam

    Depuis que j'ai laissé libre cours à mon envie, je n'arrête pas de fixer les lèvres de Manon. J'ai beau eu dire que c'était pour l'embêter, ce mensonge a seulement pris forme en voyant son regard confus pour ne pas qu'elle me déteste à nouveau. Maintenant, je m'en veux parce que je n'ai pas vérifié qu'elle soit en accord avec ce que je m'apprêtais à lui faire. 

    J'étais pourtant sûr d'avoir compris ce qu'elle sous-entendait, mais ce n'était là encore une fois que le fruit de mon imagination qui cherchait désespérément des signes. Je pourrais dire que je n'aurai jamais dû l'embrasser, mais me mentir n'est tout bonnement pas possible. J'en crève d'envie depuis samedi.

- Liam ?

- Oui ?

- Tu es dans la Lune, non ? C'est la troisième fois que je te pose une question, se moque Manon.

     Je passe une main dans mes cheveux, remettant de l'ordre dans mes idées. 

- Pardon.

- Est-ce que ça t'irait si on monte au Loup d'Or ?

     Je hoche la tête, convaincu par son programme. Le Loup d'Or est un café qui propose une terrasse avec vue sur le boulevard, et en plus d'avoir un emplacement agréable, les tarifs permettent aux étudiants de venir boire un verre de temps en temps sans se ruiner, autant dire, un vrai paradis. 

    Ses lunettes sur le haut de sa tête, Manon commence à me parler de tout et de rien à une vitesse folle. Je la soupçonne de chercher à faire oublier ce qu'il vient de se passer en dépit de son soi-disant pacte. Néanmoins, je l'écoute sans broncher, profitant du sourire éclatant dont elle m'a privé depuis ce matin. 

- Tu me parles souvent de Clémentine, mais quand est-ce que je pourrai la rencontrer ?

    Ma question la surprend, si bien qu'elle s'arrête en plein milieu du trottoir. Elle écarquille les yeux, puis fronce les sourcils et finit par reprendre la parole.

- Tu voudrais rencontrer Clémentine ?

- Eh bien, oui. Elle a l'air sympa.

     Manon reprend sa marche, moi à ses côtés.

- Mais... Pourquoi ?

- Je ne sais pas, elle a l'air importante à tes yeux. Et tu en parles tellement que j'ai l'impression de la connaître. C'est d'ailleurs fou que je ne vous ai jamais vu ensemble, tant vous avez d'aventures toutes les deux.

- Ça, c'est parce que... En fait, Clémentine est à l'hôpital. Depuis... Longtemps.

    À mon tour d'être surpris.

- Oh. Désolé. Je ne voulais pas amener de sujets sensibles sur le tapis.

- Non, non. Ce n'est pas un sujet sensible à proprement parler. Disons que ça fait si longtemps que c'est devenu normal. Oui, c'est ça le mot, normal.  

-  Ça craint.

- Elle m'a dit exactement la même chose, hier !

    Même si l'ombre dans ses pupilles est passé, je n'ose pas lui demander la raison. Cette Clémentine a l'air d'une chouette fille, et j'espère, autant pour elle que pour Manon, qu'elle sortira bientôt de sa mauvaise passe. 

    Nous arrivons au Loup d'Or après quelques minutes encore et nous nous installons sur une table au bord de la terrasse. Le soleil, bien que présent, ne réchauffe pas vraiment l'air autour de nous en ce début janvier et même s'il est agréable sur nos visages, nous gardons nos pulls respectifs. 

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant