Chapitre 41

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Manon

    Mes yeux s'ouvrent difficilement et ma gorge me pique. Je tousse une fois, puis deux, et j'entends une porte s'ouvrir brusquement.

- Manon !

- Madame, veuillez ressortir s'il vous plaît, nous vous appellerons quand vous pourrez entrer.

- Maman ?

     Je ne sais pas où je me trouve. Une lumière s'allume dans la pièce et je ferme les yeux, regrettant instantanément l'obscurité dans laquelle je me trouvais. Lorsque je les rouvre, il ne me faut pas longtemps avant de faire le lien. Je connais ces pièces, je connais cette odeur d'antiseptique, le bruit du moniteur cardiaque, et les pas pressés des infirmiers dans le couloir. 

- Bonjour, Manon. Comment te sens-tu ?

     Une infirmière que je n'ai jamais vu me fait face. Elle a l'air fatigué, mais pourtant, c'est avec un sourire doux qu'elle me salue.

- J'ai connu pire. Peut-être un peu étourdie.

- Tu ne risques plus rien, pour le moment, si cela peut te rassurer. Ton ami a réussi à te sortir de l'eau avant qu'il n'y ait des dégâts irréparables sur ton corps, et tu pourras sortir sous peu, si les derniers examens sont bons.

- Merci, dis-je lorsqu'elle me tend de quoi manger.

- Prends des forces, je repasserai sans trop tarder.

     Elle sort de la pièce, me laissant seule devant mon plateau-repas. Les évènements d'hier soir me reviennent en bloc d'un seul coup et je me sens submergée par leur violence soudaine. La plage, la ville, Liam, la plage, le soir, le ponton, Liam, l'eau, Liam, et... Plus rien. 

- Toc, toc. Je peux entrer ?

     Je reconnais la voix de ma mère derrière la porte, et accepte sans hésiter.

- Ma chérie... Je suis si contente de te voir, s'exclame-t-elle en me serrant dans ses bras.

     Je le suis, moi aussi, pour être honnête. 

- Il est quelle heure ?

- Sept heures passées. Ça a été une longue nuit, pour toi. Clémentine ne va pas tarder à passer, elle a tenu à rester éveillée jusqu'à ce que tu sois hors de danger, mais Estelle l'a forcée à aller se coucher ensuite. Jasper, aussi devrait venir. À moins que tu ne préfères être un peu seule, pour reprendre tes esprits ?

- Non, non. C'est bon.

    Elle me détaille de ses grands yeux clairs, et sourit, tranquillement. La voir, assise à côté du lit dont je ne peux pas sortir me fait serrer des dents. Dès le début de l'été, j'aurai à nouveau le droit à la chimiothérapie intensive. Cinq semaines à attendre que mon corps essaie de s'en sortir tant bien que mal, avec l'espoir fou qu'il y arrive. Maman à mon chevet dès sa sortie du travail, alors même qu'elle devrait profiter du retour du soleil.

- Où est... Où est Liam ?

- Il est reparti. Il m'a appelé dans la nuit, mais je ne savais pas encore comment tu allais.

     Je hoche la tête, et tente de masquer la pointe de déception de ne pas pouvoir le voir de suite.

- Tu savais que c'était le fils du docteur Barle ?

- J'ai cru comprendre, oui.

- Ils n'ont pas l'air de s'entendre à merveille. Je crois les avoir entendu se disputer avant que Liam ne parte. C'est dommage de voir que dans certaines familles, les relations sont si compliquées, tu ne trouves pas ?

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant