Chapitre 24

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Liam

- Laisse-moi tranquille, Liam.

    Je regarde mon meilleur pote, ne sachant pas quoi répondre à ça. Il secoue la tête, avant d'ajouter.

- J'aime vraiment Amandine, et quoi que tu en dises, je pense que c'est réciproque. Mais j'en ai marre de te voir lui trouver tous les défauts du monde. C'est de la jalousie ? Mais, merde, sois heureux pour moi, un peu ! Je pensais que grâce à Manon, ça te passerait, mais même elle en a eu marre.

     Sa dernière phrase me blesse mais j'accuse le coup. Le sujet n'est pas à Manon, aujourd'hui.

- Evan, c'est pour toi ! C'est parce que je m'inquiète ! Tu vois bien qu'elle est toujours dans les pattes de son mec, elle te laisse au second plan, tout le temps. Tu sais aussi bien que moi que tu vaux bien plus que ça.

- Ce n'est parce que tu es le second choix de certains que c'est le cas pour tout le monde !

    Il recule, lui-même surpris par ce qu'il vient de dire. 

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, Liam, essaie-t-il de se rattraper.

- Non, non. Tu as raison. Il vaut mieux que je te laisse retrouver ta copine, elle s'impatiente, je crache amèrement en faisant un signe du côté d'Amandine.

    Je prends mon sac par terre et le passe par-dessus mon épaule avant de partir en direction du portail. Je profite de la vague d'élèves qui sortent du lycée pour la pause du midi pour ne pas qu'Evan me rattrape. 

    Nous venons de mettre les compteurs à zéro. Même si je n'aurais jamais dû parler d'Amandine comme je l'ai fait, le sous-entendu envers mon père et Manon était la goutte de trop. 

     Manon m'évite. C'est une pro dans ce jeu-là, j'aurai dû le savoir. Mais merde, ça m'exaspère. Si elle voulait vraiment me laisser tomber, pourquoi ne pas l'assumer ? J'ai les nerfs en boule quand je finis par m'asseoir au Loup d'Or. 

     La dernière fois que je suis venu, elle était en face de moi, et nous venions aussi de nous disputer à cause d'un malentendu. Je souffle, énervé par le schéma répétitif de nos relations.

***

Manon

     Je suis assise au CDI, sur une table, seule, quand je décide enfin de lever les yeux de mon devoir d'anglais. J'ai déjà passé une heure ici, et il m'en reste une autre encore avant de reprendre les cours. 

    Autour de moi, des va-et-vient continus entre les élèves qui s'installent et ceux qui repartent. Il n'est que treize heures, pourtant, j'ai déjà la tête en vrac. J'ai très peu dormi et je suis épuisée. 

     Je me redresse de mon cahier, et décide de quitter mes écouteurs quelques minutes, le temps d'une pause. C'est alors que j'entends une voix que je connais dans mon dos. 

     Evan est assis juste derrière moi, et en jetant un coup d'œil derrière mon épaule, je distingue Amandine et ses longs cheveux bruns à côté de lui. J'ai beau chercher des yeux, je ne vois pas Liam. Elle est sur son portable, en train de pianoter un message tout en parlant.

- Je ne le trouve pas net ce mec. On voit bien qu'il cherche à attirer l'attention par tous les moyens. Tu vois bien, il suffit que tu restes avec moi pour qu'il pète un câble.

- Je ne sais pas. Il avait l'air vraiment mal, tu sais.

- Evan, tu ne vas pas commencer à lui trouver des excuses. Tu as fait ce qu'il fallait. Qu'il se remette en question, aussi, de temps en temps. C'est un manipulateur sans fin.

- Ne parle pas de Liam, comme ça, quand même.

     Mon cœur se serre quand je comprends de qui il est question. 

- Alors, là, il va falloir que tu m'expliques. Depuis quand tu prends sa défense ? Je te rappelle qu'il y a moins d'une heure, tu l'as enfin remis à sa place, et là, ça y est, tu recommences à jouer à son petit toutou ?

     Je me crispe. Evan et Liam se sont disputés ? Et Amandine s'amuse à rajouter du vinaigre ?

- Reprends-toi. Je ne veux pas sortir avec un lâche. Tu sais très bien que Thomas va criser quand il apprendra pour nous alors tu as intérêt à assumer.

     Je n'aime pas son ton de moralisatrice. Au lien de l'aider, elle l'enfonce. 

- Attends, tu n'as rien dit à Thomas ? s'étonne Evan.

- On s'est disputés, ce week-end, je crois que ça veut tout dire, non ?

- Euh... Non ? Amandine, c'est mon pote, je ne peux pas lui faire ça en cachette, tu comprends ? Je veux dire, je t'apprécie vraiment beaucoup, mais je ne veux pas jouer le mec avec qui sa nana le trompe.

- Tu m'apprécies vraiment beaucoup et après tu laisses passer ton pote avant moi ? C'est une blague ? C'est Liam qui t'a mis ça dans le crâne ? Mais quand est-ce que tu vas réussir à te conduire par toi-même ?

     Evan est mal à l'aise, je le sens bouger sur sa chaise, nerveusement.

- Ce n'est pas Liam, le problème. Je lui ai déjà fait comprendre que ce n'étaient pas ses histoires.

- Laisse Thomas, aussi. Tu n'en as pas besoin. Tu m'as moi, non ? Bats-toi un peu.

- Amandine, c'est différent, là. Tu te rends compte de ce que tu me demandes ?

     J'entends quelqu'un renifler avant qu'elle ne reprenne la parole.

- Tu es en train d'insinuer que je ne suis pas assez pour toi ? Je ne te suffis pas, c'est ça ? Mais, tu sais quoi, va voir tes potes, retourne avec tes maîtres puisqu'il n'y a que comme ça que tu es heureux, geint-elle en essuyant des larmes de crocodile. 

    Elle sort de sa chaise, bruyamment, et dans la seconde d'après, Evan fait de même, se lançant à sa poursuite. Je laisse mes yeux traîner par la fenêtre pour observer la suite de la scène d'un œil mauvais. 

     Ils sont dans la cour, et même si je n'entends pas ce qu'ils se disent, je peux voir Evan la rattraper, et la supplier. Elle l'envoie balader comme son chien, mais il revient à nouveau. Et enfin, après quelques minutes de supplications, elle plaque de nouveau un sourire sur ses lèvres, et se laisse embrasser comme si de rien n'était. 

    J'ai le cœur au bout des lèvres après la scène, surtout que j'ai eu le temps d'apercevoir le destinataire des messages qu'elle tapait. Alors qu'elle commençait à casser du sucre sur le dos de Liam, elle écrivait un joli « Je t'aime » ponctué d'un cœur en réponse  à Thomas.

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant