Chapitre 20

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Liam

- C'est la première fois que monsieur Ornier est là à tous les cours de la semaine, non ?

     Manon glousse et secoue la tête.

- T'exagères, chuchote-t-elle.

- Avoue que c'est vrai, je rajoute sur le même ton que ma voisine.

     Si je trouve que mon professeur de physique-chimie a une bonne manière de faire les cours, il est quand même vrai de souligner ses absences de plus en plus répétées tout au long de l'année. Il a toujours quelque chose, une fois sa fille à l'école qui est malade, une autre fois, c'est un stage, encore une autre, sa voiture tombée en panne, et j'en passe. Finalement, le fait que nos épreuves aient été déplacées en mai n'est pas si une si mauvaise nouvelle. 

    Je ne m'en serai jamais plains avant, pourtant, depuis que je suis à côté de Manon, je serre les dents à chaque fois qu'il nous annonce ne pas pouvoir assurer le cours. Je ne m'inquiète pas pour le bac, loin de là, puisque même quand il est là, j'écoute à moitié ce qu'il explique. C'est plutôt pour une fille aux yeux noisette que je m'intéresse autant à la physique.

     Cette même fille qui place la main devant sa bouche avant de bâiller.

-  Tu sais que tu as le droit de dormir la nuit, rassure-moi ?

- Très drôle. Je n'ai pas eu le temps de finir ce qu'on devait faire avant que ma mère ne rentre du boulot, alors j'ai dû m'y mettre à vingt-trois heures.

- Et c'est pour ça que tu es épuisée ?

- J'ai besoin de mes huit heures de sommeil.

- Comme une mamie.

- Si seulement. Au moins, j'aurai une canne pour te frapper de loin.

    Je reprends mon stylo après avoir laissé un petit rire m'échapper. Monsieur Ornier écrit plusieurs formules à la suite que je m'empresse de copier avant qu'il ne les efface.

- Non, mais sans déconner. Tu vas me dire que tu comprends ce que tu écris ?

- Ouais. Ça, c'est Newton, et ça, c'est quand tu l'appliques à ça, j'explique en pointant du doigt ce que je viens d'écrire.

    Manon détaille ma feuille en fronçant les sourcils, puis soupire après de longues secondes.

- Rappelle-moi pourquoi j'ai pris physique, déjà ?

- Pour passer six heures de ta semaine à côté de moi.

- Bien sûr. Attends, qu'est-ce qu'il écrit, ici ?

- La même chose.

- Non, ce n'est pas la même chose, sinon j'aurai tout simplement écrit pareil ici et ici, peste-t-elle.

- C'est pour cette donnée, cette fois.

    La fin du cours s'écoule doucement mais sûrement et Manon me raconte son mercredi-après-midi tandis que j'évoque la série que je suis en train de voir. Elle me parle de son dernier coup de cœur littéraire et j'enchaîne sur l'album dont j'ai détesté la première écoute, hier. Elle me redemande le point sur la situation entre Evan et Amandine, et je hausse les épaules sans grande nouveauté. On est en mars, et depuis janvier, c'est la même rengaine : il l'aide, elle repart, puis revient, et ainsi de suite. 

     Cinq minutes avant la sonnerie, elle commence à ranger ses affaires et je fais de même.

- Puisque j'ai eu quelques absences, j'ai besoin de savoir où vous vous situez par rapport aux chapitres que nous avons déjà traités, pour accentuer ou non les révisions... 

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant