Chapitre 44

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Manon

    J'attrape ma boîte à médicaments dans le placards tandis que Liam aide ma mère à ranger les assiettes. Ils discutent tous les deux, et je souris avant d'avaler le cachet et un verre d'eau.

    Ma dernière discussion avec Alexandre Barle date d'une semaine, mais je ne crois pas qu'il ait reparlé à son fils entre temps. Liam ne l'évoque pas, bien qu'il soit retourné chez lui pendant quelques jours. Evan se plaît à dire que les choses se feront en temps et en heure, mais je m'inquiète quand même. Je vois régulièrement Liam hésiter quelques secondes devant le numéro de son père, puis se renfrogner brusquement. J'ai l'impression qu'il en souffre même s'il ne veut pas en parler. 

    Aujourd'hui, nous sommes sortis tous les deux en ville, histoire de bouger un peu, et nous avons fait un détour pour passer voir Clémentine avec Jasper. Lui a trouvé un studio à quelques rues pour faciliter ses déplacements maintenant qu'il ne peut plus loger à l'hôpital, et Clémentine se languit d'autant plus. 

     Estelle est venue nous mettre dehors à l'heure de fin de visite, et j'ai promis à mon amie de revenir le lendemain. Elle sait que bientôt, je partagerai ses journées entre ces murs, pourtant, elle n'a pas contesté. Je crois que pour elle aussi, la période est compliquée. 

    Liam passe la nuit à la maison, ce soir, et j'ai presque l'impression que c'est ma mère la plus heureuse. 

- Tu as fait du tennis, donc ?

- Euh, deux cours. Avant de me rendre compte que j'aimantais les balles avec ma tête, confie-t-il.

     Maman rit. Elle lui raconte alors comment j'ai décidé que le basket n'était pas mon sport de prédilection avec une anecdote similaire. Je l'écoute en riant, aussi. Mes souvenirs de cette époque me paraissent lointains. Stéphane avait cherché à me motiver, mais ce fut un échec cuisant. 

- J'ai tenté un tournoi de tennis, aussi, tu ne te rappelles pas ?

- Si, c'est vrai ! On était en vacances à ce mome- Oh. Manon !

- Quoi ?

    Elle a une lueur de panique dans les yeux, et elle se lève en vitesse. Lorsqu'elle attrape un torchon et une poche de glace dans le congélateur, je sens ma lèvre devenir humide. Je presse ma main dessus qui en ressort rouge sang. 

     Liam fronce les sourcils et pose une main sur mon épaule.

- Penche-toi en avant, doucement, me conseille-t-il.

    Je ne lui précise pas que je commence à m'y connaître en saignements, et suit ses conseils, tout en me pinçant le nez. Maman me tend le linge avec les glaçons à l'intérieur que je presse contre ma narine. 

- Tout va bien, j'articule derrière mon torchon.

- Oui, oui...

    Pourtant, sa voix n'est pas assurée. Elle s'inquiète. Liam ne dit rien, il presse seulement sa main dans la mienne restée libre. 

- Maman, tout va bien, vraiment. On va aller se reposer, et demain matin, ça ira mieux.

    Elle hoche la tête, un peu perturbée. Je vois l'échange de regards entre Liam et elle. Il doit la rassurer parce qu'elle se penche vers ma joue, m'embrasse et me souhaite une bonne nuit. 

- C'est régulier ? demande Liam une fois qu'elle est dans sa chambre.

- Les saignements ? Avant, oui. Je pense qu'ils lui rappellent une période qu'elle aimerait ne pas revivre.

- Et toi ? murmure-t-il, prudemment.

- Je sais que je vais devoir passer par là si je veux aller mieux.

PétrichorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant