Manon
Pour une fois, c'est Maman qui me dépose à l'hôpital. Elle me sourit, avant de passer une main dans mes cheveux, pour ranger une mèche derrière mon oreille.
- Tu m'envoies un message quand tu sors ?
- D'accord, à tout à l'heure.
Je l'embrasse sur la joue avant de prendre mon bouquet de fleurs et la carte ridicule que j'ai achetée hier, en ville. C'est une carte d'anniversaire pour les enfants qui fêtent leur premier anniversaire. C'était une idée de Clémentine au début, qui voulait marquer le coup de la réussite de l'opération de Jasper en lui donnant l'âge auquel on apprend communément à marcher.
Je passe le portique des visiteurs et salue l'homme à l'accueil. L'ascenseur me conduit tout droit vers l'étage de la chambre de Jasper et après une traversée dans un couloir blanc, je finis par toquer à la porte qui porte le numéro 118.
- Entrez !
Dès que j'ouvre la porte, j'aperçois Clémentine au chevet du jeune homme aux cheveux bruns courts. Il a le teint mat, et des yeux verts sombres rieurs. Sa barbe de trois jours entoure un sourire chaleureux.
- Manon ! Je ne t'attendais pas de si tôt.
- Tu croyais qu'une semaine serait suffisante pour te débarrasser de moi ?
- C'est vrai que j'ai été trop optimiste, souligne-t-il en riant.
Je le rejoins et mime un coup dans son épaule.
- Ne me la brise pas, elle aussi, je vais en avoir besoin !
Jasper paraît en forme, et je souris en remarquant la main de ma meilleure amie dans la sienne. Cette dernière finit par s'avancer vers moi pour me prendre dans ses bras.
- Merci d'avoir pu te libérer si vite.
Enfin, je tends sa carte à mon ami avant de poser les fleurs sur sa table de chevet.
- La carte c'est nous, le reste, ma mère.
- Tu remercieras Florence de ma part, dans ce cas.
Il laisse échapper un petit rire en voyant l'illustration.
- Laissez-moi deviner... C'est l'âge où on apprend à marcher ?
Je souffle bruyamment avant de me tourner vers ma meilleure amie.
- Je t'avais bien dit qu'il comprendrait rapidement, articule-t-elle.
- Pff, pas drôle.
- Bande de petites rigolotes.
- On avait prévu la carte des quatre-vingt quinze ans, sinon...
Il s'esclaffe.
- Je n'en attendais pas moins de vous ! Pourtant, ce n'est pas demain que j'ai prévu me transformer en légume.
Je sens un poids s'envoler de mes épaules. Quoi qu'il en dise, je sais que Jasper était aussi anxieux que nous face à cette opération. Même s'il en rit aujourd'hui, je me doute que la semaine qu'il vient de passer à Lyon, seul, a été un vrai calvaire. Maintenant que la probabilité qu'il remarche a été multipliée par dix, il a dans les yeux une lueur de bonheur bien moins fragile.
Après une demie-heure, Jasper nous propose d'aller nous balader dans le parc au centre de l'hôpital. J'acquiesce, et Clémentine l'aide à s'installer dans son fauteuil.
- Il ne me manquera pas, celui-là.
Nous arrivons dans la cour où le soleil laisse une traînée de lumière réconfortante. Des bancs sont placés de part et d'autre de l'immense espace. Nous nous installons près d'un arbre dont les feuilles créent une ombre appréciable et continuons de discuter de tout et de rien.
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Pétrichor
RomanceQuand elle apprend qu'elle a une leucémie, Manon n'a pas d'autre choix que celui de s'accrocher à sa vie du mieux qu'elle peut. À tant vouloir reprendre une existence normale, elle érige des barrières entre elle et le monde à coups de non-dits. Liam...