Chapitre 4

468 107 25
                                    

Le trajet durait une petite demi-heure quand la neige se mit à tomber dru. Hoseok posa un regard soucieux sur son GPS et se concentra plus que jamais sur la route, songeant que la froideur de son passager présentait au moins l'avantage de lui permettre de rester focalisé sur leur chemin. Si Taehyung s'était trouvé à ses côtés, il aurait sans doute manqué plus d'une sortie.

Enfin en ligne droite pour un moment, Hoseok se détendit et en profita pour jeter un coup d'œil à Min Yoongi à travers le rétroviseur. L'homme d'affaires était occupé, son smartphone entre les mains, l'air absorbé par l'écran qui illuminait son visage. Le conducteur inspira pour se donner courage et prit la parole, avec sa voix la plus neutre.

« Monsieur, déclara-t-il, je peux nous faire arriver à Daegu avant le matin, mais la tempête m'empêche d'y voir à plus de trois mètres : à cette vitesse, nous arriverons de nuit, et...

— Peu importe, le coupa Yoongi sans relever la tête. L'important est d'arriver avant huit heures demain matin.

— Bien. »

Seokjin se serait moqué de lui pendant des heures s'il l'avait entendu parler avec une telle déférence, aucun doute. Lui-même se sentait ridicule. S'exprimer de cette manière lui donnait la sensation de se rabaisser, et il détestait ça. Il savait se montrer respectueux, mais au cours de ses quelques années de service auprès des Kim, jamais on ne l'avait traité comme un vulgaire employé jetable, comme un banal chauffeur. Il lui semblait même endosser cette tâche pour la première fois.

Décidé néanmoins à jouer son rôle au mieux pour ses amis, il garda le silence, et le trajet se poursuivit.

« Je voudrais écouter la radio, indiqua Yoongi. Les informations, si possible.

— Vous ne préférez pas les écouter sur votre portable ? s'étonna Hoseok.

— Non, je veux les écouter à la radio. »

Son ton insistant dissuada Hoseok de répliquer, et il obéit sans attendre. Lui qui détestait écouter les informations et autres débats, il prit sur lui pour retenir sa grimace ennuyée. Son visage demeura neutre.

Une heure après leur départ, la tempête s'était intensifiée. Hoseok frémit, tout à coup soucieux. Il ralentissait de plus en plus, contraint de redoubler de prudence du fait de la fine couche blanche qui recouvrait déjà la route, et son GPS grésillait trop souvent pour qu'il ne s'en inquiète pas.

« Monsieur, osa Hoseok après une longue délibération intérieure, ça devient dangereux de conduire, on devrait s'arrêter pour la nuit. On pourrait repartir avant le lever du soleil, comme ça...

— Non. Roulez moins vite, tout simplement.

— Mais je...

— Ne vous arrêtez pas.

— Le GPS...

— Il y a des panneaux, l'interrompit encore Yoongi.

— Oui, mais je n'y vois rien à deux mètres, je...

— Nous devons arriver avant demain matin.

— Bien, monsieur, » céda finalement le chauffeur la gorge nouée par l'anxiété.

Yoongi répondit par un hochement de tête à peine perceptible, le regard toujours scotché à son écran, l'air glacial. Hoseok en frémit.

Vigilant comme jamais, il plissa les yeux dans l'espoir de croiser un panneau : au cours de leur brève conversation, le GPS s'était affolé, et désormais il valait mieux ne plus compter dessus pour s'orienter. Ainsi, dès le premier carrefour, Hoseok se trouva perdu. Il prit la direction qui lui parut la plus logique et dont il se souvenait pour l'avoir vue sur le GPS – même s'il doutait, il préférait ne rien en montrer. Plusieurs dizaines de minutes s'écoulèrent, Hoseok avançait en ralentissant à chaque indication qu'ils rencontraient afin de se repérer. Les reliefs autour d'eux s'accentuèrent, si bien que le chauffeur commença à s'inquiéter. Après un quart d'heure supplémentaire, les deux garçons roulaient sur une route isolée, et le seul panneau présent présentait deux noms de ville dont il n'avait jamais entendu parler, la plus proche se situant à environ huit kilomètres.

« Par où dois-je tourner ? demanda-t-il à son passager.

— Hein ?

— Le direction, précisa Hoseok. Le GPS est mort et les panneaux indiquent deux noms de ville qui n'ont rien à voir avec Daegu.

— Et vous pensez que je sais par où aller ?

— C'est vous qui venez de là-bas, répondit le chauffeur dans un haussement d'épaules.

— Ouais, mais c'est pas moi qui conduis.

— Alors qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?

— Tournez en direction de la ville la plus proche, on croisera bien quelqu'un à qui poser la question.

— À cette heure et par ce temps, j'ai des doutes...

— Je vous ai demandé votre avis ?

— Vous avez internet sur votre smartphone ? poursuivit Hoseok sans prêter attention à sa remarque cinglante. Ça m'aiderait beaucoup si...

— Je n'ai plus internet depuis une heure, je me contente d'étudier les bilans que j'ai eu le temps de télécharger avant que ça coupe.

— Ah...

— En direction de la ville la plus proche, allez.

— Bien, monsieur. »

L'hôtel de Noël [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant