Chapitre 46

459 110 37
                                    

Revenus dans la salle du bal, Hoseok et Yoongi s'installèrent sur les tabourets du bar sans échanger un mot, un sourire ou même un regard. Ils savaient tous deux ce qu'ils éprouvaient, et ils savaient tous deux qu'ils n'avaient pas droit de l'éprouver.

Les garçons prirent une boisson et restèrent silencieux. Ils ignoraient quoi se dire. Une vingtaine de minutes passa, au terme de laquelle un nouveau coup de téléphone retentit. Yoongi apprit à son cadet, quelques instants après, que la limousine démarrait enfin. Le réparateur ne tarderait pas à revenir à l'hôtel pour leur rapporter la voiture à l'aide de son camion. Hoseok acquiesça sans répondre, et il attrapa son sac ainsi que son manteau. Yoongi l'imita.

Les garçons se rendirent dans le hall de l'établissement. Avec les deux ou trois kilomètres qui les séparaient, le garagiste allait bientôt arriver.

« J'imagine que c'est la dernière fois qu'on se voit, déclara Hoseok d'un ton neutre.

— Je pense.

— Je vois... merci pour tout.

— C'est moi qui devrais te remercier, Hoseok-ah, pour... pour tout ce que tu m'as fait redécouvrir, et tout ce que tu m'as appris sur moi-même. »

Ils osèrent enfin échanger un regard, un regard chargé d'une peine telle qu'ils préférèrent tous deux détourner les yeux dans un soupir.

« Pour ma part, je pense avoir dit tout ce que j'avais à dire, affirma Hoseok. Et ce que je t'ai proposé tient toujours.

— Ce que tu m'as proposé ? »

Yoongi désirait lui demander de quoi il s'agissait quand le bruit d'un klaxon l'en empêcha. À travers la porte de verre devant eux, ils virent arriver le camion de leur réparateur qui tractait la limousine des Kim. Hoseok s'avança le premier, Yoongi le suivit sans un mot. Ils sortirent dans l'obscurité et saluèrent brièvement l'individu, un quarantenaire à l'apparence débonnaire qui leur expliqua ce qui avait causé la panne et comment lui, brillant mécanicien, avait su s'occuper de ce magnifique engin en un instant. Il remit la voiture au sol puis invita Yoongi à monter avec lui qui le raccompagnerait dans son appartement – l'adresse lui avait été fournie par le père du jeune homme.

« Pas de soucis, opina Yoongi en relevant ensuite les yeux vers Hoseok qui l'observait déjà. Je vais juste...

— Adieu, hyung, l'interrompit Hoseok en s'avançant vers son véhicule. M'oublie pas trop vite, quand même.

— Je... a-au revoir, Hoseok-ah. »

Le cadet s'inclina devant lui, de manière trop formelle pour Yoongi qui en grimaça, et il s'installa côté conducteur une fois son sac placé sur le siège passager. L'aîné, écœuré par ces adieux – écœuré tout simplement qu'il s'agisse d'adieux –, grimpa à son tour dans le camion dont le chauffeur avait ouvert la portière pour lui.

Sans trouver la force de regarder son ami, Hoseok quitta le petit parking de l'hôtel sur lequel la dépanneuse se tenait toujours. Il repartit d'où il était venu, s'étant cette fois assuré d'enregistrer son trajet de sorte qu'aucun problème ne survienne, même sans connexion internet stable. Dans la soirée, il serait de retour auprès de ses proches.

Yoongi observa l'homme auprès de lui grimper dans le véhicule et mettre le chauffage. La température dans l'habitacle demeurait agréable, et Yoongi se sentit vite mal à l'aise avec son épais manteau. Ainsi, alors que son conducteur s'apprêtait à démarrer, le passager détacha sa ceinture pour retirer sa doudoune et la poser à l'arrière, avec son sac.

« J'ai bien chauffé avant d'arriver, je voulais que vous soyez à l'aise, vous comprenez ? sourit l'homme auprès de lui. C'est pas tous les jours qu'on conduit quelqu'un d'aussi important que vous ! »

Oui... important. Yoongi l'avait oublié depuis que Hoseok et lui étaient arrivés ici. Il était important.

« C'est gentil de votre part, mais je n'ai rien de spécial, affirma Yoongi alors qu'il se débattait avec une manche récalcitrante.

— C'est beau, un peu d'humilité. Vous êtes un bon gars. »

La réplique tira un léger rictus à Yoongi qui l'en remercia. Son manteau enfin retiré, il s'apprêtait à s'en débarrasser quand une étrange sensation sous ses doigts l'en dissuada. Il fronça les sourcils, tâta le tissu et découvrit que quelque chose avait été inséré dans sa poche intérieure. Sans reconnaître la forme de l'objet – ni son smartphone, ni son portefeuille –, il ouvrit la fermeture éclair et, à peine eut-il frôlé le métal sous ses doigts qu'il comprit.

En allant chercher leurs affaires avant le bal, Hoseok y avait glissé en toute discrétion leur médaille des jeux de Noël.

« Oh, elle est sympa ! s'émerveilla le chauffeur qui avait pris la route. C'est quoi ?

— Rien de plus que la preuve que j'ai fait une énorme connerie. »

L'hôtel de Noël [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant