Hoseok prit la décision d'attendre Yoongi afin de s'excuser et discuter avec lui, songeant que s'il osait le premier pas, son aîné se sentirait sans doute plus enclin à s'excuser à son tour puis à dialoguer. Assis sur un fauteuil de l'espace zen qui donnait sur la réception, il verrait nécessairement Yoongi passer quand ce dernier viendrait déjeuner.
Soulagé à l'idée qu'ils réussiraient à se réconcilier ainsi, autour d'un bon repas, Hoseok patienta en ouvrant une application de jeu en ligne, le sourire aux lèvres. Il le perdit néanmoins à mesure que s'écoulaient les heures et, aux alentours de treize heures, il quitta la salle.
« Excusez-moi...
— Oui monsieur ? lui sourit la réceptionniste derrière son comptoir.
— Jusqu'à quelle heure peut-on prendre le déjeuner ?
— Jusqu'à treize heures trente, monsieur, quatorze heures le weekend.
— Je vois... et... celui avec qui je partage la chambre, il n'est toujours pas venu, n'est-ce pas ?
— Non, je ne crois pas, pourquoi ?
— Il n'avait pas l'air bien, mentit Hoseok, alors je l'ai laissé se reposer, mais je me demande si... je ne devrais pas lui monter de quoi déjeuner.
— Oh, je comprends. C'est vrai qu'avec ces températures, on tombe vite malade. Vous pouvez remonter de quoi déjeuner dans la chambre, on vous fournira une boîte en plastique qu'il vous suffira de rapporter la prochaine fois que vous passerez. »
Ainsi, environ un quart d'heure plus tard, comme Yoongi le matin même, Hoseok remonta de quoi manger pour son aîné : un Tupperware de nouilles sautées accompagnées de brochettes de poulet caramélisé et d'une sauce à l'odeur savoureuse. Ravi, il poussa la porte de leur chambre après en avoir composé le code et entra dans la pièce.
« Hyung, lança-t-il avec enthousiasme, j'ai apporté le déjeuner, c'est encore chaud !
— J'ai pas faim, » asséna Yoongi d'un ton glacial.
Assis au bureau, dos à son cadet, le jeune homme travaillait sur son ordinateur. Rendu muet par sa froideur, Hoseok déglutit, et seul lui répondit le bruit des touches que l'autre pressait. Qu'avait-il espéré, au fond ? Que Yoongi lui saute dans les bras avec un grand sourire en le remerciant pour son geste ? Ridicule. Yoongi n'était pas comme ça – il n'était pas comme lui.
« Bah tu vas te forcer, rétorqua donc Hoseok sans se démonter. Faut manger pour rester en bonne santé, surtout quand on travaille autant que toi.
— M'en fous, laisse-moi tranquille, va brailler ailleurs.
— Non, j'aime bien brailler ici, tu peux pas m'obliger à sortir. Maintenant lâche un peu ton boulot et viens déjeuner, t'as aussi le droit de t'accorder une pause, parfois.
— Le droit, peut-être, mais pas l'envie. Laisse-moi.
— T'en as envie, alors viens. En plus... j'aimerais qu'on parle.
— Et de quoi tu voudrais parler ? feula Yoongi en serrant les poings sur le bureau. Tu veux encore me jeter à la gueule à quel point je suis minable, seul et mal aimé, alors que toi t'as tous tes abrutis de potes ? Tu veux me rabaisser encore en prétendant que je suis juste un con qui méprise tout le monde ? Tu veux encore me rappeler que si je bosse autant, c'est juste parce que ma vie, c'est de la merde ! »
Et lorsque Yoongi fit volte-face pour planter son regard furieux dans le sien, Hoseok sentit son cœur chuter : depuis tout ce temps, tourné sur son ordinateur, son aîné pleurait en silence. Il hoqueta quand un premier sanglot fit trembler son corps, chassa ses larmes d'un geste rageur et se focalisa de nouveau sur son travail.
« J'ai pas besoin de toi pour savoir tout ça, cracha Yoongi. Je suis pas si stupide, je m'en rends très bien compte tout seul. »
Il frappait les touches de son clavier avec une férocité telle que Hoseok craignit qu'il ne les casse, si bien qu'il le rejoignit en quelques enjambées, abandonnant sa boîte en plastique sur la table de chevet. Yoongi resta concentré sur son écran, mais son cadet se plaça derrière lui et lui attrapa avec douceur les poignets et les lui leva pour l'empêcher de poursuivre.
« Calme-toi, hyung, tu vas finir par faire sauter une touche si tu continues.
— J'en ai rien à foutre, j'irai m'en acheter un autre si je le pète. Lâche-moi.
— Non, pas tant que tu te seras pas calmé.
— J'ai pas envie de me calmer, lâche-moi ! »
Yoongi, agacé, se redressa et tenta de se défaire de l'emprise de son ami, qui bloqua ses bras derrière son dos et l'obligea à avancer jusqu'à se retrouver devant le lit. Yoongi ne cessa de protester, mais Hoseok tint bon.
« Putain, mais tu veux quoi, à la fin, merde ! T'as tellement envie de m'humilier, c'est ça ?
— Écoute-moi bien, déclara Hoseok d'une voix calme. Tu vas sécher tes larmes, manger tranquillement, puis tu t'allongeras et on discutera, compris ?
— Mais bien sûr, je rêve de faire ça, se moqua Yoongi.
— Je t'ai pas demandé si t'étais d'accord, je t'ai demandé si t'avais compris. T'es pas en état de travailler, et t'as clairement besoin de surtout pas rester seul, donc t'auras beau faire ce que tu veux, je ne quitterai pas cette chambre.
— Bah je peux la quitter sans toi.
— Non, je te lâcherai pas d'une semelle, désolé.
— Pourquoi tu fais ça ? souffla Yoongi dans un soupir vaincu. Pourquoi tu peux pas juste m'abandonner ?
— Parce que j'ai le sentiment que ce serait probablement une des plus grosses erreurs de ma vie. »
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L'hôtel de Noël [Sope]
Fanfic[Terminé] Chauffeur de la famille Kim depuis quelques années, Hoseok avait toujours été traité comme un membre de la famille et respecté par Seokjin et Taehyung, désormais propriétaires du magasin que Namjoon et Jimin les aidaient à gérer. Il avait...