Chapitre 5

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Il avait suffi de quatre minutes. À leur vitesse, ça représentait à peu près à deux kilomètres. Ils roulaient, et puis plus rien. La voiture s'était lentement arrêtée après que tout s'était éteint de manière subite. Hoseok avait écarquillé les yeux et Yoongi avait haussé un sourcil inquisiteur.

Quelques minutes s'étaient écoulées, pendant lesquelles ils avaient débattu de la meilleure solution, et Yoongi était resté sur son idée : Hoseok devait ouvrir le capot pour chercher ce qui avait causé cette panne. L'autre n'avait pas pu discuter, il l'avait bien compris à l'intonation de son passager.

Désormais, donc, Hoseok se trouvait à l'extérieur, transi de froid du fait de son manteau trop léger, et il maudissait silencieusement Yoongi pour sa stupidité.

« Vous trouvez ? lança justement le garçon d'un ton ennuyé.

— Je me demande si ça aurait pas gelé, répondit Hoseok avec une moue pensive en dépit de son corps qui tremblait. Les tuyaux sont super froids : que ce soit le liquide de refroidissement ou un circuit, ça peut très bien avoir gelé. Faudrait appeler une dépanneuse, je m'y connais pas en mécanique.

— Vous êtes chauffeur et vous vous y connaissez pas en mécanique ? Pourquoi les Kim vous ont embauché ? Pour votre physique avantageux ?

— Je vous demande pardon ? s'insurgea aussitôt Hoseok en claquant le capot de la limousine pour rejoindre ensuite la portière ouverte de son passager.

— Vous avez parfaitement entendu, rétorqua Yoongi qui avait quant à lui rangé son portable et enfilé son épaisse doudoune. Vous conduisez mal, vous ne connaissez pas les routes par cœur, et pire encore vous êtes incapable de réparer votre propre véhicule. Je vois vraiment pas pourquoi une famille comme celle-ci vous garde à son service.

— Peut-être parce que mon travail leur convient et qu'ils m'apprécient, répliqua à son tour Hoseok d'un ton cinglant.

— Allons donc, laissez-moi rire. Bon, qu'est-ce qu'on fait, alors ? On va quand même pas rester ici jusqu'à ce que le soleil se lève. Si vous voulez une dépanneuse, appelez-la tout de suite.

— J'ai pas de réseau, grommela-t-il, et vous ?

— Non plus, j'espérais que vous auriez plus de chance.

— Espoir déçu, vous m'en voyez navré.

— C'est ça, moquez-vous. En attendant, vous avez intérêt à ce que j'arrive demain matin avant huit heures à destination, sinon je peux vous dire que vous entendrez parler de moi.

— Tant que c'est pas vous que j'entends parler...

— Je peux vous faire virer, j'ai tous les moyens de pression nécessaires.

— Ils ne vous seront d'aucune utilité : je ne suis pas seulement le chauffeur des Kim, je suis aussi un de leurs plus proches amis.

— J'avais bien compris, ne me prenez pas pour un idiot, affirma Yoongi dans un haussement d'épaules dédaigneux.

— Avec un comportement pareil, vous ne devez pas en avoir beaucoup, vous, des amis, n'est-ce pas ?

— Ma vie privée ne concerne que moi.

— Très juste. Je m'en vais. »

Et sur ces mots, Hoseok referma la portière avec autant de violence que le capot, et il s'éloigna du véhicule. Yoongi en resta coi, surpris de son emportement – jamais quiconque ne s'emportait contre lui, on le craignait plus qu'on ne l'admirait, et on n'osait pas le contredire. Après un très court instant de réflexion, il rouvrit la portière et sortit à la hâte. Quelques pas rapides le conduisirent auprès de son chauffeur.

« Eh, vous allez où ? râla Yoongi en lui attrapant le bras pour l'arrêter.

— Loin de vous, vous avez pas remarqué ?

— Dans la nuit, le froid et la tempête ?

— Exactement, ça vous ennuie ?

— Je ne vous apprécie pas, admit Yoongi de qui les yeux exprimaient la colère, mais j'ai pas non plus envie de vous retrouver mort demain matin.

— Et le panneau juste après le croisement, vous l'avez pas remarqué ?

— Un panneau ?

— Y a un hôtel entre nous et la ville, à environ trois kilomètres. Je vais y passer la nuit, et je n'en partirai pas avant demain matin. Désolé pour votre réunion ultra importante. La limousine est morte, j'ai essayé de la redémarrer cinquante fois et vous m'avez même incité à finir la tête dans le moteur. J'ai froid, faim, et je suis épuisé. Je me casse.

— Et moi ! s'indigna Yoongi alors que déjà l'autre se dégageait de sa prise pour poursuivre sa route.

— Démerdez-vous, bordel ! Vous me cassez les couilles, à la fin ! »

L'hôtel de Noël [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant